L’UNESCO et l’IPBES alertent sur l’urgence de protéger « notre patrimoine mondial environnemental »

La menace est réelle sur la biodiversité. Selon le ressort du Rapport d’évaluation mondiale de la Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) dévoilé ce lundi 6 mai 2019 au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Paris en France, un million d’espèces menacées d’extinction, une preuve que le déclin de la nature est sans précédent.  

Face à cette menace, Audrey Azoulay, directrice de l’Unesco, et Robert Watson, président de l’IPBES, ont alerté sur l’urgence d’agir pour protéger « notre patrimoine mondial environnemental ». Produit d’années de recherche et de coopération internationale avec des chercheurs du monde entier et le soutien des Nations unies à travers l’Unesco, la Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP), et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ce rapport a été adopté par 132 pays.

De l’avis de la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, ce rapport est une mise en garde : « Après l’adoption de ce rapport historique, personne ne pourra plus dire qu’il ne savait pas. Nous ne pouvons plus continuer à détruire la diversité du vivant. Il en va de notre responsabilité vis-à-vis des générations futures » a-t-elle déclaré. « Ce rapport nous rappelle l’urgence d’agir pour la biodiversité, notre patrimoine mondial environnemental. Il est urgent et encore possible de tous nous mobiliser pour sauver notre planète et par là même l’humanité. Protéger la biodiversité est aussi vital que de lutter contre le changement climatique».

L’UNESCO est l’un des principaux partenaires institutionnels de l’IPBES au sein du système des Nations Unies, au côté de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP). Elle a apporté son soutien et sa participation dès les premières étapes de sa création. Le programme de l’UNESCO sur les systèmes de savoirs locaux et autochtones (LINKS) héberge l’unité de soutien technique du groupe de travail de l’IPBES sur les systèmes de savoirs autochtones et locaux.

Il nous rappelle l’urgence de la situation. L’urgence d’agir pour la biodiversité, qui est notre patrimoine mondial environnemental. L’urgence d’agir ensemble pour les générations futures.

L’UNESCO est l’Organisation gardienne des savoirs et savoir-faire respectueux de la biodiversité. À travers ses programmes, l’organisation favorise la co-production des savoirs scientifiques, locaux et autochtones, ainsi que l’éducation au développement durable.

Le Réseau mondial de réserves de biosphère, qui abrite plus de 250 millions d’habitants et sert de voie de réconciliation entre l’humain et la nature est un exemple de la contribution unique de l’UNESCO à la recherche de l’harmonie entre les hommes et la nature. Au total, le réseau de sites de l’UNESCO  (qui comptabilise les sites du patrimoine mondial, les géoparcs et les réserves de biosphères) protège plus de 10 millions de km², soit une superficie équivalente à la taille de la Chine.

Une menace pour la paix mondiale

La biodiversité est le tissu vivant de notre planète. Sa disparition compromet les contributions vitales qu’apporte la nature à l’humanité, mettant en péril l’économie, les moyens de subsistance, le patrimoine culturel matériel et immatériel de l’humanité dans sa diversité, la sécurité alimentaire et la qualité de vie, et constitue une menace majeure pour la paix et la sécurité mondiales. En outre, la perte de biodiversité touche de manière disproportionnée les populations les plus vulnérables, aggravant ainsi les inégalités.

Nous dépendons fondamentalement de cette diversité du vivant dans ce qui nous constitue en tant que sociétés.

Ces réseaux connectent les citoyens du monde entier à des enjeux globaux. Ces interactions entre les peuples et leur environnement offrent des solutions et des innovations dans tous les domaines clés de nos vies : énergie renouvelable, économie verte, alimentation, santé, transport, activités de récréation et éco-tourisme, traitement des déchets.

L’UNESCO soutient les réflexions sur les enjeux éthiques, de paix et de sécurité liés à l’érosion de la biodiversité en valorisant et partageant des valeurs et des cultures respectueuses du vivant : solidarité entre générations (sites de coopération transfrontières dont 20 réserves de biosphère transfrontières), solidarité avec les autres espèces vivantes (ex. le Partenariat pour la survie des grands singes GRASP) et avec les générations futures (la jeunesse est une priorité globale de l’Organisation).

