La perspective d’exploitation pétrolière et gazière au Sénégal engendre de nouvelles menaces sur les écosystèmes marins et côtiers. L’engouement pris par le Sénégal en faveur de cette exploitation vient s’ajouter à la liste déjà longue de menaces qui pèsent sur notre environnement marin et côtier. Pratiquement toute la zone côtière et marine, y compris des zones primordiales de biodiversité, des zones de pêche clés et des sites de tourisme importants, ont été divisés en blocs ouverts aux activités d’exploration pétrolières et gazières. De nombreuses entreprises font de la prospection de pétrole et de gaz tandis que d’autres sont en phase imminente d’exploitation, a regretté Thaddée Adiouma Seck, agent principal de programme à Natural justice.
C’est pourquoi, a-t-il dit alors qu’il s’exprimait lors de la cérémonie d’ouverture du camp climat de Marlothieu dans les Îles du Saloum organisé par l’ONG LSD Sénégal, « il est important de rappeler aux autorités sénégalaises que l’exploitation du pétrole, notamment offshore, peut gravement endommager les ressources marines et côtières. En outre, comme cela a été démontré à maintes reprises dans le monde, ce secteur crée peu d’emplois et plutôt que d’encourager le développement durable, il déstabilise souvent l’environnement socio-économique et politique dans la région ».
Thaddée Adiouma Seck qui présentait une communication qui a pour thème : « Exploitation du pétrole et du gaz au Sénégal : état des lieux et enjeux environnementaux » a listé les enjeux environnementaux de l’exploitation du pétrole mais aussi les impacts prévus au Sénégal. Parmi ces enjeux, il cite le « bruit et des vibrations ; des déchets de production solides et liquides ; un accroissement de la turbidité de l´eau lié au dragage ; une perturbation des fonds marins ; un évitement de la zone par la faune marine comme des poissons et les mammifères marins à cause du bruit lié à la construction, la vibration et la présence d’équipements érigés ; des invasions possibles d’espèces exotiques transportées par les eaux de ballast des navires d’assistance/de soutien et des pétroliers ».
L’expert Sénégalais a aussi invité les autorités du Sénégal a évité les erreurs du Nigéria. « Dans le delta du Niger, le brut a pénétré les sols jusqu’aux nappes phréatiques. Depuis le début de l’exploitation pétrolière dans la plus grande discrétion, la pollution détruit cette région du sud-est du Nigeria : l’eau est souillée, la pêche et l’agriculture impossibles ».
Selon woodside, la compagnie chargée de l’exploitation de ce pétrole, « à Sangomar, la campagne d’installation sous-marine a commencé en septembre 2022 et le forage de développement a progressé, six des 23 puits prévus étant désormais terminés. Le projet était achevé à 70% à la fin du trimestre et la première huile est prévue pour le second semestre 2023 », a rappelé M. Seck qui évoque le Third quarter report for period ended 30 september 2022, 20 octobre 2022.
A l’en croire, woodside dispose d’un registre des engagements notamment les contrôles de procédé, dispositifs d’alarme et d’arrêt de sécurité en place pour prévenir les émissions imprévues ; la réduction au minimum des émissions dans l’atmosphère résultant du torchage, conformément à l’initiative « Le torchage zéro de la Banque mondiale à l’horizon 2030 », dont Woodside est un signataire ; une surveillance acoustique passive (PAM) sera effectuée durant les opérations de battage de pieux à marteau pour permettre de détecter la présence de cétacés évoluant en eaux profondes (baleines à bec) ; si des mammifères marins sont observés ou décelés dans la zone contrôlée (dans un rayon de 500 m de toute opération de battage de pieux), le démarrage sera reporté jusqu’à ce qu’ils soient partis, en laissant un temps suffisant après la dernière observation ; les es prises d’eau de mer du FPSO seront équipées d’écrans pour prévenir le piégeage faunique…
L’agent principal de programme à Natural justice a enfin souligné les mesures prises par l’Etat du Sénégal plus précisément les directives spécifiques du secteur des hydrocarbures au Sénégal.
Ces directives sont entre autre « la réglementation sur les rejets et déversements liés aux activités pétrolières et gazières au Sénégal et sur la responsabilité en matière de déversements ou de rejets relatifs au pétrole et au gaz ; la réglementation sur la sécurité et la santé au travail (pétrole et gaz) ; la réglementation sur les forages d’exploration, de délinéation, de développement et la production offshore et one shore du pétrole et du gaz ; la règlementation sur les certificats de conformité lies a l’exploitation du pétrole et du gaz ; la règlementation sur les études géophysiques liées à la recherche du pétrole et du gaz ; la réglementation sur les exigences financières en matière d’opérations pétrolières ; la réglementation sur les installations pétrolières et gazières et le règlement sur les opérations de plongée liées aux activités pétrolières et gazières au Sénégal ».
Moctar FICOU / VivAfrik


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