Alors que la COP29 s’ouvre à Bakou, en Azerbaïdjan, les critiques fusent déjà concernant le choix d’un pays hôte à forte production d’hydrocarbures. Le contexte géopolitique et économique entourant la conférence soulève des questions quant à la cohérence des choix de lieu pour des discussions cruciales sur l’avenir climatique. Après Dubaï en 2023, un autre pays exportateur de pétrole accueille cette année les négociateurs, suscitant la frustration de plusieurs États et ONG, notamment la Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui a décidé de boycotter l’événement pour protester contre ce symbole d’un engagement ambigu.
La question cruciale de la finance climatique : vers des objectifs plus ambitieux
Le principal sujet de discorde à la COP29 est la finance climatique, cruciale pour aider les pays les plus vulnérables à se préparer aux impacts du changement climatique. Bien que les pays développés se soient engagés à verser 100 milliards de dollars par an pour soutenir les pays en développement dans leur transition vers des économies faibles en carbone, ce montant est perçu comme largement insuffisant. Les experts estiment que les véritables besoins se chiffrent en centaines de milliards, voire en milliers de milliards de dollars par an, pour atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris. Les dirigeants des pays du Sud insistent donc sur une révision de cette enveloppe, demandant un effort collectif plus important pour financer des projets de développement durable, tels que des infrastructures résilientes, des énergies renouvelables et une agriculture adaptée aux nouveaux défis climatiques.
Les négociations à Bakou s’annoncent tendues, d’autant que les pays du Nord hésitent à augmenter leurs contributions en raison de contraintes budgétaires accrues et d’une inflation élevée. Cependant, les pays en développement, particulièrement ceux de l’Afrique et du Pacifique qui subissent de plein fouet les conséquences des catastrophes naturelles, considèrent ce financement comme une question de survie.
Transition énergétique : défis et contradictions pour les pays producteurs d’hydrocarbures
Le choix de l’Azerbaïdjan comme pays hôte met également en lumière le dilemme des États fortement dépendants des hydrocarbures. Comment conjuguer croissance économique et lutte contre le réchauffement climatique dans des économies construites autour de l’exportation de pétrole et de gaz ? Les pays producteurs sont confrontés à une pression croissante pour diversifier leurs économies tout en continuant de répondre à la demande mondiale en énergie. En accueillant la COP29, Bakou tente de se positionner comme un acteur engagé dans la transition énergétique, avec des annonces de développement de projets d’énergie renouvelable en parallèle à ses activités d’extraction de gaz naturel.
Cependant, les ONG et de nombreux experts dénoncent ce qu’ils considèrent comme du « greenwashing », arguant que les investissements dans les énergies fossiles se poursuivent à un rythme élevé, remettant en question la sincérité de l’engagement pour une transition énergétique rapide et globale.
L’avenir du fonds climat et des marchés carbone : vers une régulation internationale ?
En marge des discussions sur le financement, la COP29 aborde également la régulation des marchés de crédits carbone, un enjeu majeur pour établir des mécanismes internationaux crédibles et transparents. Ces crédits, qui permettent aux entreprises et aux pays d’acheter des droits d’émission compensatoires, manquent actuellement de régulation internationale stricte, ce qui conduit souvent à des abus et au « greenwashing ». La COP29 cherche à établir des normes pour encadrer ce marché et éviter les dérives, afin que les crédits carbone puissent devenir un véritable levier pour la réduction des émissions mondiales.
Les pays en développement, souvent les premiers impactés par le dérèglement climatique, attendent des mesures concrètes et efficaces. Les décisions prises sur la finance climatique et la régulation des crédits carbone seront déterminantes pour évaluer le succès de cette conférence et l’engagement des pays développés à apporter un soutien financier robuste et durable aux nations les plus vulnérables.
Moctar FICOU / VivAfrik