L’Association interprofessionnelle du coton (Aic) béninoise soutient que le regain observé dans la filière cotonnière paraît « durable ». En effet, ses estimations, corroborées par celles de l’International cotton advisory committee (l’Icac) rendues publiques par nos confrères de africatime.com, la récolte 2017-2018 est partie sur des bases encore plus élevées et devrait « dépasser les 500 000 tonnes de coton graine ». Le quotidien Jeune Afrique qui confirme cette information ajoute que l’objectif visé par le gouvernement du Bénin est d’atteindre 600 000 tonnes de coton d’ici à 2020. Une vraie bonne nouvelle pour ce pays, dont près de 80 % des recettes d’exportation et 45 % des recettes fiscales proviennent de cette filière.
De l’avis des observateurs, cet envol de la production cotonnière au Bénin s’explique par la fin de la « guerre » que menait l’ex-président Thomas Boni Yayi (2006-2016) contre celui qui deviendra son successeur, Patrice Talon, « roi du coton » et propriétaire de multiples entreprises en amont comme en aval de la chaîne de valeur. Dès ses premières heures à la tête de la magistrature béninoise, M. Talon a par ailleurs engagé une réorganisation de son groupe – notamment en élargissant les activités de la Société pour le développement du coton (Sodeco), principal égreneur du pays, à la distribution d’intrants – et transmis une partie de ses actifs à ses proches. Ces raisons expliquent à suffisance le fait que la récolte du coton pour la campagne 2016-2017 a affiché des niveaux record et la prochaine campagne s’annonce encore meilleure. 2016 a connu un rebond spectaculaire de plus de 67 %, de 104 000 à 174 000 tonnes (de 260 000 à 453 000 tonnes de coton graine récolté).
A noté que la filière cotonnière a connu une longue période de traversée du désert notamment en 2015, marquée par un recul de 38 % de la production de coton fibre (après égrenage). En 2005, 171 000 tonnes seulement été produites. Après une décennie jalonnée de trous d’air, dont 2010 fut l’annus horribilis (60 000 tonnes), correspondant aux difficultés de la fibre sur le marché international (rendements qui stagnent, concurrence du polyester) et à une gestion discutable de la filière au Bénin, concernant notamment les importations d’intrants.
Moctar FICOU / VivAfrik


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