Cameroun : Cécile Ndjebet parmi les gagnants de la grande distinction onusienne de l’environnement

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  • Les Nations Unies ont initié depuis 2005 une récompense aux personnes qui se distinguent dans la restauration des écosystèmes et dans la protection de l’environnement.
  • Cette année, parmi les lauréats, il y a Cécile Ndjebet, activiste de l’environnement au Cameroun, pays de l’Afrique centrale et dont la grande partie des forets fait parties du bassin du Congo.
  • « Les Champions de la Terre » sont la plus haute distinction environnementale des Nations Unies. Le prix récompense les individus et les groupes dont les actions ont un impact transformateur sur l’environnement, selon l’agence onusien de l’environnement.
  • En reconnaissant les succès obtenus sur les lignes de front environnementales, le prix cherche à inspirer l’espoir et l’action pour un avenir plus durable, selon toujours les Nations Unies. Les Champions de la Terre sont des pionniers de l’environnement et affirment que l’humanité a l’ingéniosité et l’ambition de protéger et de restaurer notre environnement.

Sur le continent africain, c’est Cécile Bibiane Ndjebet qui a été récompensée dans la catégorie « Inspiration et action », selon un communiqué rendu public par les Nations Unies ce mardi matin.

Cécile Ndjebet, une Camerounaise, « est une femme défenseure infatigable des droits des femmes en Afrique à la sécurité foncière Élément essentiel pour qu’elles puissent jouer un rôle dans la restauration des écosystèmes, la lutte contre la pauvreté et l’atténuation des effets du changement climatique», selon le même communiqué parvenu à la rédaction.

Ndjebet, d’une fratrie africaine, et qui a fait des études malgré la résistance des coutumes de sa région, mène également des actions visant à « influencer les politiques en matière d’égalité des sexes dans la gestion des forêts dans 20 pays africains », selon le communiqué.

Contactée par téléphone, Cécile Bibiane Ndjebet a affiché un sentiment de joie immense après cette annonce.

« Le sentiment c’est celui de satisfaction, de joie.  Je suis très contente d’avoir reçu cette distinction et en même temps, je me sens encore plus motivée dans ce que je veux faire. Je sens mais aussi une lourde responsabilité de faire davantage avancer cette cause ».

Cécile Bibiane Ndjebet, défenseure infatigable, est actuellement au Nigeria dans l’Etat d’Ebo où elle assure une formation sur l’environnement. Pour elle, pas question de s’assoir et de garder les bras croisés.

Reprenant les mots de Wangari Maathai, championne kenyane de l’environnement, décédée il y a peu, Cécile Ndjebet souligne qu’il faut réellement bercer l’environnement « parce qu’il est notre vie »

Une décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes.

Ce prix décerné aux défenseurs de l’environnement est octroyé en plein début d’une initiative environnementale de dix ans lancée par les Nations Unies.

Selon le communiqué,  à « la suite du lancement de l’initiative « Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes » (2021-2030), le prix de cette année met en lumière les efforts déployés pour prévenir, stopper et inverser la dégradation des écosystèmes dans le monde entier ».

Actuellement, déplore l’instance environnementale de l’ONU, les écosystèmes de tous les continents et de tous les océans sont confrontés à de graves menaces.

L’ONU regrette que chaque année, la planète perd une surface forestière équivalente à la superficie du Portugal. Notons que le Portugal a une superficie de 505.990 km2.

Cécile Bibiane Ndjebet tenant un plant avant de le planter. Elle considère la nature comme un bébé qu'il faut protéger à tout prix.
Cécile Bibiane Ndjebet tenant un plant avant de le planter. Elle considère la nature comme un bébé qu’il faut protéger à tout prix. Photo de UNEP

Les océans avalent 11 millions de tonnes de plastiques

Alors que le réchauffement climatique bat son plein, les Nations Unies, à travers son programme dédié à l’environnement, regrettent que les océans soient menacés par des activités excessives de pêche tandis qu’une douzaine de millions de tonnes de plastiques finissent dans le ventre des océans déjà menacés par l’activité humaine.

Le communiqué onusien tire la sonnette d’alarme : « Les océans sont victimes de la surpêche et de la pollution. 11 millions de tonnes de plastique finissent chaque année dans les milieux marins. Un million d’espèces sont menacées d’extinction en raison de la disparition ou de la pollution de leurs habitats ».

Ainsi, Cécile Ndjebet est l’un des 2000 candidats reçus par l’ONU cette année. Sortie victorieuse, elle est reconnue pour avoir aidé la terre à restaurer son écosystème dans une vingtaine de pays de l’Afrique.

Car, estime l’ONU, la restauration des écosystèmes est essentielle pour maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C et aider les sociétés et les économies à s’adapter aux changements climatiques.

La lutte contre la faim

La restauration de l’écosystème est d’une aide capitale selon l’organe onusien, qui ajoute qu’elle est également cruciale pour lutter contre la faim. En effet, « la restauration par l’agroforesterie pourrait, à elle seule, améliorer la sécurité alimentaire de 1,3 milliard de personnes », estime l’agence.

