Ecomondo 2024 : une attention importante est portée à la Transition écologique en Afrique selon Mauro Delle Fratte

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Dans cette nouvelle interview réalisée le 13 septembre par l’équipe de VivAfrik, Mauro Delle Fratte, Exhibition Manager d’Italian Exhibition Group, nous revient en mettant en lumière les principaux thèmes d’Ecomondo 2024 et leur pertinence pour l’Afrique, notamment le Sénégal. Il évoque les conférences et séminaires axés sur l’économie circulaire, les énergies renouvelables et la transition écologique. Mauro Delle Fratte aborde également les défis auxquels sont confrontées les industries africaines, telles que l’économie bleue et le textile, et comment Ecomondo fournit une plateforme pour promouvoir des pratiques durables et innovantes. L’interview explore également l’opportunité pour les start-ups africaines de participer à l’Innovation District et au prix Lorenzo Cagnoni, et les avantages pour les entreprises africaines en termes de réseautage, d’opportunités commerciales et de partenariats stratégiques.

Nous vous invitons à lire la première intervew avec Mauro Delle Fratte

  1. Quels seront les principaux sujets abordés lors des conférences et séminaires, et comment ceux-ci peuvent-ils répondre aux défis spécifiques de la transition écologique en Afrique, notamment au Sénégal?

Les thèmes des conférences et séminaires d’Ecomondo 2024 sont répartis en 9 zones : Rendement des ressources et économie circulaire ; bioéconomie circulaire et régénérative ; agroécologie et bioénergie ; conservation et restauration des sites et du sol ; cycle de l’eau et économie bleue ; villes circulaires et saines ; surveillance environnementale et observation de la Terre ; finances, formation et communication ; cadres politiques et réglementaires. De nombreux séminaires inclus dans ces macro-zones thématiques sont d’un grand intérêt pour le Sénégal et sa transition écologique. Parmi les défis auxquels le Sénégal est confronté figurent la dépendance énergétique à l’égard des combustibles fossiles importés, mais aussi l’insuffisance de l’offre et le manque d’accès à l’électricité, en particulier dans les zones rurales. Même si en 2010 le Sénégal produisait plus de 85 % de ses ressources électriques à partir de fioul lourd (HFO), ce pourcentage diminue progressivement au fil des années. En fait, l’on préfère investir dans la production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables, telles que le solaire et les éoliennes. Afin de tirer le meilleur parti de ces ressources, il faut adopter des méthodologies spécifiques comme celles qui feront l’objet de l’un des séminaires qui se tiendront le 5 novembre 2024, celui sur la cartographie numérique de la Terre, soutenue par l’intelligence artificielle et les derniers développements dans le domaine des ITC. Par ailleurs, suite à la désertification, la question de la transition écologique dans le domaine de l’industrie agroalimentaire est devenue cruciale pour le Sénégal. À cet égard, plusieurs conférences auront lieu pendant Ecomondo et aborderont à la fois le thème de la désertification et de la transition verte pour le secteur agroalimentaire. Vous trouverez ci-dessous quelques séminaires qui aborderont ces thèmes et qui se dérouleront du 5 au 8 novembre. Chaque séminaire est divisé en plusieurs sessions et prévoit la contribution de différents chercheurs, experts et parties prenantes, dont chacun abordera les thématiques sous un angle spécifique : le séminaire « Drivers for a stronger and more competitive agrifood supply chain : tradition, innovation, circularity and energy transition » (Les moteurs d’une chaîne d’approvisionnement agroalimentaire plus forte et plus compétitive : tradition, innovation, circularité et transition énergétique), qui comprend la présentation d’études de cas d’entreprises ; le Forum sur la croissance verte en Afrique ; le séminaire « Carbon credits and agriculture : the contribution of bioenergy to CO2 reduction » (crédits carbone et agriculture : la contribution de la bioénergie à la réduction des émissions de CO2).

  1. Comment Ecomondo prévoit-il de promouvoir les pratiques de l’économie circulaire et verte au sein des industries représentées, comme le secteur textile et celui de la Blue Economy, en Afrique?

Les communautés d’Afrique de l’Ouest sont confrontées à la pression de la surpêche pratiquée tant par les flottes locales qu’étrangères. En outre, ils sont soumis aux problèmes liés à la dégradation des habitats marins, fluviaux et lacustres. Pour le Sénégal, il s’agit d’une question pertinente sur plusieurs fronts, de l’environnement à celui de l’autosuffisance alimentaire, en plus d’avoir des répercussions sur les taux d’occupation, étant donné le nombre élevé de personnes employées dans les secteurs de l’Économie Bleue. Ecomondo accueillera des exposants engagés dans ce secteur, prêts à présenter aux visiteurs les innovations technologiques qui offrent des solutions aux défis de l’économie bleue. Le secteur sera largement représenté dans les pavillons du Parc des expositions de Rimini, car pas moins de quatre zones du parc sont entièrement consacrées à la présentation des technologies qui soutiennent l’Économie Bleue, telles que les installations de traitement, de potabilisation et de dessalement des eaux, celles dédiées à la réutilisation des eaux usées et pluviales ou encore au traitement des eaux usées et de processus industriels et ceux concernant la conception et la gestion des stations d’épuration urbaines, agricoles et industrielles. En outre, les thèmes liés à l’économie bleue sont également abordés de manière approfondie dans le cadre du programme de séminaires d’Ecomondo 2024. Parmi les différents événements, nous rappelons que le séminaire du 5 novembre, « Résilience côtière et adaptation au changement climatique : un défi politique, technico-scientifique et financier pour la sécurité côtière et le développement durable de l’économie bleue », qui enrichira la section Ecomondo Water, consacrée à toutes les phases de la chaîne d’approvisionnement du service hydrique intégré et du cycle des eaux, organisé en partenariat avec Utilitalia pour favoriser l’activité de mise en réseau entre les services publics italiens et internationaux et les entreprises de technologie de l’économie bleue.

