La FAO craint une aggravation de l’insécurité alimentaire aiguë dans les prochains mois sous l’effet de la crise en cours au Soudan

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L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué, dans un communiqué transmis à la presse qu’elle a besoin d’urgence de 95,4 millions d’USD pour intensifier ses interventions destinées à sauver des vies, permettre l’accès à la nourriture et protéger les moyens d’existence essentiels.

L’organisme onusien rappelle que la crise qui sévit actuellement au Soudan ne fait qu’aggraver une situation d’insécurité alimentaire déjà dramatique. On s’attend à ce que la faim gagne du terrain dans tout le pays à l’approche de la période de soudure qui dure de juin à septembre.

Afin d’élargir son action, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a besoin d’urgence de 95,4 millions d’USD pour venir en aide à 15 millions de personnes en multipliant ses interventions de portée vitale : fourniture de semences et d’outils aratoires aux agriculteurs, et protection et reconstitution des troupeaux des éleveurs-pasteurs, lit-on dans le document officiel.

La même source relève que, dans l’immédiat, le plan de la FAO consiste à fournir une assistance à plus d’un million d’agriculteurs vulnérables et leurs familles (soit 5 millions de personnes en tout) entre aujourd’hui et la fin juillet, en leur distribuant des semences céréalières (sorgho, mil) et des semences d’okra, à planter entre juin et juillet 2023 dans les 14 États du pays. En outre, de juillet à la fin de l’année, la FAO entend cibler 1,3 million d’éleveurs en leur fournissant des services à l’élevage et des intrants, avec pour ambition de renforcer la sécurité alimentaire et la nutrition de 6,5 millions de personnes.

La distribution de semences de secours auprès des ménages agricoles les plus vulnérables, soit 9 600 tonnes au total, par l’Organisation en juin et juillet permettra aux agriculteurs en situation de précarité de planter et de produire suffisamment de produits vivriers (jusqu’à 3 millions de tonnes de céréales) en novembre-décembre 2023 pour subvenir aux besoins en céréales de 13 à 19 millions de personnes.

« Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour profiter des conditions relativement calmes dans les zones rurales et de la saison des semis en cours afin d’augmenter rapidement la production et les disponibilités alimentaires locales, sauver des vies et éviter que davantage de personnes ne sombrent dans l’insécurité alimentaire aiguë », a déclaré, dans le texte, M. Adam Yao, Représentant par intérim de la FAO au Soudan.

La FAO demeure active dans ses 14 bureaux d’État dans le pays. Les autorités des États et les responsables des collectivités locales, ainsi que 40 partenaires nationaux d’exécution, continuent de s’affirmer prêts à reprendre leurs activités et à apporter leur appui aux distributions de semences de secours effectuées par la FAO.

La sécurité alimentaire demeure gravement compromise

Le communiqué rappelle qu’en 2022, le nombre de personnes connaissant des degrés de crise ou des degrés supérieurs (personnes ayant atteint ou dépassé la Phase 3 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire [IPC]) pendant la période de soudure, a été estimé à 11,7 millions. Compte tenu des effets en cascade que causent les déplacements de populations, les perturbations affectant le commerce et la flambée des prix des produits alimentaires et des carburants, le nombre de personnes en situation de grande insécurité alimentaire dans le pays durant la période de soudure de cette année pourrait dépasser les chiffres de 2022.

De plus, selon la dernière analyse réalisée sur l’IPC, au cours de la période post-récolte, entre octobre 2022 et février 2023, on a estimé que près de 8 millions de personnes étaient en état d’insécurité alimentaire aiguë, soit un chiffre déjà en hausse de 30 pour cent par rapport à la même période l’année précédente.

« La crise actuelle est venue frapper au pire moment pour les millions de personnes qui dépendent de l’agriculture et de ses produits », a déclaré le directeur du Bureau des urgences et de la résilience de la FAO, M. Rein Paulsen. « Il nous reste peu de temps pour agir, alors nous devons absolument saisir cette occasion pour épauler la production alimentaire locale, compte tenu des menaces directes qui pèsent sur d’autres formes d’aide vitale et des difficultés à assurer aux convois d’aide humanitaire un franchissement rapide et sûr des frontières internationales. La stimulation de la production alimentaire locale et la préservation des moyens d’existence permettront non seulement de réduire l’insécurité alimentaire et d’atténuer les souffrances des populations dans le pays, mais aussi d’alléger la charge des opérations humanitaires qui est appelée à croître dans les mois à venir ».

Moctar FICOU / VivAfrik

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