Les experts ont alerté que les vidanges brutales de lacs glaciaires représentent un risque pour les populations vivant en aval, principalement en Inde, au Pakistan, au Pérou et en Chine. Conséquence directe du réchauffement climatique, la fonte des glaciers crée de plus en plus de lacs glaciaires dans les chaînes de montagnes. Aujourd’hui, environ 15 millions de personnes dans le monde pourraient être menacées par des crues liées à ces lacs, selon une étude publiée dans la revue Nature Communications, mardi 7 février 2023.
En effet, les inondations déjà mortelles devraient se multiplier avec l’accroissement des effets du réchauffement climatiques. Certains pays seront particulièrement menacés. Ces inondations violentes issues des lacs glaciaires formés ou élargis par le changement climatique menacent au moins 15 millions de personnes dans le monde, signale l’étude. Quatre pays sont particulièrement à risque à savoir l’Inde, le Pakistan, la Chine et le Pérou, notent les chercheurs ayant réalisé cette première évaluation mondiale des zones menacées par ce phénomène.
Le volume des lacs formés lors de la désintégration des glaciers dans le monde en raison du réchauffement climatique a bondi de 50% en 30 ans, selon une précédente étude de 2020 basée sur des données satellitaires.
Lorsqu’un glacier se retire, un amas de blocs et de débris rocheux se forme devant le glacier. Ce bourrelet, appelé moraine frontale, crée un barrage naturel qui retient l’eau de fonte. S’il n’y a pas d’exutoire en aval, comme un torrent ou une cascade, cette eau se transforme en lac. « Le problème, c’est que ces moraines ne sont pas forcément faites de matériaux très solides. Ce sont donc des lacs qui se créent, maintenus par des barrages plus ou moins résistants », a expliqué Olivier Gagliardini, professeur à l’université Grenoble-Alpes et à l’Institut des géosciences de l’environnement (IGE), qui n’a pas travaillé sur cette étude.
Ces lacs, formés de quelques dizaines à quelques millions de mètres cubes d’eau, peuvent rapidement devenir menaçants. « Des inondations peuvent se produire très rapidement lorsqu’un de ces barrages naturels se brise. C’est le cas lorsqu’une avalanche ou un bloc de glace tombe dans le lac et forme une vague ou, simplement, lorsque le volume d’eau devient trop important », a expliqué Tom Robinson, chercheur au département de sciences géologiques de l’université de Canterbury en Nouvelle-Zélande, et coauteur de l’étude.
Des inondations qui font déjà des milliers de morts
Ces lacs sont particulièrement instables car ils sont le plus souvent endigués par de la glace ou des sédiments composés de roches meubles et de débris. Lorsque l’eau accumulée éclate à travers ces barrières naturelles, des inondations massives peuvent se produire en aval, provoquant des milliers de morts sur leur passage.
« Ce ne sont pas les zones avec le plus grand nombre de lacs glaciaires ou ceux dont le gonflement est le plus rapide qui sont forcément les plus à risques », explique l’auteure principale de l’étude, Caroline Taylor, doctorante à l’Université de Newcastle en Angleterre.
« Le danger vient plutôt du nombre de personnes à proximité desdits lacs et de leur capacité à affronter ou pas une inondation », précise-t-elle.
Ainsi, des milliers de personnes ont été tuées par des inondations causées par le débordement de lacs glaciaires en Asie des hautes montagnes, mais seulement une poignée dans le nord-ouest du Pacifique situé en Amérique du Nord, même si cette région en compte deux fois plus.
Inde et Pakistan particulièrement menacés
Selon l’étude, quelque 90 millions de personnes dans 30 pays vivent dans 1089 bassins lacustres glaciaires et 15 millions d’entre elles résident à moins d’un kilomètre de la voie que pourrait emprunter une inondation.
Rien que dans la zone des hautes montagnes asiatiques, plus de neuf millions de personnes se trouvent en ligne directe d’inondations potentielles de lacs glaciaires, dont cinq millions dans le nord de l’Inde et au Pakistan. Ce dernier pays, qui compte plus de 7 000 glaciers dans les spectaculaires chaînes de montagnes de l’Himalaya, a connu des inondations dévastatrices l’été dernier, qui ont touché plus de 33 millions de personnes.
Des recherches récentes ont montré que la moitié des 215 000 glaciers de la Terre et un quart de leur masse fondront d’ici la fin du siècle, même si le réchauffement climatique peut être plafonné à 1,5°C, l’ambitieux objectif de l’accord de Paris que de nombreux scientifiques considèrent désormais comme hors de portée. Au cours du siècle dernier, un tiers de l’élévation mondiale du niveau de la mer provenait de la fonte des glaciers.
Moctar FICOU / VivAfrik
Avec AFP & bfmtv.com


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