Les femmes et jeunes du quartier de Carrière (Guinée Conakry) dans la rue pour revendiquer l’eau potable et l’électricité

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La Guinée, qualifiée de « Château d’eau » de l’Afrique de l’ouest en raison des nombreux fleuves qui y prennent leur source, le pays d’Alpha Condé n’en finit pas pourtant avec les émeutes liées à l’eau potable et à l’électricité. Pas plus tard que mardi 3 octobre 2017, femmes et jeunes ont encore manifesté leur ras-le-bol à Conakry.

A Conakry et dans d’autres centres urbains de la Guinée, les revendications d’eau potable et d’électricité sont récurrentes. En témoigne la manifestation de ce mardi 3 octobre par les femmes et jeunes du quartier Carrière (banlieue de Conakry) qui protestaient contre six mois de pénurie d’eau et d’électricité. Paradoxalement, m.le360.ma, il s’agit d’un pays qui dispose d’un énorme potentiel hydroélectrique. Les fleuves et affluents du Niger, Sénégal, Gambie, Kounloutou, Komba, Kolenté, Mano, Cavally,…, qui arrosent la sous-région ouest-africaine prennent leur source en Guinée. Le pays est aussi le plus arrosé de la sous-région avec plusieurs pluies allant de 1.000 mm au nord et nord-est à 4.000 mm le long de la côte. Et malgré tout ce potentiel naturel, l’eau ne coule pas normalement dans les robinets à Conakry et le pays fait face à un déficit électrique important alors que le pays dispose d’un potentiel hydroélectrique d’environ 6.000 mégawatts.

Au moins un mort lors de manifestations pour l’eau et l’électricité

Toutefois, avec l’appui de ses partenaires financiers comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (Bad), la Banque Islamique de développement ou le Japon, la Guinée a entrepris ces dernières années de nombreux projets pour faire du rêve d’eau et d’électricité pour toute une réalité. S’il y a eu quelques améliorations, les problèmes sont quasi permanents. En 2011, le premier gouvernement d’Alpha Condé a initié et lancé le 4e projet Eau de Guinée. Ce projet de 15,77 millions de dollars vise la couverture de l’ensemble des 33 centres urbains du pays, l’augmentation de la consommation de 40 à 63 litres par jour et par personne à l’horizon 2015 à Conakry et à 55 litres par jour et par personne dans les centres de l’intérieur du pays. Six ans après le lancement de ce projet, toutes les ressources financières ne sont pas encore réunies pour sa réalisation. En attendant de mobiliser le financement du 4ème projet, la Société des eaux de Guinée (Seg), entreprise publique d’exploitation des eaux, s’est tournée vers une solution palliative appelée Projet eau et assainissement de Guinée (Peag). Ce projet, financé par la Banque mondiale à hauteur de 15 millions de dollars, s’inscrit dans le but de solutionner la crise d’eau à Conakry et environs.

Selon les derniers chiffres de la Seg, le déficit de production d’eau enregistré sur Conakry oscillait autour de 141.000 m3/jour au 31 décembre 2015. Pour pallier ce déficit, la Seg a procédé depuis 2016 à l’installation de bornes fontaines dans certains quartiers défavorisés de la capitale. Et grâce à la coopération guinéo-japonaise, la Seg va remplacer une des conduites principales dans la capitale.

Energie, avancées dans la construction du grand barrage Souapiti

« La solution définitive envisagée réside dans la réalisation du 4ème projet eau de Conakry qui permettra de résorber entièrement le déficit. En attendant de mobiliser ce financement important mais difficile, il s’est avéré judicieux de se tourner vers la réalisation d’action intermédiaire… », indiquait en octobre 2016, le directeur général de la Seg, Mamadou Djouldé Diallo. Face à l’ampleur du déficit, les solutions palliatives semblent servir à peu de chose. Pour les observateurs, le manque de financement adéquat couplé à la corruption qui gangrène le système de gestion des secteurs de l’eau et de l’électricité, a plongé le pays dans un énorme déficit des deux denrées. Pour ce qui est de l’électricité, le régime Condé a énormément investi dans ce secteur et continue d’y investir. D’abord dans les centrales thermiques de Conakry, puis la construction du barrage hydroélectrique de Kaléta. Doté d’une puissance de 244 mégawatts, ce barrage devrait résorber une bonne partie du déficit énergétique du pays estimé à 400 mégawatts. Mais l’inauguration de Kaléta en 2015, n’a pu sortir le pays des ténèbres. Les responsables de Kaléta ont toujours justifié la situation par des raisons techniques, notamment la vétusté du réseau électrique à Conakry. En attendant le renouvellement du réseau, le gouvernement promet des micros barrage pour solutionner définitivement le problème d’électricité en Guinée. Sauf que les demandes des populations à Conakry, comme dans les provinces, sont pressantes.

Moctar FICOU / VivAfrik

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