Nourrir l’Afrique : Dakar 2, un nouveau départ pour l’Afrique ou du déjà-vu ?

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Par Adama WADE

La brochette de chefs d’Etat et de dirigeants africains réunis depuis le 25 janvier 2022 à Dakar autour de l’objectif de « Nourrir l’Afrique » se sont relayés au pupitre hier, lors de la première journée, pour réaffirmer leur « ferme volonté » de parvenir à la sécurité et à la souveraineté alimentaire et agricole de l’Afrique.

Du président de la BAD, Akinwumi Adesina, qui a rappelé les 75 milliards de dollars de facture alimentaire sous forme d’importations alimentaires du continent, scandant son inusable « it is time for Africa to feed Africa », au président Macky Sall du Sénégal, qui a décrit une crise sans précédent, imposant à notre continent de mettre fin à la dépendance alimentaire du continent, tous ont prêché dans le même sens. « L’Afrique doit apprendre à se nourrir par elle-même et à contribuer à donner de la nourriture au reste du monde », a encore scandé Macky Sall dans un discours qui a brossé le potentiel africain et le paradoxe de la situation.

Le nigérian Muhammadu Buhari a abondé dans le même sens, avec une intervention quasi -épiscopale. L’Afrique doit « accélérer l’impératif » d’aller vers de plus grands investissements en vue de pouvoir se nourrir elle-même « aujourd’hui et dans le futur ».

Urbi et orbi, le malgache Andry Rajoelina, jamais à court de la bonne formule, a assuré que l’Afrique a « des armes beaucoup plus puissantes que les bombes et des chars ». Le mauritanien Mohamed Ghazouani a enfoncé une porte ouverte, appelant à exploiter « le potentiel agricole du continent en allant résolument vers la transformation au profit des populations en lieu et place de l’importation abusive des denrées de première nécessité ».

Autre dirigeant à intervenir, le tchadien Moussa Faki Mahamat, amer sur les partenaires étrangers et le rôle du secteur privé africain. « Le potentiel agricole africain est énorme. Mais son exploitation se heurte au scepticisme des partenaires étrangers et aux hésitations du secteur privé africain et des institutions financières », a dit M. Mahamat.

Reste maintenant, au-delà des déclarations de bonne foi, à passer des slogans à la réalité. Et sur ce point, les présidents sénégalais (Macky Sall), malgache (Andry Rajoelina), équato-guinéen (Teodoro Obiang Nguema Mbasogo , kenyan (William Ruto), irlandais (Michaels D. Higgins), bissau guinéen (Umaro Sissoco Embaloà, togolais (Faure Gnassingbé), mauritanien (Mohammed Ould Ghazouani) et nigérian (Muhammadu Buhari), tanzanien (Samia Suhulu Hassana), zimbabwéen, qui ont fait le déplacement de Dakar, doivent aller au-delà du discours de peur de reproduire l’échec du protocole de Maputo (consacrer 10% du PIB au secteur agricole) ou encore le plan de Lagos.

Adama WADE, Directeur de publication de Financial Afrik. Dans la presse économique africaine depuis 17 ans, Adama WADE a eu à exercer au Maroc dans plusieurs rédactions. Capitaine au Long Cours de la Marine Marchande et titulaire d’un Master en Communication des Organisations, Adama WADE a publié un essai, « Le mythe de Tarzan », qui décrit le complexe géopolitique de l’Afrique.

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