MINES – Lutte contre l’usage du mercure dans l’exploitation minière et à petite échelle d’or

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Le Projet « création d’une filière d’or équitable et réduction de l’utilisation du mercure dans l’orpaillage en Afrique de l’Ouest », pour une exploitation aurifère propre à l’orée de la mise en œuvre de la Convention de Minamata sur le mercure.

Le broyeur à marteau, il est en ce moment opérationnel (Photo)

L’exploitation minière artisanale et à petite échelle d’or est une activité très répandue dans le monde. Plus connue en Afrique de l’Ouest francophone, comme orpaillage traditionnelle, elle mobilise plusieurs milliers de personnes directement et des dizaines des milliers de personnes indirectement à travers des activités commerciales et de l’économie secondaire. Economiquement cette activité rapporte beaucoup au niveau micro et macro. Elle a changé bien des vies dans le monde rural.

L’EMA d’or fournit d’excellentes opportunités pour stimuler les économies rurales. Les techniques de traitement de minerai utilisées par les orpailleurs peuvent être à l’origine de plusieurs problèmes d’ordre environnemental et sanitaire. Il s’agit plus particulièrement de l’utilisation du mercure. Cette pratique est apparue vers la fin des années quatre vingt dix, début années deux milles pour ce qui est du mercure et le cyanure ces dernières années et plus particulièrement depuis près de deux ans au Sénégal. Le mercure cause des dégâts à moyen et long terme. Les symptômes peuvent être dissimulés pendant des années.

Le mercure est un neurotoxique particulièrement dommageable pour le développement du fœtus et des jeunes enfants. Une fois relâché dans l’environnement, le mercure peut se diffuser sur de grandes distances dans l’atmosphère et causer une contamination globale des écosystèmes, poissons, oiseaux et mammifères, tout au long de la chaine alimentaire. Le mercure affecte le développement et le fonctionnement du cerveau et du système nerveux central. Les communautés minières utilisant le mercure peuvent être exposées de façon plus importante si l’on n’y prend pas garde.

La problématique sur le mercure est aujourd’hui au cœur des préoccupations de la communauté internationale. Elle a fait l’objet d’une Convention internationale en octobre 2013 et signée par le Sénégal. Cette Convention donne une place importante à l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (EMA) en son article 7 et à l’annexe C. C’est le seul secteur qui a fait l’objet de dispositions spécifiques dans cet important instrument. Cette attention particulière est justifiée par le caractère hautement polluant du secteur de l’EMA. En effet, il constitue la plus grande source de pollution par le mercure au monde (eau et air). C’est également la deuxième plus grande source de pollution atmosphérique par le mercure au monde derrière la combustion au charbon.

Par anticipation à cette Convention dite « Convention de Minamata » un projet est entrain d’être mis en œuvre en Afrique de l’Ouest. Il s’agit du Projet « création d’une filière d’or équitable et réduction de l’utilisation du mercure dans l’orpaillage en Afrique de l’Ouest ». Il est exécuté dans trois pays le Burkina Faso, Mali et Sénégal. Le Projet comprend deux volets, « la création d’une filière or équitable » et « la réduction de l’utilisation du mercure ».

C’est un projet pilote qui est exécuté au Sénégal dans la région de Kédougou et plus précisément dans le célèbre village aurifère de Bantaco.

Le volet « réduction de l’utilisation du mercure » est bientôt en phase d’expérimentions avec  la mise en marche d’une unité de traitement gravimétrique d’or sans mercure. Cette technologie simple à utiliser est composée d’un broyeur, un concasseur et de sluice. Il est bien connu des orpailleurs. La « nouveauté » réside dans l’introduction de tables vibrantes et la fusion directe. La table vibrante est intuitive, et n’est en fait que la version moderne de l’usage des calebasses pour séparer l’or des autres particules.

Ce système de traitement d’or sans mercure a l’intérêt d’offrir un taux de récupération plus élevé que dans le procédé traditionnel de traitement des minerais par les orpailleurs avec l’usage du mercure. Sur le site du Burkina Faso, le taux de récupération est de 40% avec la méthode avec mercure alors que l’usine de traitement d’or sans mercure, similaire à celle qui sera installée à Bantaco, avec un taux de récupération de 70%. Ce qui constitue une bonne opportunité pour les orpailleurs d’accroître leurs revenus, de réduire la pénibilité du travail à main dans le concassage et le broyage, mais aussi dans l’amélioration de leur santé et de lutte contre les contaminations de l’environnement.

Ce projet financé par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) et le Fonds de l’Environnement mondial (FEM) avec comme maitre d’œuvre l’Organisation des Nations-Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), est aussi une contribution dans la politique de l’Etat du Sénégal d’organiser ce secteur. Le volet réduction de l’utilisation du mercure est exécuté par Artisanal Gold Council (AGC), une ONG canadienne spécialisée dans l’encadrement des orpailleurs sur des questions de santé et d’environnement.

Cherif SOW, juriste

Expert national pour l’ONUDI/ Assistant

De Projet d’Artisanal Gold Council (AGC)

E-mail : sowcherife@yahoo.fr

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