La République démocratique du Congo (RDC) a profité du déroulement de la pré-COP 27 clôturée mardi 4 octobre 2022 à Kinshasa pour confirmer son intention d’exploiter ses blocs pétroliers. Tout au long des échanges en plénière, en session des groupes ou en bilatérale, les délégués congolais ont posé sur la table l’épineuse question de la pauvreté qui touche une grande partie de la population.
Suffisant pour le Premier ministre congolais, Jean-Michel Sama Lukonde, de plaider pour que le monde prenne une position commune sur les cas de force majeure qui justifieraient par exemple le fait que son pays décide de lancer des appels d’offres pour l’exploitation des blocs pétroliers alors que le monde veut sortir des énergies polluantes. La question est au cœur des échanges entre autorités congolaises et américaines depuis septembre 2022.
Quand la RDC a lancé officiellement les appels d’offres pour l’exploitation de ces blocs pétroliers, beaucoup de pays occidentaux avaient émis des réserves, mais très peu s’étaient manifestés publiquement et aucun, si ce n’est un seul, à savoir les États-Unis, avaient proposé un cadre d’échange.
A ce propos, le ministre des hydrocarbures, Didier Budimbu Ntubuanga a tenté de rassurer les investisseurs. « Aujourd’hui, la RDC ouvre ses portes à travers le monde entier. Il y a un niveau régime, ce régime veut que les choses puissent réellement changer, ceux qui vont venir investir peuvent être rassurés par rapport à la sécurité fiscale et juridique qui est mis en place pour faciliter les transactions. Je peux vous garantir qu’il n’y aura aucune corruption dans tout ce qui se fera dans ce processus et je peux aussi vous garantir que tous les investisseurs seront sécurisés et le tout va se faire avec une grande transparence », a rassuré Didier Budimbu dans son discours prononcé mardi 4 octobre 2022.
« Entre temps, je sais qu’il y a des craintes par rapport à l’environnement. On attend à gauche et à droite mais je peux vous garantir que la RDC, à travers mon ministère et celui de l’environnement, nous mettons tout en œuvre pour que tout ce qui est du point de vue environnement que nous puissions continuer à être le pays solution de notre planète. Nous savons aujourd’hui que nous sommes le premier poumon de l’humanité à travers le bassin du Congo et tous savons aussi qu’au niveau de la forêt équatoriale, le Gabon sait exploiter son pétrole, ça fait plus de 50 ans et la planète continue à respirer et il y a aussi des techniques qui sont à notre disposition pour que nous puissions faire tout ce qui est exploration et exploitation responsable. Ce que nous avons mis en place rien ne pourra se faire sans les enquêtes d’impact environnemental qui pourront permettre la suite après l’attribution des blocs », a ajouté M. Ntubuanga.
Rappelons que les discussions à proprement parler ont commencé à ce sujet début août avec l’arrivée à Kinshasa du secrétaire d’État américain Antony Blinken. Elles se sont poursuivies en septembre 2022 avec le séjour de travail dans la capitale congolaise d’Amos Hochstein, envoyé spécial de l’administration Biden et coordinateur des affaires énergétiques internationales.
Les autorités congolaises sont restées intransigeantes sur la majorité de ces actifs pétroliers et gaziers. Nous voulons du gaz et nous voulons du pain, avait illustré Ève Bazaiba, vice-Première ministre chargée de l’environnement. Le message semble passé, à en croire le britannique Alok Sharma, président de la COP 26 à Glasgow.
Nous reconnaissons que la RDC est une nation souveraine et qu’en fin de compte, elle a le droit de décider de ce qu’elle fait de sa terre. Cependant, ce que nous voulons aussi faire, c’est soutenir le gouvernement comme nous le faisons grâce aux fonds qui sont mis à disposition pour protéger les forêts et finalement pour aider les gens à avoir des modes de vie durable, a-t-il poursuivi.
Cependant, Kinshasa reste attentive aux critiques sur au moins six blocs qui chevauchent des aires protégées. Des Organisations non gouvernementales comme Greenpeace parlent de neuf sites qui seraient à problème et non six. Elles insistent pour l’abandon de tout le projet.
Moctar FICOU / VivAfrik


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