La lutte contre les déchets plastiques est en gestation au Ghana. Suffisant pour l’association Plastic Punch, dirigée par David et où travaillent 80 volontaires de nettoyer la plage de Ningo qui ressemble plus à une décharge, située à 40 kilomètres d’Accra et connue pour sa faune marine.
Les côtes du Golfe de Guinée connaissent un problème récurrent : l’amoncellement de déchets plastiques que chaque marée renvoie. Tandis que certains pays comme le Rwanda ou le Kenya et plus récemment le Bénin ont pris des mesures pour limiter l’utilisation de plastique, le Ghana, pays à l’économie prospère dans la région, n’a jamais mis sur pied d’actions contraignantes. Une ONG locale tente d’agir à son échelle.
« Maintenant vous voyez la plage est tout simplement horrible. Elle est complètement polluée, c’est terrible. On considère que personne ne va la nettoyer à notre place. C’est à nous de le faire. C’est notre pays, ce sont nos côtes. Conserver des plages propres, c’est aussi un moyen d’attirer les touristes. Et ça, c’est aussi bon pour l’économie. »
Conscient que cette action ponctuelle ne changera pas radicalement la problématique des déchets plastiques au Ghana, Richmond Kennedy Quarcoo, le fondateur de cette ONG née en début d’année, espère jouer sur la sensibilisation.
« On a choisi cette plage, car c’est un site de ponte de tortues indigènes. Or la dernière fois que nous sommes venus, sur 6 tortues, 5 étaient mortes. Cette action, en lien avec la communauté locale, est une stratégie de sensibilisation : on vient, on ramasse le plastique, ils voient comment les déchets sont rejetés dans l’océan et quel impact ils ont sur la vie marine. Mais la solution vient avant tout du consommateur. Quand je prends avec moi une bouteille réutilisable, je n’ai pas besoin d’acheter de sachet, d’eau en bouteille. La seule solution c’est que chacun réduise sa consommation de plastique. »
En une journée, les bénévoles ont récolté l’équivalent de deux camions-remorques. Mais les déchets peuvent aussi devenir des ressources potentielles. C’est ce qu’explique Noémie Simon, membre et trésorière de l’association.
« Forcément, une fois qu’on a ramassé tout ce plastique, on se dit, mais « il va où ? » Si c’est pour être brûlé dans un champ voisin, ça n’a pas d’intérêt. Donc on a créé des partenariats avec deux entreprises qui recyclent les plastiques pour la fabrication de briques qui servent à la construction de routes. Il y a du travail dans le recyclage ; mais ça ne doit pas être une fin en soi. La fin, ce devrait être la réduction, voire l’élimination totale de l’utilisation du plastique. »
Pour l’heure, aucune politique gouvernementale de limitation de la consommation de plastique n’a été engagée.
Moctar FICOU / VivAfrik