C’est la réponse du berger à la bergère ou ce que d’aucuns pourraient qualifier de jeu de ping-pong entre l’entreprise française Rougier, basée à Niort au Cameroun et spécialisée dans la transformation et le négoce des bois tropicaux et exotiques et l’ONG de défense des peuples indigènes, Survival international. Rougier affirme apprise de surprenantes déclarations de l’ONG basée à Londres sur ses activités mais aussi des accusations de l’organisation Les Amis de la terre, citée par Survival international.
Dans un communiqué de presse faisant office de droit de réponse à ces allégations suite à notre publication du 27 mai sur cette même affaire, l’entreprise française a tenu à réagir fermement, balayant d’un revers de mains ce qu’elle appelle de fausses déclarations. « Rougier est un Groupe familial engagé de longue date dans la gestion responsable des forêts du Bassin du Congo, respectueux aussi bien de l’environnement que des populations qui vivent dans et en périphérie des concessions forestières qui lui ont été légalement attribuées par les Etats. Rougier agit dans le strict respect des lois qui lui sont applicables. En outre, assumant pleinement ses responsabilités, Rougier a été précurseur depuis déjà une dizaine d’années dans la mise en place d’une politique de certification de bonne gestion forestière » a d’abord précisé le groupe français dans le texte parvenu à VivAfrik.com. Déterminé à faire toute la lumière sur cette affaire, le leader des bois tropicaux ajoute : « e Groupe rappelle ainsi que les surfaces forestières gérées au Cameroun sont auditées chaque année par des tierces parties indépendantes et intégralement certifiées. Dans sa démarche permanente de responsabilité sociale et environnementale, Rougier est en outre fortement engagé sur le terrain et mène notamment des actions volontaires importantes en faveur du développement local. Rougier a ainsi mis en place depuis de nombreuses années des équipes sociales dédiées afin d’animer des plateformes de concertation avec les populations locales et les différentes parties prenantes », écrit Cyril Combe dans le document. A en croire notre source, pour renforcer et améliorer son approche, le Groupe s’appuie sur des expertises externes fournies notamment par des ONG spécialisées, qu’elles soient locales ou internationales avant d’évoquer le cas de l’Organisation Les Amis de la terre. Sur ce point précis, « Rougier tient également à rappeler que les accusations de l’organisation Les Amis de la Terre, citées par Survival international et remontant à 2002, ont toutes été classées sans suite par les justices camerounaise et française » lit-on dans le texte.
Pour sa Part, le directeur RSE, Paul Emmanuel Huet a soutenu qu’ « en réaction aux accusations de Survival International, nous réaffirmons fermement et avec fierté l’engagement qui est le nôtre en matière de bonne gestion forestière respectueuse des populations autochtones ». Concluant que « le Groupe Rougier s’inscrit en faux face aux accusations graves qui lui sont portées et mettra rapidement en œuvre les moyens de défense qu’il jugera appropriés à l’encontre de ces propos diffamatoires portant atteinte à l’entreprise mais également à l’ensemble des salariés du groupe ».
Le Fonds mondial pour la nature (Wwf) partenaire officiel de Rougier, a quant à lui aussi dénoncé fermement ces allégations. Ainsi, dans sa parution du lundi dernier, nos confrères de camer.be notaient que « le Wwf tient à dénoncer cette approche visant à induire en erreur l’opinion publique camerounaise et internationale, en laissant entendre que le Wwf met de côté les populations locales au profit de compagnies forestières » fustige le Fond mondial. Qui précise dans son communiqué que « Survival international confond notamment d’une part les opérations de cette compagnie dans ses titres forestiers qui garantissent le maintien du couvert forestier, de la biodiversité et les services environnementaux dont dépendent les communautés locale, et d’autre part une action ciblée, spécifique à la récolte de bois avant l’inondation de la zone de retenue d’un barrage hydro-électrique » se défend-il. Si l’on se fie à Wwf, cette « opération est parfaitement conforme aux dispositions légales et aux standards selon nos sources et vise à éviter le gaspillage du bois sur un site que sera de toutes les façons mis sous eaux. » Le partenariat du Wwf avec différentes compagnies forestières telles que Rougier se fait selon le Fond dans un cadre plus large d’assurer que ces compagnies opèrent non seulement dans la légalité mais également sous une gestion durable des forêts et plus encore, selon des standards internationalement reconnus que sont les standards FSC. Ces standards incluent le respect des droits des communautés ainsi que différentes initiatives de développement au bénéfice de ces communautés, y compris les Baka. Une étude récente menée par le CIFOR a d’ailleurs révélé que les concessions forestières certifiées FSC en Afrique Centrale génèrent plus de bénéfices sociaux que celles non certifiées. Le Wwf conclut en fin qu’il reste persuadé que, « contrairement aux allégations de Survival International, l’accompagnement des opérations forestières pour assurer le maintien de la forêt, de sa faune et de ses services environnementaux plutôt que leur déforestation au profit d’agro-industries ou d’autres fins commerciales, est un des garants du bien-être des peuples forestiers ».
Pour rappel, Survival international avait accusé Rougier de déboiser la forêt tropicale située dans le sud-est du Cameroun où vivent les pygmées. « L’exploitation de leurs forêts par des entreprises telles que Rougier détruit l’environnement dont ils dépendent pour leur subsistance » avait accusé Survival dans un communiqué qui affirmait que ce déboisement d’une zone de 600.000 hectares se fait « sans le consentement des communautés baka qui y vivent » lisait-on dans le communique. Selon cette ONG de défense des peuples indigènes, l’entreprise française d’exploitation forestière est « partenaire officielle du Fonds mondial pour la nature (Wwf) dans le cadre du Global forest & Trade network (Gftn), une initiative du Wwf pourtant destinée « à promouvoir la bonne gestion forestière et le commerce responsable ».
Moctar FICOU / VivAfrik


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