Facilité d’appui à la transition : Miser sur les micro, petites et moyennes entreprises pour la reconstruction post-Covid

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Pour faire face aux nouveaux défis mondiaux sans précédent provoqués par la pandémie de COVID-19, les projecteurs se sont tournés vers l’importance du secteur privé pour renforcer la résilience dans les États en transition et, en particulier, le rôle crucial du soutien aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME). En effet, celles-ci ont vu leur fragilité, déjà préexistante, aggravée par les conséquences de la crise sanitaire. Il apparaît aujourd’hui clairement que promouvoir un environnement propice pour les MPME est crucial pour la reprise économique, la réduction de la pauvreté et la stabilité à long terme. Des efforts sont désormais déployés pour l’autonomisation des PME, en particulier celles qui sont détenues ou crées par des femmes et/ou des jeunes, afin de tirer parti de leur potentiel pour la création d’emplois, pour stimuler l’innovation et renforcer les économies locales, et, partant, ouvrir la voie à une ère postpandémie plus résiliente sur le continent africain.

Si l’on se fie à un communiqué de presse diffusé à Abidjan en Côte d’Ivoire le 29 juin 2023 et dont VivAfrik détient copie, entre 2020 et 2022, la Facilité d’appui à la transition (FAT) a financé des projets qui répondent à l’impératif majeur de renforcer la résilience dans plusieurs États africains en transition. Ces projets qu’elle a financés s’appuient sur des initiatives en faveur du développement des PME et du secteur privé introduites dès 2016. S’étendant souvent sur 24 mois minimum, ces projets déploient des mesures de renforcement des capacités ainsi qu’une assistance technique en matière d’acquisition de compétences, d’accès aux marchés et aux financements.

Renforcer la résilience dans les États africains en transition, en misant sur l’entrepreneuriat et la formation professionnelle, l’accès des populations vulnérables aux marchés et aux financements

Au Libéria, les obstacles auxquels les jeunes désireux de se lancer dans l’entrepreneuriat sont confrontés sont souvent liés à une offre de formation limitée en développement des affaires et à un accès réduit aux financements. Dans le cadre d’un projet initié en 2016, des centres et des programmes d’entrepreneuriat universitaires, techniques, professionnels et fonctionnels ont ciblé et amélioré l’employabilité et les niveaux de compétences de près de 2 000 jeunes au Libéria. À partir de 2021, l’Université du comté de Nimba, l’un des établissements bénéficiaires de ce projet qui promeut l’entrepreneuriat et l’emploi des jeunes, a organisé un concours de renforcement des capacités pour stimuler la création et le perfectionnement de nouveaux business model innovants, qui récompense les gagnants en les dotant du capital de démarrage dont ils ont besoin pour lancer leur entreprise, a-t-on relayé dans le document officiel.

Qui relève que le renforcement des capacités s’avère également primordial pour développer l’esprit d’entreprise et l’autonomie parmi les populations gravement affectées par les conflits et l’instabilité, à l’instar des personnes déplacées et des réfugiés. Au Mozambique, la FAT a financé un projet de renforcement des capacités pour favoriser l’inclusion économique et l’autonomie dans les camps de réfugiés et de personnes déplacées internes, mais aussi des communautés d’accueil, dans les provinces de Nampula et de Cabo Delgado. Grâce au renforcement des capacités et aux liens noués avec les marchés, le projet entend favoriser l’émergence d’opportunités économiques inclusives en faveur des réfugiés, des personnes déplacées et des secteurs privé et public à l’échelle locale. En améliorant la capacité des réfugiés, des déplacés internes et de leurs communautés d’accueil à répondre à la demande du marché, le projet vise à créer des opportunités plus durables. Dans le même temps, le secteur privé va pouvoir bénéficier d’un accès élargi à des chaînes d’approvisionnement stables.

