La quantité de biomasse forestière connue grâce au scanner laser

Une nouvelle approche, développée et expérimentée par des scientifiques en Afrique centrale permet de mesurer la biomasse contenue dans les forêts tropicales sans abattre d’arbre. « Nous utilisons un scanner laser pour évaluer la quantité précise de carbone séquestré dans le tronc, les branches et le feuillage », détaille, Nicolas Barbier, écologue spécialiste de télédétection, co-auteur d’une récente étude sur le sujet.

« Pour mesurer le volume des arbres sur pied, sans les détruire, nous avons eu l’idée d’utiliser un scanner Lidar 3 », explique Stéphane Momo Takoudjou. Ses travaux de thèse en écologie tropicale portent précisément sur cette technique. L’outil, posé sur un trépied, émet un rayon laser. Il enregistre la distance jusqu’au point de rencontre entre la lumière et un support solide. En envoyant des milliers de faisceaux lumineux, depuis plusieurs angles différents, l’appareil permet d’obtenir une image en trois dimensions de la partie aérienne de l’arbre. Etayée de données sur la densité du bois, cette représentation permet de déduire avec une grande précision le volume de carbone contenu, puis de l’extrapoler à l’échelle de la forêt. « Grâce à cette méthode, la biomasse du massif forestier du bassin du Congo, le deuxième au monde, pourra être établie et suivie de façon rigoureuse », conclut le jeune scientifique camerounais.

Les experts ont mis en place une technique permettant de peser les arbres sans les couper. Cette solution permettrait de calculer avec précision le volume de carbone contenu dans les forêts d’Afrique centrale, dans le cadre des mécanismes de compensation. Pour estimer et suivre l’évolution de la biomasse des forêts d’une région, souvent situées dans des zones vastes et peu accessibles, les scientifiques construisent des équations intégrant à la fois des observations à grande échelle et des données prélevées sur le terrain. Les premières sont aisément obtenues grâce à l’imagerie satellitaire. Les secondes, consistant à aller mesurer la quantité réelle de carbone contenue dans des arbres échantillons, sont beaucoup plus difficiles à collecter. La méthode employée jusqu’à présent pour cela consiste à aller abattre et peser tronçon par tronçon quelques arbres immenses, pouvant atteindre 80 tonnes. Elle requière le travail d’une quinzaine de personnes, pendant une semaine, pour débiter un seul de ces géants. Aussi, aucun arbre africain n’était pris en compte dans les grandes études mondiales sur le sujet, et les données de terrain provenaient de pesées faites en Amérique du Sud.  « Le procédé pose problème, car pour une même essence, il y a une certaine variabilité dans la densité et la structure des arbres, en fonction des sites, des sols, des conditions environnementales », indique M. Barbier.

Moctar FICOU / VivAfrik


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