Création d’un fonds de 100 millions d’euros, conclusion phare du One Forest Summit

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Les experts ayant pris part au « One Forest Summit » ont planché sur la manière d’attirer les investissements nécessaires dans les pays forestiers du Sud. A cette occasion, le président français, Emmanuel Macron a annoncé 100 millions d’euros additionnels à disposition des Etats qui veulent accélérer leur stratégie de protection des réserves vitales de carbone et de biodiversité. Aussi, les six chefs d’États présents à cette réunion internationale sur la conservation des forêts, la protection du climat et de la biodiversité ont adopté un document baptisé « Plan de Libreville ».

Ce plan de Libreville s’inspire des principales résolutions de la COP27. Les politiques présents au sommet se sont engagés à stopper la déforestation comme solution efficace dans la lutte contre le changement climatique. Mesure phare de ce plan, la création d’un fonds doté d’une enveloppe de 100 millions d’euros.

« Nous allons mettre 100 millions d’euros additionnels pour les pays qui souhaitent accélérer leur stratégie de protection des réserves vitales de carbone et de biodiversité dans le cadre des partenariats », a déclaré le président français Emmanuel Macron. La Fondation Walton participera à hauteur de 20 millions d’euros, Conservation international pour 30 millions d’euros et la France met sur la table 50 millions d’euros, a détaillé le président français.

Ce fonds servira à financer un mécanisme de rémunération des pays exemplaires dans la conservation des forêts et la sauvegarde de leurs stocks vitaux de carbone et de biodiversité, via des « certificats biodiversité ». Ces certificats pourront être échangés avec des États souverains ou avec le secteur privé « au titre de contribution à la protection de la nature », a précisé le chef de l’État français.

Signalons que les forêts tropicales humides sont le deuxième « puits de carbone » de la planète après les océans, capables d’absorber d’immenses quantités de CO2 chaque année. Un peu plus d’un milliard d’hectares, principalement en Amazonie, dans le bassin du Congo et en Asie du Sud-Est, que les scientifiques exhortent à préserver et à restaurer pour qu’ils gardent leur rôle essentiel de régulateur du climat. Mais pour les conserver, les besoins financiers sont massifs. Or les fonds ont encore du mal à affluer.

Cartographier les puits de carbone verts

Ce mécanisme répond au « modèle défaillant » du marché carbone qui a « dérivé ces dernières années sur un marché volontaire » et « déprécié le prix du carbone » avec des « phénomènes de greenwashing », a regretté Emmanuel Macron. « Le grand risque, si on s’arrête là, c’est qu’une défiance qui s’installe à l’égard des crédits carbone », a-t-il prévenu.

Les chercheurs de leur côté ont lancé le projet One Forest Vision qui ambitionne de mieux connaître la valeur des trois grands bassins forestiers du monde en les cartographiant dans les prochaines années : la forêt amazonienne, le bassin du Congo et les forêts tropicales d’Asie du Sud-Est.

En effet, les crédits carbone figurent en bonne place parmi les grandes pistes passées au crible. Il s’agit d’un mécanisme qui permettrait à un Etat d’émettre ses propres crédits pour les vendre à des Etats ou à des entreprises qui cherchent, au-delà de leurs efforts pour réduire leurs émissions de CO2, des contributions positives aux réductions d’émissions dans les pays du Sud.

Une solution mise en avant notamment par le Gabon, pays hôte du sommet. Libreville y voit là un moyen de se faire rémunérer sur l’augmentation du stock de carbone de ses forêts, lui qui revendique d’avoir 90 millions de tonnes à vendre. « Les Etats concernés par la conservation des forêts sont évidemment très intéressés par les marchés des crédits carbone », confirme un bon connaisseur du système.

Pour leur part, les chefs d’entreprises, réunis dans un One Forest Business Forum, ont lancé une initiative qui vise à créer dix millions d’emplois dans les activités liées à la gestion durable des forêts d’ici 2030. Le plan de Libreville est volontariste et met au cœur de toutes ces actions les populations locales qui vivent autour des forêts.

Une rencontre annuelle ?

Le chef de l’État gabonais Ali Bongo s’est félicité du travail effectué à Libreville, espérant que le One Forest Summit ne sera pas un sommet de plus avant la COP 28 à Dubaï : « Lorsque Emmanuel Macron et moi avons décidé de coorganiser le sommet au Gabon, un pays recouvert à 90% de forêts tropicales humides, c’était l’expression d’une ambition commune : réunir les nations du monde entier à s’engager, à préserver, à restaurer les forêts de notre planète, témoins de la prise de conscience collective du rôle que jouent les forêts dans cette crise climatique et écologique mondiale. »

Le président français a suggéré que le One Forest Summit devienne une rencontre annuelle, soit dans un pays africain soit sur un autre continent pour évaluer les engagements pris et les résultats obtenus.             

Moctar FICOU / VivAfrik                         

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