L’agriculture biologique au Sénégal (Par Ndiamé THIAM)

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L’agriculture en tant que telle est l’art de produire à partir du sol ou en dehors du sol, par la culture de façon plus ou moins permanente tout en maintenant la fertilité, le maximum de productions au meilleur rendement.
Elle est dite biologique lorsqu’elle n’utilise pas de produits chimiques (engrais, pesticides etc) et des organismes génétiquement modifiés. Elle a l’attribut de préserver l’environnement et la biodiversité.
C’est cette définition qui nous renvoie au concept nouveau formalisé.
Si nous nous en tenons au contenu nous pouvons nous glorifier du fait que c’est cette forme de pratique qu’exerçaient nos ancêtres.
Selon certaines considérations ce vocable est reconnu au Sénégal par l’organisme onusien, chargé de l’agriculture et de l’alimentation dans la moitié des années 90.
Au début des années 80, nous avons vu les premiers plans de redressement économiques suivis du désengagement de l’état en matière d’encadrement agricole ; qui  ont finis de sevrer les paysans d’assistance en matière de pratiques culturales.
De ces situations de détresse sont nés des réflexes conduisant au retour d’un tel type d’agriculture.
Revenue comme option par certains agriculteurs avec l’appui des premières organisations non gouvernementales exerçant dans l’agriculture biologique.
Vers 1995 Pesticides Action Network A, Enda /Pronat et quelques organisations paysannes (Fenab) ont propulsé les premières bases d’une agriculture biologique au Sénégal.
Le terme agriculture biologique est apparu dans le jargon agricole au début des années 80 mais son irruption concrète et significative n’est effective qu’en 1995.
D’ailleurs à l’entame, on la qualifiait d’agriculture de femmes parce qu’elle était uniquement pratiquée par les groupements féminins.

Evolution et constats

Il faudra tout de même regretter que l’ancrage de l’agriculture biologique reste encore faible au niveau du monde rural.
Les causes sont diverses.
L’état en question n’a pas encore défini une véritable politique allant dans le sens d’une reconnaissance et de sa vulgarisation.
S’agissant des subventions sur les intrants agricoles le type d’agriculture sus- nommé n’est pas pris en compte.
Les engrais biologiques ou bio pesticides ne sont pas concernés.
La Fao, au regard des intérêts en jeu préfère ne pas donner une indication claire tendant à faire progresser cette agriculture.
En tout cas ses programmes et projets, la FAO ne considère pas les engrais biologiques ou bio pesticides comme intrants dans leur conduite.
L’influence des grandes sociétés chimiques productrices d’engrais, pesticides et herbicides a sûrement impacté sur les choix des politiques au niveau international et national.
Pourquoi nos états n’encouragent pas dans ce sens?
Le manque d’intérêt se traduit par la non prise en considération de la production provenant de l’agriculture biologique, et l’absence de subvention.
Avec la présence d’unités de production d’engrais biologiques des efforts devraient être opérés en vue de les intégrer dans les programmes de fertilisation et d’amélioration de nos sols déjà trop appauvris.
Au Sénégal ce sont des ONG et associations qui vulgarisent les connaissances relatives à l’agriculture biologique.
Ce processus de diffusion de ces connaissances n’est pas encore formalisé.
Les initiatives sont à encourager même dans les grandes cultures (mil, mais, arachide etc.).
Pour le moment elle se limite au maraichage et l’arboriculture.
La progression en superficies et acteurs impliqués est trop lente.
Depuis quasi 40 ans les dernières estimations relatives aux superficies font apparaitre un peu moins de 30000 ha.
Trop insignifiant par rapport à l’importance des superficies agricoles.
Comparativement à l’agro-business elles sont peu.

La production agricole à l’épreuve de l’agriculture biologique

L’intérêt manifesté par les consommateurs surtout européens connait un signal fort à travers une reconversion vers l’agriculture biologique.
Récemment la Russie en mis en valeur 30 millions d’hectares dont une bonne partie est destinée à l’exportation.
La France consacre présentement 9,5% des exploitations â l’agriculture biologique et 7, 5% des surfaces agricoles utiles.
Ces données pour justifier l’importance désormais installée auprès des consommateurs.
Contrairement à cette tendance, le Sénégal enregistre seulement 30000 hectares et se classe au neuvième rang en Afrique.
Suffisant pour montrer que l’essor de l’agriculture biologique n’est pas encore au rendez-vous.
Le ministère de l’agriculture doit conduire un projet dénommé  » Dundel bay »  (approximativement vivifier ou favoriser l’agriculture) visant à améliorer les sols n’a pas trop retenu les engrais biologiques dans son exécution.
Ce fait nous renseigne que la volonté d’intégrer la dimension écologique n’est pas aussi vivace auprès des autorités étatiques.

L’agriculture biologique répond à un souci de préservation de notre environnement, résout les problèmes de santé liés à la consommation de fruits et légumes par l’homme.

En optant pour le bio, le consommateur entend recevoir des produits garantis, il veut qu’ils soient sains à travers le végétal et l’animal.

Le défi de l’implantation d’une agriculture biologique dans notre pays se confronte aux résistances de ceux qui n’ont pas intérêt à ce que ce type d’agriculture prospère. Dans le processus de validation il y a un maillon assez important qui manque : la certification bio.

Les acteurs pionniers doivent s’activer pour le parachèvement du processus.

C’est tout le contraire de ce que l’agriculture biologique devrait être en droit de s’attendre. C’est-à-dire un pouvoir public qui définit les horizons de l’agriculture biologique nous préservant des contraintes liées aux changements climatiques.

Aujourd’hui nous assistons aux difficultés de financement des secteurs soutenant l’agriculture biologique (approvisionnement, commercialisation et conseils agricoles).

L’essor de l’agriculture biologique dépend en premier des consommateurs qui, en dehors de la demande en fruits et légumes, lait, viande et autres produits ; doivent exiger une responsabilité environnementale.

La mise en échelle doit actionner sur les leviers de la commercialisation, transformation et surtout la vulgarisation des produits bio auprès des consommateurs.

Le choix de l’agriculture biologique découle certes d’une nécessité économique mais de l’intérêt de consommer sain.

AGRECOL (Association de producteurs bio) cherche à travers des foires et marchés à vulgariser des produits bio et travaille pour la visibilité de cette forme d’agriculture qui est la meilleure forme de garantie pour amener les consommateurs à choisir bio.

Pour l’essentiel nous agréons le rôle joué, dans la consolidation de l’agriculture biologique par les fabricants de fertilisants et bio pesticides. Ils sont entrain de marquer leurs repères en se greffant uniquement à l’intervention de quelques acteurs producteurs. Seulement ils se limitent à s’attelant à cette composante sans apporter leur contribution dans l’implantation de l’agriculture biologique. Il serait intéressant qu’ils contribuent à la mise en échelle de l’agriculture biologique avant de pouvoir bénéficier des retombées.

Présentement ils dépendent de l’existant pour commercialiser leurs produits. Un appui en termes de vulgarisation et de consolidation serait nécessaire.

Ndiamé THIAM

Technicien Agricole

ndiambe2018@gmail.com

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