Les énergies renouvelables incapables de sauver le climat

Malgré l’expansion des énergies renouvelables et ses qualités protectrices de l’environnement, ces énergies seront toutefois incapables à sauver le climat. En d’autres termes, ces énergies vertes, bien qu’indispensables dans la production domestique d’électricité décarbonée, ne réduiront pas à elles seules notre consommation de combustibles fossiles si l’on sait que les secteurs énergivores sont surtout l’industrie lourde et les transports.

Selon lesechos.fr l’africain moyen, par exemple, utilise actuellement environ un dixième de l’énergie consommée par la moyenne européenne. Mais d’ici 2050, nous devons réduire les émissions liées à l’énergie de 70% par rapport aux niveaux de 2010, avec des réductions supplémentaires nécessaires pour atteindre un niveau d’émissions nul d’ici 2060. Atteindre ces objectifs va nécessiter à la fois une amélioration de la productivité de l’énergie (le montant de revenus produits par unité d’énergie consommée), d’au moins 3% par an et la décarbonisation rapide de l’approvisionnement énergétique, avec une augmentation de la part de l’énergie zéro carbone d’au moins un point de pourcentage par an. Cela implique une accélération massive des efforts nationaux. Durant la dernière décennie, la productivité énergétique a augmenté de seulement 0,7% par an et la part de l’énergie sans carbone a augmenté de seulement 0,1 point de pourcentage par an. En outre, même si les INDC étaient pleinement appliquées, ces taux de croissance annuels atteindraient seulement 1,8% et 0,4 pour cent respectivement.

Le nécessaire envol des énergies vertes

Des progrès impressionnants sont déjà réalisés dans un domaine crucial : la production d’électricité. Les coûts de l’énergie solaire ont chuté de 80% depuis 2008. Dans certains endroits, de nouveaux contrats d’approvisionnement ont fixé des prix aussi bas que 0,06 dollars par kilowattheure, ce qui rend l’énergie solaire totalement concurrentielle par rapport au charbon et au gaz naturel. D’ici 2030, les INDC indiquent que la capacité d’énergie renouvelable se développera quatre fois plus vite que la capacité des combustibles fossiles, avec 70% de cet investissement dans les nouvelles sources d’énergie renouvelables au sein des économies émergentes et en développement. Cet investissement doit être suivi par l’accélération des progrès dans la technologie des batteries, ou par d’autres outils pour répondre à la demande d’électricité par un approvisionnement intermittent. Mais il ne fait aucun doute que d’ici le milieu du siècle, le monde peut construire un système rentable d’électricité sans carbone. Et pourtant l’électricité sans carbone, bien qu’extrêmement importante, ne suffit pas, parce que l’électricité ne représente actuellement que 20% de la consommation mondiale d’énergie. Il faut procéder à des modifications plus larges du système énergétique mondial.

Les autres chantiers à mener

Les transports routiers et l’aviation, qui actuellement dépendent presque entièrement des combustibles fossiles liquides, représentent 30% de la consommation totale d’énergie. La décarbonisation de ces activités va nécessiter soit l’électrification, soit l’utilisation d’hydrogène ou de biocarburants. Cela est certainement faisable mais va demander du temps. Le chauffage des bâtiments est un autre domaine dans lequel des changements majeurs sont nécessaires. Ici l’utilisation la plus généralisée de l’électricité sans carbone, plutôt que de l’énergie issue de carburants fossiles, peut avoir un impact majeur. Mais il existe également des opportunités importantes pour concevoir et pour construire des bâtiments et des villes qui soient considérablement plus économes en énergie. Alors que la population urbaine mondiale est censée augmenter de 2,5 milliards en 2050, il est vital que nous saisissions ces opportunités. L’énergie utilisée par l’industrie lourde présente toutefois des défis qui sont souvent ignorés. Les métaux, les produits chimiques, le ciment et le plastique sont des composants vitaux de l’économie moderne et répondent à des mécanismes qui ne peuvent pas être facilement électrifiés. La décarbonisation pourra exiger de les remplacer par l’application des technologies de capture et de stockage du carbone, de même que des matériaux de construction nouvellement conçus pourront réduire la demande en intrants à forte teneur en carbone. Compte tenu de ces défis, les combustibles fossiles joueront sans aucun doute un rôle dans les transports et dans l’industrie lourde pendant un certain temps à venir, alors même que leur rôle dans la production d’électricité va diminuer. Et même dans la production d’électricité, les INDC des économies émergentes impliquent d’importants nouveaux investissements dans la capacité en charbon ou en gaz. Globalement, les INDC suggèrent que le charbon pourrait encore représenter 35% de la production de l’électricité mondiale en 2030.

Moctar FICOU / VivAfrik


Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.