BAD : Au Sénégal, les jeunes pêcheurs multiplient leurs revenus par trois et tournent de plus en plus le dos à l’immigration clandestine

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Lancé en 2020, le Projet d’appui et de valorisation des initiatives entrepreneuriales des femmes et des jeunes (PAVIE) mis en œuvre au Sénégal, réalise d’importantes transformations socioéconomiques en faveur des jeunes et des femmes.  Le projet a été prorogé d’une année supplémentaire, afin de terminer sa mise en œuvre dans des conditions optimales, indique le rapport sur l’état d’exécution et sur les résultats de la Banque africaine de développement (BAD) qui a été publié le 14 août 2023. Anouar Ouédraogo, responsable du projet à la Banque africaine de développement donne, dans un entretien relayé par un communiqué diffusé par la BAD à Abidjan en Côte d’Ivoire le 30 août 2023, plus de détails sur ce projet qui est en train d’atteindre les objectifs de développement initiaux.

Trois ans après le début du Projet d’appui et de valorisation des initiatives entrepreneuriales des femmes et des jeunes, quelles sont les principaux résultats qui ont été obtenus ?

Le Projet d’appui et de valorisation des initiatives entrepreneuriales des femmes et des jeunes s’articule autour de la formation, de l’appui à la formalisation des entreprises, du financement et du suivi post-financement des bénéficiaires afin d’assurer une durabilité des interventions. Après trois années de mise en œuvre, plus de 3 200 jeunes et femmes ont été formés dans des métiers spécifiques et en gestion d’entreprises, 3 176 entreprises qui évoluaient dans le secteur informel ont été formalisées et 6 441 entreprises ont été financées pour un montant total de 38 milliards de francs CFA. Les principaux secteurs d’activités concernent l’agriculture, la pêche, l’aquaculture et l’artisanat.

Comment s’article l’accompagnement technique et financier aux initiatives entrepreneuriales des jeunes et des femmes ?

Afin d’offrir aux bénéficiaires du projet les appuis techniques spécifiques dont ils ont besoin, le projet a signé des conventions de partenariat avec des structures disposant de l’expertise au niveau national dans les différents secteurs d’activité, et dans la gestion d’entreprises. Il s’agit essentiellement de l’Agence de développement et d’encadrement des petites et moyennes entreprises, du Fonds de financement de la formation professionnelle et technique, de l’Institut sénégalais de recherche agricole, de l’Institut de technologie alimentaire, du Centre pour le développement de l’horticulture et du Bureau de mise à niveau. En plus de ces structures publiques, le projet recrute des consultants pour des appuis post- financement des bénéficiaires.

Pour ce qui concerne l’appui financier, trois mécanismes de financement sont utilisés, à savoir :

  • Le financement direct ou la mise à disposition de financement pour pallier le manque d’engouement des intermédiaires financiers à octroyer des prêts à une certaine catégorie d’entreprises jugées à risque trop élevé. Le PAVIE identifie et sélectionne les projets pertinents selon des critères approuvés par la Banque. Les listes des projets retenus sont envoyées aux institutions financière partenaires. La répartition tient alors compte de leur capacité de suivi et de leur présence sur le terrain. Les projets sont ensuite financés avec les ressources du PAVIE pour un taux d’intérêt maximum de 5 %.
  • Le co-financement qui a pour objectif d’inciter les institutions financières à financer des projets structurants et à fort potentiel de croissance, et de générer un effet de levier pour avoir un impact plus important.
  • La garantie qui a pour objectif de couvrir les risques de défaut des promoteurs, en positionnant au sein des institutions financières pour les petites et moyennes entreprises.

Les chantiers de création d’emplois pour les jeunes et les femmes, de promotion de l’entrepreneuriat et de densification du tissu économique des petites et moyennes entreprises répondent-ils aux attentes ?

Au cours de la revue à mi-parcours du projet en mai 2022, on notait déjà que les différentes initiatives formalisées et/ou financées ont permis de générer et/ou de consolider 37 286 emplois directs et 30 870 emplois indirects. Le projet a réussi par exemple à structurer des secteurs comme celui de la pêche avec la substitution des pirogues traditionnelles par des pirogues en fibres de verres. Cela a permis de multiplier par trois, les revenus des jeunes pêcheurs et de lutter par la même occasion, contre la tentation des jeunes à l’immigration clandestine. Les femmes mareyeuses ont également reçu des financements pour la mise en place d’unité de fabrique de glace pour la conservation et le commerce du poisson. Toute la chaîne de valeur du secteur de la pêche a bénéficié d’un accompagnement pour mieux se structurer. Au niveau de l’agriculture, le projet a appuyé le renforcement de plusieurs chaînes de valeurs telles que celles de l’anacarde et du riz. Un exemple d’appui au secteur de l’anacarde est présenté sur le blog suivant : https://apo-opa.info/3EgbB7E. Je peux attester que le projet répond véritablement aux attentes des populations en matière de création d’emploi et de densification du tissu économique des petites et moyennes entreprises.

Quels sont les premiers retours que vous avez de l’impact du projet sur les bénéficiaires ?

Le projet a permis de changer la vie de milliers de jeunes et de femmes dans toutes les régions du Sénégal. Les témoignages que nous recevons à chaque mission de suivi nous réconfortent sur la pertinence de l’appui apporté par la Banque. En outre, un autre impact important du projet est qu’il a suscité un intérêt des institutions financières pour les petites et moyennes entreprises détenues par des jeunes alors qu’elles étaient jugées trop risquées jusque-là. Ces institutions financières n’hésitent plus à accorder des prêts à des jeunes promoteurs d’entreprises.

Moctar FICOU / VivAfrik

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