L’Organisation arabe pour le développement agricole (Oada) a, dans une étude publiée en marge d’un atelier consacré à la datte qui se déroulait à Tunis du 2 au 4 mai 2018, présagé de nombreuses difficultés dans le sous-secteur des dattes sur la prochaine décennie.
Si l’on se fie à cette étude, la prochaine décennie sera celle des défis car elle sera secouée par plusieurs remous du côté de l’exportation.
S’il a profité d’une consommation marocaine en hausse ces dernières années, pour accroître ses revenus, le rapport prévient que le pays pourrait perdre son statut de premier exportateur vers cette destination, en raison des ambitions du Royaume chérifien.
En effet, souligne le rapport, le Maroc prévoit de devenir autosuffisant dans le fruit, d’ici 2025, et veut planter un million de palmiers dattiers dans le cadre du Plan Maroc Vert s’échelonnant sur la période 2008-2020.
Pour l’Oada, la situation se complique encore pour la Tunisie en raison de la stagnation des importations de l’Europe dont elle reste le premier fournisseur, et de la montée en puissance de l’Algérie qui pourrait lui faire de l’ombre sur les marchés à l’export.
La production algérienne de dattes, dominée aussi, à l’image de la Tunisie, par la variété Deglet Nour, a enregistré un bond spectaculaire en moins de 20 ans, passant de 427 000 tonnes en 1999 à 850 000 tonnes en 2014.
Hormis ces changements futurs, l’étude s’inquiète des nombreuses contraintes rencontrées actuellement par la branche de production de dattes. Il s’agit notamment du vieillissement des palmiers, l’émiettement du foncier, l’insuffisance de l’encadrement des petits exploitants et la faible mécanisation agricole.
Afin de faire face à ces goulots d’étranglements, l’Oada préconise la diversification des variétés à travers une orientation vers les espèces précoces pouvant être consommées sur le marché intérieur.
A cette recommandation, s’ajoute le regroupement des agriculteurs en coopératives de services agricoles, ce qui pourrait améliorer leur accès à l’encadrement et réduire les coûts de production.
Enfin, précise l’organisation, un accent devra également être mis sur la qualité par le biais du déploiement de normes concernant la production biologique et l’indication géographique.
La filière dattes représente le second fournisseur de devises agricoles de la Tunisie après l’huile d’olive. Au terme de la campagne 2016/2017, les exportations du fruit ont atteint 103 000 tonnes pour une valeur de 530 millions de dinars.
Moctar FICOU / VivAfrik