Au Soudan du Sud, note le communiqué, un projet de développement du secteur privé a été lancé en 2021 dans un contexte de fragilité, au coût estimé à 2,145 millions de dollars et d’une durée de 36 mois, pour améliorer les opportunités d’emploi, les revenus et l’accès au marché en faveur des jeunes et/ou des femmes. Ce projet vise, d’une part, à soutenir la création et le développement de 300 micros et petites entreprises (MPE), grâce à des services de développement des entreprises, de la formation technique, des liens avec le marché et l’accès aux institutions de microfinance pour le financement. D’autre part, le projet a pour objectif de renforcer les capacités institutionnelles du gouvernement et des entités du secteur privé à travers la promotion du développement des MPE et l’autonomisation économique des femmes et des jeunes. En renforçant les compétences entrepreneuriales et en élargissant les opportunités pour les populations ciblées, le projet entend contribuer à une paix et à un développement durable au Soudan du Sud.

C’est également le cas du programme “Africa Business Linkages” (ABL), un programme pilote déployé à Madagascar pour améliorer les compétences, la gouvernance et les opérations des micro, petites et moyennes entreprises (MPME), en tirant parti de l’écosystème du secteur privé. En développant des liens commerciaux en amont et en aval, le programme fournit aux MPME – surtout celles qui sont dirigées par des femmes (au moins 40 %) – un accès aux marchés et à des financements. Ce qui devrait grandement contribuer à une augmentation de la valeur et du nombre de contrats conclus par les MPME, à une hausse de la demande en biens et services d’origine locale – surtout ceux produits par des jeunes et des femmes – et à un plus large accès à des financements, grâce aux programmes existants et aux ressources des banques locales.

Renforcer la résilience en matière de commerce et d’investissements transfrontaliers intra-africains

Les accords de libre-échange, comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) adoptée en 2018, sont souvent accueillis avec enthousiasme, affichant des objectifs ambitieux et des programmes prévus sur plusieurs années. Cependant, le succès de pareilles initiatives destinées à améliorer l’économie dépend largement de la capacité des acteurs impliqués et des contraintes qui sont les leurs. Or ces contraintes se révèlent beaucoup plus pernicieuses dans les États en transition ou en situation de fragilité, qui voient leurs capacités davantage entravées que celles de leurs homologues africains jouissant d’une plus grande stabilité. Là encore, les PME et le secteur privé de ces pays en transition ou en situation de fragilité, s’imposent clairement comme des canaux essentiels pour développer leur résilience et leur capacité à renforcer leur participation économique aux zones de libre-échange, lit-on encore dans le document.

Pour rappel, depuis début 2022, quatre États en transition – Burundi, Comores, Gambie et Sierra Leone – bénéficient d’un projet financé par le pilier III de la FAT (au coût estimé à 2,9 millions de dollars) qui vise à y stimuler le commerce et l’investissement en offrant une assistance technique et un renforcement des capacités. L’appui se concentre sur améliorer l’état de préparation au commerce à l’échelle régionale avec une perspective sensible au genre, combler les lacunes en matière de capacités, rationaliser les processus et numériser les services dans les agences nationales dévolues au commerce, aux PME et à la promotion des investissements. Le projet devrait se poursuivre jusqu’en décembre 2023.

Parce qu’on ne saurait nier le potentiel des MPME à stimuler la reprise économique, à réduire la pauvreté et à favoriser la stabilité à long terme dans les États en transition, les efforts sont désormais orientés vers leur autonomisation. Dans plusieurs États africains, les projets que finance la Facilité d’appui à la transition jouent un rôle déterminant dans le renforcement de la résilience, comme au Libéria, au Mozambique et au Soudan du Sud. En offrant un renforcement des capacités, un accès aux marchés et au financement élargi, et en encourageant l’entrepreneuriat, ces initiatives produisent des améliorations tangibles en termes de compétences, d’emplois et d’inclusion économique au sein des populations socialement vulnérables. Une autre caractéristique de ces projets financés par la FAT est qu’ils mettent l’accent sur l’amélioration du niveau de préparation de chaque pays au commerce et aux investissements transfrontaliers dans le cadre d’initiatives de libre-échange comme la Zlecaf. En misant sur l’assistance technique et le renforcement des capacités, ces projets ouvrent la voie à un avenir plus résilient dans l’ère post-pandémie, qui favorise la croissance économique, la stabilité, la cohésion sociale et l’inclusion à travers tout le continent, ont conclu les auteurs du communiqué officiel.

Moctar FICOU / VivAfrik

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