L’idée de création d’un fonds pour financer la biodiversité tant agitée à la COP15 divise les négociateurs alors que les ministres de l’Environnement de quelque 110 Etats ont débuté, jeudi 15 décembre 2022 au Canada, une session de négociation décisive.
Faut-il d’abord s’entendre sur les financements pour que l’ambition suive, ou attendre d’avoir des engagements fermes sur les objectifs à atteindre pour ensuite discuter des ressources ?, s’interrogent nos confrères de Le Monde. Qui relèvent que l’enjeu des moyens financiers, et particulièrement la question de la création d’un nouveau fonds, a largement entravé l’avancée des discussions de la 15ème Conférence mondiale (COP15) pour la biodiversité. Les ministres de l’Environnement de quelque 110 Etats ont débuté, jeudi 15 décembre 2022 au Canada, une session de négociation décisive. Des signaux politiques étaient attendus pour tenter de sortir de l’impasse et pour avancer de front sur les sujets les plus complexes.
En effet, plus d’une centaine de ministres de l’Environnement se retrouvent à Montréal pour la COP15, afin de tenter de trouver une issue aux négociations qui visent à stopper la destruction de la planète et de ses ressources. Cependant, ces négociations sont dans l’impasse en raison de la question des moyens financiers. Pourquoi est-elle source de désaccords ?
Les négociations politiques de la COP15 ont démarré le 15 décembre 2022. Cependant, le dialogue entre les différents pays se crispe. David Ainsworth, porte-parole de la Convention de l’ONU sur la biodiversité explique que « l’atmosphère s’est détériorée » dans la nuit du 13 au 14 décembre (2022), lorsque la création d’un fond mondial pour la biodiversité a été abordée.
Selon Le Monde, la COP15 est censée déboucher, d’ici au 19 décembre 2022, sur l’adoption d’un accord mondial pour mettre un terme à l’effondrement de la biodiversité d’ici à 2030. « Il y a encore tellement de choses à faire, et le temps va bientôt manquer », a rappelé au Monde, la vice-secrétaire générale des Nations unies, Amina J. Mohammed, lors de l’ouverture des débats. « Les pays développés doivent soutenir financièrement les nations en développement pour que l’accord mondial soit mis en œuvre. C’est très important pour ces pays qui abritent une grande part de la biodiversité mondiale et supportent un coût disproportionné pour la perte progressive de ce bien commun », a-t-elle aussi insisté.
Pour sa part, Masha Kalinia, de l’ONG Pew Charitable Trusts, interrogée par l’AFP, a estimé que les négociations sont à un « moment charnière. » Selon elle, tout peut basculer maintenant et il y a un risque de blocage des discussions « qui pourraient être introductives ». Mais quels sont les éléments qui causent ce blocage ?
Emmenés par le Brésil, l’Inde, l’Indonésie et le continent africain, des dizaines de pays réclament des « subventions financières d’au moins 100 milliards de dollars par an, ou 1% du Produit intérieur brute (PIB) mondial d’ici à 2030 ». Cela représente dix fois les montants des aides actuelles entre le Nord et le Sud pour la biodiversité, et autant que ceux promis pour la lutte contre le réchauffement climatique.
Actuellement, explique à information.tv5monde.com, Gilles Kleitz, directeur exécutif des solutions de développement durable à l’Agence française de développement, le monde dépense « environ 130 à 140 milliards de décoller par an pour la biodiversité, essentiellement dans des fonds publics dépensés au sein des pays riches alors que très peu d’argent va vers le sud ».
Une vaste coalition, dont font partie des pays africains, le Brésil, l’Inde ou encore l’Indonésie, appelle à une hausse considérable des financements du Nord vers le Sud, mais aussi à la création d’un nouveau mécanisme qui viendrait compléter l’actuel Fonds pour l’environnement mondial (FEM). Signe du niveau de tension, des délégués du Sud avaient quitté un groupe de travail, dans la nuit de mardi à mercredi, pour dénoncer l’inflexibilité des négociateurs du Nord sur ce sujet, a encore renchéri Le Monde.
« Comment le monde développé peut-il reconnaître l’ampleur des crises planétaires et ne pas répondre aux appels à une plus grande ambition dans le financement de la biodiversité, au-delà de l’architecture existante, par le biais de stratégies et d’instruments supplémentaires et innovants ? », s’est interrogée dans les colonnes du journal Le Monde, l’équipe de transition brésilienne dans une lettre adressée mercredi 14 décembre 2022 à la Convention sur la diversité biologique des Nations unies.
« Les pays africains sont venus à Montréal avec l’intention d’adopter un cadre global pour la biodiversité. Mais si on ne dispose pas des moyens nécessaires à sa mise en œuvre, ça ne sert rien. Nous avons besoin d’un fonds entièrement dédié à la biodiversité qui soit différent du FEM, dont nous connaissons les limites », a aussi expliqué au journal Le Monde, Jeremy Tinga Ouédraogo, coordinateur de programmes au sein de l’Agence de développement de l’Union africaine.
Moctar FICOU / VivAfrik


Laisser un commentaire