La sécheresse affecte la culture des céréales en Tunisie

La récolte de céréales sera « catastrophique » pour la campagne agricole 2022 – 2023 en Tunisie à cause d’une sécheresse inédite pour le nord-ouest, son grenier à blé. Le pays d’Afrique du nord connaît sa quatrième année de sécheresse mais contrairement aux années précédentes, le manque de pluie touche aussi le nord-ouest fertile, qui fournit le pays en céréales. La dépendance du pays nord-africain aux importations va donc s’accroître dans un contexte de prix très élevés depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, deux producteurs majeurs.

En raison d’une grave sécheresse en Afrique du Nord, les agriculteurs tunisiens doivent s’attendre à une récolte catastrophiquement faible, mettant en péril la sécurité alimentaire de ce pays dont l’économie bat de l’aile.

Le constat est amer pour Tahar Chaouachi, agriculteur tunisien. Son champ de blé est loin de donner le résultat attendu. Le sol est sec et poussiéreux. Sur les 600 hectares qu’il a plantés, il n’a pu en récolter que 70. Alors que l’année dernière (2022) il avait réussi à produire 1 000 tonnes de céréales, a rappelé le site d’information africanews.com.

« Nous avons semé du blé ici mais les pousses sont mortes parce que c’est trop sec », a-t-il expliqué à l’AFP en montrant le sol poussiéreux. Tout près, il extirpe quelques tiges de blé malingres.

« On dit ici que +la pluie de mars c’est de l’or pur+. Il n’y a pas eu de pluie ni en mars ni en avril. On a manqué de pluie toute l’année », a-t-déploré.

La sécheresse qui sévit dans le pays depuis 4 ans plombe la culture des céréales. Les réservoirs sont à des niveaux historiquement bas, à moins d’un tiers de leur capacité dans l’ensemble du pays.

A cet effet, Tahar Chaouachi a expliqué qu’« il n’y a pas eu de pluie de toute l’année, et à cause de la sécheresse, nous continuons à labourer. C’est une sécheresse à 100%. Le blé n’a pas germé, et ceux qui ont germé n’ont pas eu assez d’eau pour pousser. On dit ici que la pluie de mars est de l’or pur. Il n’y a pas eu de pluie en mars ni en avril. Les précipitations ont été faibles toute l’année ».

Nos confrères ont fait valoir que le plus grand réservoir, situé à Sidi Salem, à quelques kilomètres de la ferme de Tahar Chaouachi, n’est rempli qu’à 16 % de sa capacité. La région n’a reçu que 10 centimètres de pluie. Poussant les agriculteurs à labourer les cultures flétries ou à récolter les tiges pour nourrir les animaux.

M. Chaouachi a détaillé : « nous sommes inquiets pour l’année prochaine. On ne sait pas où on va trouver les semences. Nous ne savons pas ce qui va se passer. La production de cette année est nulle. Nous n’allons rien produire, ni foin, ni blé, ni légumineuses. Il n’y aura rien ».

La Tunisie a besoin de 3 millions de tonnes de blé et d’orge par an. Face à la sécheresse, des experts militent pour de nouvelles pratiques agricoles.

Pour sa part, Raoudha Gafrej, experte en climat a relevé qu’« avec le changement climatique, il faut absolument repenser l’agriculture. Ce n’est plus logique de fournir 80% des ressources en eau pour 8% des terres agricoles utiles et laisser l’agriculture pluviale sans eau parce qu’avec la sécheresse, il n’y aura plus d’eau pour faire de l’agriculture pluviale ».

Le syndicat des agriculteurs et des pêcheurs prévoit une chute de la production de deux tiers par rapport à l’année dernière. Et demande l’annonce de l’état d’urgence en matière de sécheresse et d’eau.

Moctar FICOU / VivAfrik


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