Par ailleurs, selon toujours l’organe onusien, la restauration de seulement 15 % des terres converties pourrait réduire de 60 % le risque d’extinction d’espèces annoncées.

Des jeunes femmes au tours de Cécile Bibiane Ndjebet avec des plants dans la campagne de restauration de la terre. Photo de UNEP
Des jeunes femmes au tours de Cécile Bibiane Ndjebet avec des plants dans la campagne de restauration de la terre. Photo de UNEP

Qui est Cécile Bibiane Ndjebet, lauréate du prix onusien de l’environnement ?

Cécile Ndjebet n’est pas une inconnue sur Mongabay et dans les milieux des défenseurs de l’environnement.

En mars dernier, Mongabay avait publié le profil de cette battante de l’environnement. Elle est née en 1962 à Édéa au Littoral et est issue d’une famille d’agriculteurs.

Selon ses propres dires, Cécile Ndjebet,  dont les parents étaient qualifiés au « travail de la terre », a été en contact avec celle-ci dès le bas âge. C’est ainsi que l’amour de la nature est né car, disait-elle en mars dernier, elle était en contact direct avec la nature et l’a immédiatement aimée.

Cécile Ndjebet est connue pour des alarmes contre la disparition de certaines villes, notamment celles qui sont situées au bord de l’océan suite à la destruction de la mangrove au Cameroun.

L’activiste camerounaise prédit que certaines villes ou quartiers, dont Douala, sont menacés suite à la coupe de la mangrove et risquent de disparaitre.

Dans son interview en mars dernier, elle explique que plus de 85% des habitants des villes ont recours à la mangrove dans leur vie. Cette pratique, dit l’activiste ,  accentue la pression sur cet plante utile qui il protège les villes contre la montée des eaux, les inondations et les vents violents.

Connue depuis trois décennies, Cécile Ndjebet est une pionnière dans la lutte pour la protection de la nature et de la biodiversité au Cameroun. En effet, son travail commence alors qu’elle était âgée de moins 29 ans, entre 1990 et 1992.

La lauréate a été encouragée à s’engager par la publication des premières recherches sur la destruction de l’environnement les années 90. A cette époque le Cameroun n’avait pas encore une loi sur la protection de l’environnement.

Les publications de Madame Ndjebet montraient davantage les impacts négatifs de l’action humaine, notamment la destruction de la couche d’ozone.

Ainsi Cécile Ndjebet, qui est aussi chercheure en environnement, a ouvert la voie à une mise en place d’une loi en faveur de l’environnement. Elle a aussi contribué à la reconnaissance du droit des communautés dans la gestion durable et dans la lutte contre la destruction de la mangrove.

C’est ainsi qu’entre 1994 et 1996, son travail a influencé les politiques. Ce qui a débouché sur la mise en place des premiers textes juridiques sur les forêts, la faune et la pêche

A cette époque une autre loi connue comme «la loi-cadre relative à la gestion de l’environnement » a été instaurée. Elle est toujours en vigueur au Cameroun. Cécile Ndjebet a aussi participé à l’élaboration de la loi forestière de 1994 qui a été promulguée une année plus tard.

Les autres lauréats

Les Champions de la Terre, tels que baptisés par l’ONU « inspirent, défendent, mobilisent et agissent pour relever les plus grands défis environnementaux de notre temps ».

Les prix de cette année récompensent les lauréats dans les catégories Inspiration et action, vision entrepreneuriale et Science et innovation, selon toujours le communiqué onusien.

Ces lauréats sont, à part Cécile Ndjebet basée en Afrique, Arcenciel basée au Liban. C’est une société qui recycle au moins 80% des déchets. Constantino (Tino) Aucca Chutas, du Perou, a été récompensé pour sa formule de reboisement qui met un accent particulier sur les communautés de base. Sir Partha Dasgupta est un autre lauréat de la prestigieuse récompense onusienne. Il est du Royaume Uni et est récompensé suite à son ouvrage qui présente des réformes et des références sur l’économie de la biodiversité. La Dr Purnima Devi Barman d’Inde a aussi été récompensée. Elle est à la tête d’un mouvement féminin dit Hargila Army dédié à la protection de la nature en Inde.

Depuis sa création en 2005, le prix Champions de la Terre a été attribué aux scientifiques pionniers, à des chefs d’État, à des militants communautaires, écologistes, etc.

Parmi les lauréats récents on note le Premier ministre de la Barbade Mia Mottley, l’historien de la nature et radiodiffuseur Sir David Attenborough, la biologiste Sylvia Earle et l’homme d’État américain Al Gore.

Notons que depuis 2005, le prix Champions de la Terre a été reçu par 111 lauréats dont 26 leaders mondiaux, 69 individus et 16 organisations.

(mongabay.com)

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