La Banque africaine de développement (BAD) a mis au point des instruments financiers visant à « accélérer et prélever » 3,5 milliards de dollars d’indemnisation aux fermiers blancs dont les terres leur ont été prises par le gouvernement du Zimbabwe, a déclaré lundi 15 mai 2023 son président le Nigérian Akinwumi Adesina.
En effet, les quelque 4 500 grands propriétaires blancs, qui avaient été expulsés manu militari de leurs terres dans le cadre de la réforme agraire lancée par l’ex-président Robert Mugabe, ont refusé récemment une proposition prévoyant leur indemnisation via des bons du Trésor sur une période de dix ans.
Suffisant pour la Banque africaine de développement d’annoncé qu’elle allait aider le Zimbabwe à indemniser les fermiers blancs qui avaient été expulsés de leurs terres sans alourdir le fardeau de la dette.
« Nous travaillons actuellement avec le ministre des Finances zimbabwéen pour développer des instruments financiers, qui permettront de mobiliser les marchés financiers pour financer l’indemnisation des fermiers blancs, sans alourdir la dette du pays », a déclaré Akinwumi Adesina, à la presse, à l’issue d’un round de négociations entre le gouvernement zimbabwéen et ses créanciers sur l’apurement des arriérés de dettes. Il n’a cependant pas fourni plus de détails sur ces instruments financiers.
Le Zimbabwe a accepté en 2020 d’indemniser les agriculteurs blancs locaux dont les terres ont été prises par le gouvernement au début des années 2000 pour réinstaller des familles noires. Les agriculteurs blancs étrangers ont été autorisés à demander à récupérer les terres saisies.
Rappelons que le gouvernement du Zimbabwe avait signé, en juillet 2020, un accord avec les propriétaires blancs expropriés pour les dédommager à hauteur de 3,5 milliards.
Cet accord controversé visait à remédier à l’accaparement des terres à l’époque coloniale, mais la redistribution des terres a surtout profité a des fermiers sans équipements ni formation, provoquant un effondrement brutal de la production contribué au déclin économique du pays qui a poussé Harare à interrompre le remboursement de sa dette aux bailleurs de fonds internationaux. La réforme avait pour objectif affiché de corriger les inégalités héritées de la colonisation britannique.
Pays de près de 16 millions d’habitants, le Zimbabwe traîne encore des dettes extérieures estimées à plus de 14 milliards de dollars. Toujours privé du soutien des bailleurs de fonds internationaux, ce pays d’Afrique australe a eu beaucoup de mal à obtenir de nouvelles lignes de crédit et à attirer les investissements étrangers nécessaires à la relance de son économie.
L’indemnisation des fermiers blancs est l’une des conditions posées par les principaux créanciers du pays pour accepter un programme d’apurement des arriérés de dettes.
Le président de la BAD copréside un processus qui vise à éliminer 6 milliards de dollars d’arriérés de la dette extérieure et comprend également des réformes du taux de change et de la banque centrale, qui, selon Adesina, ont un rôle quasi budgétaire qui alimente l’inflation.
Moctar FICOU / VivAfrik


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