Le Secrétariat permanant du programme d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau (SP/PAGIRE) a organisé une caravane de presse du 10 au 13 juin 2015. L’axe emprunté par la vingtaine de journalistes va de Dédougou en passant par Bobo Dioulasso, Banfora et Poura. Les fleuves Mouhoun et Cascades, gérés respectivement par les Agences d’eau du Mouhoun (AEM) et des Cascades (AEC) ont été ciblés pour la tournée en raison de l’état des cours d’eau menacés par la pollution et les facteurs anthropiques.
Au moment où le contexte naturel des ressources en eau est de plus en plus défavorable au Burkina, tout croit dans le pays.L’industrie, l’agriculture, la démographie et surtout les mines sont en croissance exponentielle. « Le pays fait face à un accroissement de la demande en eau notamment par les activités minières, l’industrialisation, l’agriculture, l’élevage, le boom démographique », a souligné le directeur général de l’Agence de l’eau du Mouhoun (AEM), Ghislain Kaboré. Cette situation contraste avec l’équité dans l’exploitation de l’eau, la protection des sources d’eau et la menace continue de pollution des points d’eau dû aux aléas climatiques, à l’action de l’homme et à un manque d’infrastructures de canalisation. Il faut vite trouver une solution. Le Secrétariat permanent du Plan d’action pour la gestion intégrée des ressources en eau (SP/PAGIRE), unique structure chargée de trouver une réponse à cette problématique, se tourne vers la communication pour montrer l’ampleur du phénomène afin qu’une prise de conscience se dégage au sein des populations locales et administratives. Il a donc organisé une caravane de presse avec plus de vingt journalistes dans le grand Ouest. Cette caravane a été marquée par des échanges avec les acteurs locaux à Dédougou, Banfora, Bobo-Dioulasso et Poura. Dans les mêmes localités,des visites de zones de bonnes pratiques en matière de protection des ressources en eau et de sites pollués ou exposés à la pollution, ont été organisées.
Itinéraire d’un caravanier
Tout commence le jeudi 11 juin sur les rives du fleuve Mouhoun à Dédougou à quelques encablures de la ville. Là, les berges du bassin du fleuve sont limitées par une démarcation d’une ligne de protection longue de 5km sur 100 mètres. Grâce à la compréhension des agriculteurs, le Comité local de l’eau (CLE) a planté plus de 3000 plants avec l’appui financier et matériel de l’Agence d’eau du Mouhoun (AEM) le long de la berge.
Vendredi 12 juin, cap sur la prise d’eau de Karfiguéla à Banfora dans la matinée et sur l’affluent du Mouhoun de la vallée de Kou à une vingtaine de kilomètres de Bobo Dioulasso dans a soirée. La prise d’eau de Karfiguéla est le point de distribution de l’eau pour les grandes usines de la région, comme la SOSUCO et les plaines aménagées. En fonction du besoin et des disponibilités de l’eau, le comité local de l’eau des Cascades procède à la distribution de l’eau pour les différents points. Au niveau de la vallée du Kou, face au phénomène de la pollution dû au non-respect de la distance à observer entre les champs et le bassin, l’avenir de l’affluant est en danger. L’eau souffre pour se frayer un chemin au milieu des morceaux de bois, du sable et des tiges de bambous pour arriver à des ponts qui ont perdu leur rôle premier qui est de faciliter l’écoulement des eaux, pour devenir un blocus à l’évacuation des eaux. Samedi 13 juin, sur le chemin du retour, les caravaniers font escale à Poura, localité qui a abrité la toute première mine d’or du Burkina : La Société de recherche et d’exploitation minière du Burkina (SOREMIB). Depuis la fin des activités de la société en 1999, le bac à cyanure située dans zone déclarée dangereuse et le faussé de l’exploitation de la mine, restent une préoccupation de l’AEM plus de 15 ans après. Les cours d’eau situés à 5Km des exploitations minières et l’utilisation de produits chimiques (Cyanure, Plomb, Arsenic) par les miniers et les orpailleurs se côtoient. Au regard du constat navrant, le Secrétaire permanent du PAGIRE, Moustapha Congo, a indiqué la nécessité de poursuivre les sensibilisations à tous les niveaux pour améliorer la gouvernance de l’eau.
Par Salifou OUEDRAOGO (lequotidienbf.com)