« On galère ici, ça chauffe » dans les coopératives agricoles, depuis que le cacao dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur, « ne s’achète plus », s’inquiète, dans les colonnes de connectionivoirienne.net, le président du conseil d’administration (Pca) d’une société à Gagnoa, à 288 kilomètres d’Abidjan, Christophe Kouakou, devant des sacs de fèves empilés.
La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial du cacao, avec une production de 1,5 million de tonnes en 2015, connait un ralentissement des ventes, en raison d’une « surproduction » de 110.000 tonnes de mi-novembre à décembre, et une baisse de plus de 30% des cours mondiaux, selon le Conseil café-cacao, organe de régulation, qui a maintenu le prix bord champ du kilogramme à 1.100 Fcfa jusqu’au 31 mars. Dans la vaste cour de la Coopérative agricole départementale du Fromager (Coopadef), au camp fonctionnaires, des femmes s’attèlent au tri des mauvaises fèves, sur la terrasse devant le magasin de stockage, sous le regard du Pca. Dans le magasin d’environ 100 mètres carrés, éclairé par la lumière du jour, des sacs de cacao, superposés les uns sur les autres, attendent des acheteurs.
Nous n’avons plus de liquidité
Avec son système de dépôt-vente, la coopérative de 556 membres peine à trouver une solution pour écouler ses 200 tonnes de cacao, estimées à plus de 200.000.000 Fcfa. « C’est l’argent des gens qui est stocké ici, les producteurs pleurent et nous ne pouvons rien faire », se plaint le directeur Hyacinte Brou. La soixantaine, Christophe Kouakou, vêtu d’une chemise rose et un pantalon bleu, ne « sait pas ce qui se passe ». Des camions chargés de 70 tonnes de cacao, pour un montant de 77.000.000 Fcfa, n’ont pas encore été déchargés depuis début février, au port de San-Pedro (Sud-ouest ivoirien), se soucie-t-il. « Les planteurs nous appelle, d’autres sollicitent de l’aide pour des ordonnances, nous avons, des difficultés », explique M. Kouakou, déplorant le décès de certains. La coopérative créée en 1991, a enregistré une production de 1.037 tonnes lors de la campagne 2015-2016. Un résultat jugé « faible » en raison des aléas climatiques, contrairement à l’année précédente où 1.200 à 1.300 tonnes de cacao ont été commercialisées.
Moctar FICOU / VivAfrik