Le Collège universitaire d’architecture du Sénégal a organisé, le 4 octobre dernier, une conférence sur le thème « agir face aux changements climatiques ».
Les professeurs et encadreurs du Collège universitaire d’architecture sénégalais ont voulu s’intéresser à la problématique du changement climatique en posant sur la table le rôle de l’architecte dans la préservation de l’environnement. Selon Pape Goumba Lô, professeur de sciences naturelles et directeur d’un laboratoire de recherches sur les matériaux, « c’est aux architectes d’avoir une vision pour la construction de nos villes, en cohérence avec la nature. Pour cela, il faut maîtriser les propriétés du sol et les matériaux, utiliser ceux locaux et savoir s’adapter aux changements ». Il estime, dans des propos relayés par lesoleil.sn, que c’est la seule alternative.
Dans la même veine, les architectes présents ont déploré la fermeture de l’école d’architecture en 1991, qui accroît aujourd’hui la construction anarchique sans aucune planification ni étude préalable. La présidente de l’Association de la protection des Almadies, Mme Dieng, a profité de cette séance d’échanges pour révéler que « des bâtiments poussent comme des champignons aux Almadies, nous nous sommes battus pour en empêcher quelques-uns. Des restaurants ont été construits jusque sur la plage à juste 2m de la mer et bien sûr leurs déchets s’y déversent. Les femmes qui faisaient la cueillette d’oursins n’ont plus accès à la mer ». Pour Xavier Ricou, architecte français, il urge de préserver le patrimoine de la ville de Dakar qui s’est lancée dans une « évolution vertigineuse ». « Les espaces verts ont presque tous disparu. Le moindre espace libre est utilisé pour construire. Cependant tout ceci a une histoire ». Dans sa communication essentiellement faite à partir de photographies datant des années 1800 à aujourd’hui. Il a montré comment la colonisation, l’urbanisation et la modernisation ont généré la dégradation du cadre de vie à Dakar et mis en mal la protection de l’environnement. « Surtout parce qu’il n’y a pas eu une projection dans le futur des acteurs concernés. Ils ont détruit pour construire et n’ont pas mesuré les conséquences ».
Certains parents d’élèves ont donc plaidé pour l’insertion d’architectes dans le gouvernement pour une meilleure vision des politiques de gestion de la cité. Le Collège universitaire d’architecture a souhaité ainsi ouvrir sa neuvième rentrée. Il compte une centaine d’étudiants. Selon le directeur Naby Kane, « l’objectif en 2008, lors de sa création, était de former des jeunes qui connaissent le métier d’architecture, de faire reculer l’informel en matière de construction et de résoudre les problèmes urbains par le suivi des chantiers et la préservation du patrimoine architectural ». Selon lui, l’absence d’école d’architecture au Sénégal a créé une mauvaise qualité de production de bâtiments et le non-respect de la déontologie des architectes.
Moctar FICOU / VivAfrik


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