A Adzopé, une commune située à plus de 100 kilomètres au sud de la capitale économique ivoirienne, Abidjan, une initiative réussie de production d’espèces végétales, comme l’Artemisia, est développée sur un site forestier de près de 700 hectares
Ce site jadis marécageux, au sol argileux et imperméable, n’a pas été favorable au développement des cultures. Aujourd’hui, grâce à l’ingénieur agronome Père Barnabé Bakary, le lieu s’est transformé en un riche écosystème à la terre fertile.
« La structure du sol, jadis argileux et imperméable constituait le principal écueil », dit cet homme d’église qui a contribué à restructurer l’espace.
Il s’exprimait, mercredi, lors d’une visite de terrain à l’initiative de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification et la sécheresse (UNCCD), en marge d’une session de formation destinée aux journalistes francophones africains spécialisés en environnement.
Dans ce périmètre d’expérimentation, de production de formation, sont cultivés l’Artemisia et diverses autres espèces végétales comme la laitue.
L’Artemisia, est une plante de la famille des armoises que des personnes atteintes de paludisme, notamment, utilisent pour se soigner et guérir d’autres infections.
‘’C’était un sol amorphe où l’eau stagnait, et il fallait le traiter pour le rendre beaucoup plus propice à la culture. Ce que nous avons réussi grâce au compost’’, un intrant bio composé de mélange de déchets d’origine végétale et/ou animale, a fait savoir l’agronome en soutane.
‘’On n’achète rien, tout est procuré naturellement’’, s’est-il réjoui, ajoutant que ‘’le compost naturel, un engrais biologique composé de résidus de la basse-cour, de feuilles mortes, de déchets organiques, aide à procurer au sol tout ce dont il a besoin pour pouvoir donner ces résultats’’.
L’avantage du compost, selon lui, est qu’il est composé de tout qui est biodégradable et que l’on trouve dans l’environnement immédiat.
Cette technique de fertilisation aide à mieux structurer le sol et à lui conférer une profondeur qui permet aux plantes de développer leurs racines et de retenir l’humidité et évacuer l’excès d’eau.
In visu, l’usage de compost contribue à un bon approvisionnement des sols en éléments nutritifs et en eau, facilite le travail de ces femmes trouvées sur place en train de s’adonner au sarclage des sillons pour la culture de l’Artemisia, dans un spectacle de voltiges de libellules.
Ainsi, précise le Père Barnabé Bakary, en fonction du type de compost disponible, ‘’nous procédons à des calculs pour connaître le besoin de la plante et le compost le plus adapté’’.
Il s’agit, selon lui, de disposer de compost moins cher, mais également de recycler tout ce qui est biodégradable tout autour en plus de permettre de travailler de manière intégrée.
De plus, fait-il observer, ‘’il existe un type de compostage qui peut durer un mois, si les déchets sont bien hachés et avec un système de retournement. Certains peuvent durer six mois, s’ils sont mis dans un trou. Tout dépend des déchets biodégradables utilisés’’.
Parfois, souligne l’ingénieur agronome, ‘’on fait appel à un institut qui commercialise un type de bactéries ou bien des vers de terre pour accélérer la décomposition, surtout si c’est à grande échelle’’.
En plus du compost, on peut observer dans ce champ de production des tracés en sillons qui, selon le technicien, sont choisis en saison des pluies pour favoriser le ruissellement entre les plants. ‘’Ce qui facilite l’entretien des sols’’, dit-il, soulignant que l’Artemisia a besoin d’espace pour évoluer.
‘’Cette plante ne veut pas être concurrencée par les mauvaises herbes. Elle a besoin d’espace plus propre pour bourgeonner’’, confie le Père Bakary.
Selon lui, l’autre avantage est que les sillons sont favorables à la culture de tubercules comme le manioc, la patate, entre autres, et leur assure un meilleur développement, car ils permettent aux sols d’être plus meubles.
‘’Aujourd’hui, dit-il, l’usage du compost par des coopératives de femmes s’activant dans le maraîchage leur a permis de réduire les coûts en achat d’engrais. Mieux, la production avec le compost assure une meilleure conservation des cultures de tomates, de choux, etc. et une durabilité’’.
D’après lui, la plupart des producteurs des cultures de rente s’y mettent pour éviter l’achat d’engrais, qui est une ‘’denrée coûteuse’’.
‘’Celles qui produisent des tomates ou des choux à partir du compost soutiennent que leurs produits se conservaient mieux’’, souligne à ce propos le Père Baranabé Bakary.
Après un parcours académique et religieux et un passage au séminaire, il obtient un Diplôme d’études universitaires générales (DEUG) en philosophie à l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO), avant de partir en France, à l’École supérieure d’agronomie de Purpan en Toulouse.
Il suit également une formation en Agrobiologique, qui lui a permis à son tour de former dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage et de la gestion des jeunes déscolarisés.
Grâce à cette expérience, le Père Bakary a fait du site d’expérimentation, de production et de formation dAdzopé, un modèle de réussite en gestion durable des terres.
Avec l’envoyée spécial de l’APS à Abidjan, Sokhna Bator Sall.