Le Sénégal dispose plus de 270 000 hectares de terre cultivable, révèle Abou Kane

Le Sénégal a été confronté à des périodes de sécheresse qui ont réduit la qualité et la quantité des aliments pour le bétail. À cela s’ajoutent des connaissances techniques insuffisantes sur la production fourragère et l’utilisation non durable de ressources naturelles limitées. Afin de bien affronter l’avenir, les agriculteurs devront s’adapter à des conditions météorologiques changeantes et plus extrêmes, et devront développer des solutions écologiquement durables et efficaces pour améliorer la production animale.

C’est dans ce sillage que le président de la fédération nationale des acteurs de la filière ovine du Sénégal invite les acteurs du secteur de l’élevage à se lancer dans la culture fourragère. D’emblée, Abou Kane a laissé entendre qu’au Sénégal, « quand on parle d’aliment de bétail, les gens pensent au concentré produit par les meuniers » alors que ce n’est pas le cas.

Aujourd’hui, le Sénégal ne doit pas, à son avis, dépendre du concentré. Ainsi, dit-il, « un éleveur professionnel doit produire sa propre alimentation pour faire face à la forte demande qui est très supérieure à l’offre ». Si l’aliment coûte cher aujourd’hui, c’est parce que la demande est supérieure à l’offre.

C’est pourquoi, la culture fourragère se présente comme une alternative face à cette cherté de l’aliment de bétail. « Il faut promouvoir les cultures fourragères. L’Etat doit aider les éleveurs qui disposent de la terre et l’eau ou d’un peu de moyens à produire du fourrage. Le ministère de l’Elevage avait préconisé de créer des entrepreneurs fourragers. Ceux qui ont de l’ambition mais n’ont pas les moyens doit être accompagnés par l’Etat dans cette culture fourragère », a dit M. Kane lors de l’ouverture médiatique de la 28ème édition des « Mardis du BAME » axée sur le thème : « Autosuffisance en moutons de Tabaski au Sénégal : état des lieux, contraintes et solutions des acteurs » ce mardi 13 juin 2023 à Dakar.   

Poursuivant son allocution, il a ajouté que seule « la grande production de l’aliment de bétail peut faire baisser le prix de l’aliment mais tant qu’on est là à dépendre des usines, qui, à leur tour, dépendent des greniers de l’Ukraine ou de la Russie, le prix de l’aliment de bétail sera hors de la portée de tous. Le Sénégal a aujourd’hui plus de 270 000 hectares de terre cultivable le long du fleuve Sénégal. Si la totalité de cette terre est exploitée, le pays va résoudre son déficit alimentaire pour le bétail ».

Pour sa part, Papa Abdoulaye Kane, docteur en économie et chercheur à l’Institut sénégalais de recherche agricole (ISRA) – BAME a listé les contraintes liées au secteur agricole dans notre pays. « Tous les acteurs sont d’accord sur certaines contraintes notamment celles liées à la santé animale. La Peste des petits ruminants (PPR) par exemple qui décime les moutons et les chèvres. A cette contrainte, s’ajoute celle liée à l’aliment de bétail. Le Sénégal n’a pas assez de fourrages parce qu’il n’a que trois mois de pluies. La cherté de l’aliment de bétail vient accentuer cette situation. Ce qui fait que, ce ne sont pas tous les éleveurs qui peuvent avoir accès à cet aliment. La troisième contrainte est liée à la problématique du vol de bétail. Une situation qui fait perdre beaucoup d’argent à nos frères éleveurs », a déploré celui qui travaille sur les questions d’élevage et de santé animale particulièrement sur les questions d’économie de la santé animale.  

M. Kane est d’avis que, pour combler le déficit de l’aliment de bétail au Sénégal, « les autorités doivent promouvoir la culture fourragère. En outre, les acteurs doivent aller vers des rations alimentaires. Cela fait appel à des recherches. Sur ce point précis, les chercheurs sont disposés à proposer des rations alimentaires au profit du bétail. Ces rations alimentaires sont moins chères comparées à l’aliment proposé par les probandiers ».

Evoquant la santé animale, le docteur en économie et chercheur à l’Institut sénégalais de recherche agricole a rassuré que l’ISRA est un acteur principale dans le processus de la santé animale. « C’est nous-mêmes qui produisons les vaccins qui sont utilisés contre toutes les pathologies au Sénégal. La directrice des vaccins a bien dit que ‘’les vaccins qui sortent d’ici sont de très bonne qualité’’ », a-t-il rappelé avant de s’interroger sur la façon dont ces vaccins ont été conservés ou utilisés.   

C’est pourquoi, M. Kane a invité « les éleveurs à biens conserver ces vaccins et à bien faire les pratiques de vaccination pour aboutir à des résultats probants ».

Moctar FICOU / VivAfrik


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