L’exploitation forestière illégale en Afrique et ses implications en matière de sécurité

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Par C. Browne, Catherine Lena Kelly, and Carl Pilgram

L’exploitation forestière illégale est une caractéristique croissante de la criminalité transnationale organisée en Afrique, souvent facilitée par la collusion de hauts fonctionnaires, avec des répercussions considérables sur la sécurité et l’environnement des pays concernés.

On estime que les pays africains perdent chaque année 17 milliards de dollars à cause de l’exploitation illégale des forêts. Cela fait partie d’un marché mondial dont la valeur économique se situe entre 30 et 150 milliards de dollars. Le bénéfice net du seul commerce illégal du charbon de bois en Afrique est estimé à 9 milliards de dollars, « à comparer aux 2,65 milliards de dollars d’héroïne et de cocaïne vendus dans la rue dans la région ». Les espèces de bois de grande valeur font l’objet d’une immense demande mondiale, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) indiquant que la part de l’Afrique dans les exportations de bois de rose vers la Chine est passée de 40 % en 2008 à 90 % en 2018.

L’exploitation forestière illégale amplifie également les effets du changement climatique en aggravant la déforestation et en réduisant la biodiversité. Ce phénomène est particulièrement visible dans le bassin du Congo et les tourbières, qui constituent l’un des plus grands puits de carbone au monde. Si elles sont perturbées, elles pourraient libérer l’équivalent de 20 ans d’émissions de combustibles fossiles des États-Unis.

Le trafic de bois a également alimenté les menaces à la sécurité provenant des groupes criminels organisés et des organisations extrémistes violentes. Les réseaux de trafiquants basés en Tanzanie et en République démocratique du Congo liés à l’Ahlu-Sunnah Wa-Jama et à d’autres groupes militants au Mozambique, par exemple, gagnaient environ 2 millions de dollars par mois grâce à l’exploitation forestière illégale en 2019.

L’exploitation forestière illégale accélère également la corruption. En République du Congo, la législation nationale limite l’exportation de certains bois durs rares à seulement 15 % de la production annuelle d’une société d’exploitation forestière. Cependant, la collusion entre les acteurs politiques et commerciaux a conduit à ce que cette règle soit souvent bafouée. Non seulement cela prive les citoyens congolais des bénéfices de leur richesse en ressources naturelles, mais la dégradation de la forêt prive également les communautés locales d’une source durable pour leurs moyens de subsistance économiques.

L’exploitation forestière illégale fait partie d’un cercle vicieux de gouvernance opaque, d’exploitation et d’insécurité qui privilégie la recherche du profit par certains fonctionnaires et acteurs étrangers. Ces schémas réduisent la légitimité du gouvernement dans son ensemble, ce qui contribue à l’instabilité et à la violence.

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