L’enjeu du rapport de l’IPBES est donc d’arriver à avoir un impact suffisant sur les décideurs afin de déclencher des politiques fortes en réponse à l’enjeu majeur du XXIème siècle. Au-delà des Etats et des institutions, nous pouvons tous nous engager pour la préservation des écosystèmes. L’IPBES insiste sur le fait que ce rapport se destine à tous les acteurs décideurs, Etats, entreprises, société civile, populations et communautés autochtones, pouvant agir à leur échelle.

L’UNESCO est un acteur clé de la coopération internationale et mobilise à travers ses programmes et ses réseaux, des citoyens, les gouvernements, les acteurs privés et de la société civile, les communautés locales et les peuples autochtones, les scientifiques.

À la demande de l’Assemblée générale des Nations Unies, la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO invite la communauté mondiale de l’océan à mettre au point une feuille de route scientifique et technologique sur les dix prochaines années pour mobiliser l’ensemble des acteurs et mettre la science au service de ses écosystèmes.

Le Système mondial d’observation de l’océan (GOOS) de l’UNESCO-COI surveille comment le changement climatique et l’exploitation croissante de l’océan influent sur la biodiversité, les ressources et les habitats des écosystèmes du milieu marin, tandis que son Système d’information biogéographique sur les océans (OBIS) joue un rôle essentiel dans la fourniture d’informations de base pour les évaluations mondiales de l’état du milieu marin, les études d’impact environnemental, et les outils de gestion par zone.

La biodiversité est un enjeu environnemental et social majeur, encore trop souvent négligé ou considéré comme secondaire. Ce rapport, premier de ce type depuis l’évaluation des écosystèmes pour le Millénaire (Millenium Ecosystem Assessment) de 2005, représente donc une avancée importante pour la compréhension, la sensibilisation et la mobilisation de l’ensemble des acteurs et des décideurs pour la préservation de la biodiversité.

L’eau et la biodiversité sont indissociables, c’est pourquoi l’UNESCO mène plus de 30 projets de démonstration d’éco hydrologie, qui visent à la compréhension intégrée des processus biologiques et hydrologiques, à l’échelle d’un bassin versant, afin de créer une base scientifique pour une approche de la gestion durable des ressources en eau douce socialement acceptable, rentable et systémique.

L’un des exemples de ces projets, est le Projet BIOPALT (biosphère et patrimoine du Lac Tchad). L’UNESCO met l’ensemble de son savoir-faire au service des pays du bassin du lac Tchad en vue de la sauvegarde et de la gestion durable des ressources en eau, des socio-écosystèmes et des ressources culturelles de la région.

La transformation de notre monde, de nos modes de vie et économies passe par le partage des valeurs et des cultures : l’UNESCO apporte une contribution unique à l’articulation cultures, sciences, savoirs locaux et autochtones pour la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Du 29 avril au 4 mai 2019, s’est tenu en France la 7ème plénière de l’IPBES, plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. Cette réunion avait pour objectif de négocier et achever le rapport d’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques et son résumé destiné aux décideurs. L’IPBES travaille sur l’évaluation de l’état de la biodiversité depuis 3 ans avec la participation de plus de 150 experts internationaux. Le résumé a donc été présenté au siège mondial de l’UNESCO ce 6 mai. Sa vocation est d’orienter et d’améliorer les politiques et actions des prochaines années.

Sept mois après la publication du 5ème rapport du GIEC, qui alarmait sur l’impact d’une augmentation de la température moyenne supérieure à 1,5°C, quel accueil sera réservé au rapport de l’IPBES ? Les Etats et instances internationales prendront-ils des mesures effectives pour enrayer l’érosion de la biodiversité ?

Moctar FICOU / VivAfrik


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