Dans un contexte d’atonie persistante des marchés mondiaux et sur fond de chute des cours des produits pétroliers, le continent africain maintient depuis plusieurs années une dynamique de croissance qui lui permet de renforcer la confiance des observateurs et de susciter un intérêt toujours plus grand de la part des acteurs économiques internationaux.
A en croire lesechos.fr, la capacité de l’Afrique à engager une réflexion concertée et structurante sur son avenir énergétique, comme à relever les nombreux défis qui l’attendent dans ce domaine, se trouve au centre de toutes les attentions. Le défi est immense, sans doute le plus important de son ère moderne. Saura-t-elle mettre en place les instruments bancaires, financiers et de gouvernance nécessaire pour se saisir des opportunités ? Saura-t-elle séduire et mettre en confiance les investisseurs ? Saura-t-elle mettre en valeur les atouts dont elle dispose ? Selon les estimations de l’Africa progress panel, dirigé par Kofi Annan, 621 millions d’africains, soit plus de la moitié des habitants du continent, seraient privés de tout accès aux réseaux de distribution d’électricité. Cette accessibilité est cruciale, d’autant que les besoins en énergie, et en électricité en particulier, ne vont cesser de croître dans les prochaines années, pour répondre aux enjeux de croissance économique, de dynamisme démographique, d’émergence des classes moyennes, etc. Le continent dispose d’atouts et de forces considérables. Il possède de vastes réserves en ressources fossiles, mais aussi et surtout des capacités infinies en ressources renouvelables (solaire, éolien, géothermique, hydroélectrique, etc.). De nombreux pays du continent ont d’ores et déjà engagé de multiples projets énergétiques. Les premiers succès enregistrés renforcent l’intérêt des Etats comme des investisseurs.
Car ce sont bien les investissements qui constitueront le moteur de la croissance. L’Agence internationale de l’énergie estime que plus de 200 milliards de dollars d’investissements seront nécessaires pour atteindre le taux d’électrification de 70 % en 2040 quand certains observateurs, parmi les plus optimistes, estiment que le continent pourrait être électrifié à plus de 80 % d’ici à dix ans. Au-delà de la capacité des acteurs en présence à mettre en œuvre une politique énergétique ambitieuse, c’est bien la confiance pleine et entière des investisseurs internationaux qui s’avère décisive pour relever ce défi. Et il semblerait que ce soit en bonne voie. Une grande majorité des investisseurs institutionnels estime que l’Afrique peut devenir une référence mondiale dans la production d’énergies nouvelles et ils sont nombreux à s’engager chaque jour davantage. Pour autant, le modèle reste à définir et à construire. Au vu de sa grande diversité, le continent va devoir trouver son propre modèle de développement énergétique pour déployer tout son potentiel en valorisant au mieux les atouts de chacun des pays qui le compose ; un modèle sur mesure, dans lequel cohabiteraient projets centralisés et décentralisés, nationaux et régionaux, exploitant des ressources fossiles et renouvelables… Portés par de nouvelles politiques d’intégration régionale, les grands projets d’infrastructures se constituent en véritables pools énergétiques intégrés, et apportent d’ores et déjà des solutions efficaces. Les projets décentralisés, microréseaux et hors réseaux, permettent, quant à eux, de répondre aux problématiques des populations rurales et des territoires enclavés.
Les Etats africains ont la chance de pouvoir disposer aujourd’hui des technologies les plus modernes et les plus fiables sans être préoccupés par l’amortissement ou la nécessaire modernisation d’infrastructures obsolètes, comme cela peut être le cas en Europe, notamment. Une stratégie coordonnée et une vision de long terme pourraient permettre à l’Afrique de combler son déficit énergétique rapidement, et même de s’imposer comme véritable précurseur en matière d’énergie renouvelable.
Moctar FICOU / VivAfrik