Une étude renseigne que la déforestation tropicale réduit considérablement les précipitations               

Une étude scientifique publiée dans la revue Nature à l’occasion du One Forest Summit, qui s’est tenu à Libreville au Gabon du 1er au 2 mars 2023 a fait valoir que, de l’Amazonie aux forêts d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, la déforestation à grande échelle menace de réduire les précipitations sous les tropiques. Il s’agit du premier sommet mondial consacré à la protection des forêts, et plus particulièrement des forêts tropicales.

Le risque est le plus aigu dans le bassin du Congo, sur lequel plane la menace d’une déforestation rapide dans les années à venir. Les précipitations pourraient y diminuer de 10% d’ici à la fin du siècle, avertissent les chercheurs. « Nous pourrions arriver à un point où les forêts tropicales ne pourront plus se renouveler », s’est inquiété l’auteur principal de l’étude, Callum Smith, de l’université de Leeds.

Une nouvelle étude contredit de précédentes recherches

À l’aide de données satellites recueillies de 2003 à 2017 dans les régions tropicales de l’Amazonie, du Congo et de l’Asie du Sud-Est, M. Smith et ses collègues ont constaté que la déforestation à grande échelle perturbe le cycle de l’eau et entraîne une réduction significative des pluies, les pertes les plus importantes se produisant pendant les saisons humides. Les arbres rejettent en effet de la vapeur d’eau à travers leurs feuilles, ce qui peut provoquer des pluies localisées.

Des recherches antérieures sur la déforestation à petite échelle suggéraient cependant que la déforestation était susceptible, à l’inverse, d’augmenter les précipitations dans certaines régions. Mais à grande échelle, il y a « moins d’humidité renvoyée dans l’atmosphère, ce qui réduit les précipitations ». Il appelle à accroître les efforts de conservation, les recherches ayant montré que la restauration de vastes forêts détruites pourrait en partie inverser le phénomène.

Le Bassin du Congo au cœur du One Forest Summit

Dans le bassin de l’Amazone, plus grand biome tropical du monde, le changement climatique, associé à la déforestation, fait craindre un « point de basculement » où la forêt tropicale passerait à un état proche de la savane, préviennent les scientifiques.

Si l’importance des forêts tropicales pour le climat mondial n’est plus à prouver (elles absorbent et stockent massivement le carbone qui réchauffe la planète), l’impact de la déforestation sur les climats locaux n’avait été observé que dans quelques zones spécifiques. L’étude est publiée en plein One Forest Summit, qui réunit experts et dirigeants du monde entier, dont Emmanuel Macron, au Gabon.

Le Bassin du Congo, « puits » de carbone crucial et refuge d’espèces rares (le deuxième en surface après l’Amazonie) est au cœur des débats. La déforestation y accélère au profit des pâturages pour le bétail, de l’exploitation du bois ou des cultures comme l’huile de palme et le soja, nuisant également aux communautés autochtones. Le rendement des cultures pourrait cependant diminuer en même temps que la couverture forestière, avertissent les chercheurs. La sécheresse accrue pourrait quant à elle augmenter la fréquence des incendies.

Moctar FICOU / VivAfrik


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