Ecomondo 2024 encouragera également les pratiques d’économie circulaire concernant le secteur textile en consacrant des espaces spécifiques à ce sujet. Le Quartier du textile regroupe les acteurs de la chaîne du textile et de la mode engagés à diffuser un modèle plus durable pour ce secteur, dont on sait qu’il a un impact énorme sur tout le continent africain. Le Quartier Textile Ecomondo 2024 veut faire le point sur la circularité des fibres et des technologies, en accueillant des réalités actives dans la valorisation des déchets industriels, des experts dans la gestion des déchets et dans les pratiques de traitement et de recyclage des déchets textiles de dans ceux de pré et de post consommation et de seconde main. En outre, des conférences verticales seront organisées dans la zone d’ateliers d’Ecomondo 2024 sur les thèmes concernant la durabilité et l’écoconception, la gestion des déchets organiques, l’exportation des déchets textiles urbains, la traçabilité et le greenwashing. Parmi les séminaires nous signalons « Déchets textiles municipaux : collecte, réutilisation et recyclage. Où en sommes-nous ? »avec un accent particulier sur la stratégie adoptée par l’UE pour les textiles durables et circulaires et qui, selon nous, est également d’une grande pertinence pour les parties non seulement au Sénégal, mais dans toute l’Afrique, étant donné l’impact des grandes industries textiles à l’échelle mondiale et en Afrique.

  1. Pouvez-vous expliquer l’importance de la présence des start-ups dans l’Innovation District et comment les start-ups africaines peuvent bénéficier de cette plateforme, notamment en participant au prix Lorenzo Cagnoni?

Le prix Lorenzo Cagnoni vise à mettre en avant et à faire connaître dans un contexte international des expériences d’entreprises et entrepreneuriales qui ont œuvré pour que la transition écologique devienne une réalité. Des prix seront notamment décernés aux entités qui se distingueront pour avoir conjugué la recherche, l’innovation et des résultats économiques avec un engagement en faveur du développement numérique, écologique et énergétique de la région dans laquelle elles sont situées. Il s’agit donc d’une opportunité importante de faire connaître les défis et les solutions adoptées, ainsi que d’exploiter la présence des parties prenante internationales pour susciter leur intérêt à l’égard des projets présentés. En outre, le Prix et le Quartier de l’innovation sont le lieu idéal pour l’échange de connaissances, de pratiques et de savoir-faire qui peuvent être réutilisés dans leurs propres contextes d’action, trouvant ainsi un nouveau souffle. Nous pensons qu’il est important de diffuser autant que possible les innovations et les bonnes pratiques mises en œuvre par des start-up de différentes parties du monde. Les start-up qui seront récompensées lors du Prix Lorenzo Cagnoni seront celles qui démontreront qu’elles disposent d’un modèle économique d’entreprise efficace, de retombées économiques, quantitatives et qualitatives significatives sur les filières d’approvisionnement locales et sur leurs systèmes de production et qui ont un niveau élevé de durabilité environnementale et une préoccupation profonde pour l’environnement et les principes de l’économie circulaire.

  1. Quels sont les avantages pour les entreprises et les professionnels africains de participer à Ecomondo en termes de réseautage, d’opportunités commerciales et de partenariats stratégiques?

Au cours de ces 26 années, Ecomondo s’est affirmé comme le point de référence, de dialogue et de rencontre dans l’écosystème de la transition écologique. Cette année encore, les industries, les parties prenantes, les législateurs, les leaders d’opinion et les autorités locales de l’écosystème de la transition écologique seront présents à la foire commerciale de Rimini. Pour les professionnels et les entreprises africaines, Ecomondo se présente comme l’événement où il est possible de rencontrer les experts et les parties prenantes d’autres continents pour échanger les meilleures pratiques de l’économie verte & circulaire, assister à des séminaires et des conférences axés sur les dernières innovations techniques et réglementaires dans les secteurs impliqués dans la transition énergétique, et partager des idées, des projets et des technologies. Pas moins de 44 % des visiteurs se rendent à Ecomondo pour rencontrer des professionnels du secteur et plus de 64 % pour connaître les innovations. À cela s’ajoute le fait que la plupart des visiteurs occupent des postes de direction au sein des sociétés dans lesquelles ils travaillent. Cela signifie qu’Ecomondo promeut et garantit la rencontre et l’échange entre professionnels, assurant ainsi la possibilité d’étendre son réseau professionnel. Cela peut avoir d’importantes retombées sur les activités des entreprises et des entrepreneurs africains, telles que la réalisation de nouveaux partenariats et la possibilité de nouer des rapports commerciaux pour le développement de leurs entreprises.

  1. Comment voyez-vous l’évolution future d’Ecomondo et son rôle dans l’accompagnement des entreprises et des institutions africaines, notamment sénégalaises, dans la transition vers une économie durable?

L’évolution future d’Ecomondo devrait être un processus de consolidation et d’expansion de son rôle catalyseur de la transition écologique, avec une augmentation croissante de son leadership en tant que point de référence international pour la transition énergétique et l’économie verte et circulaire.  Chez Ecomondo, l’attention portée à l’Afrique est déjà importante et nous espérons qu’elle continuera de croître, comme en témoigne le fait que pour la troisième année consécutive Ecomondo accueille le Forum de la croissance verte en Afrique (Africa Green Growth Forum). Quant au Sénégal, le pays devrait éliminer progressivement les HFO pour son approvisionnement, tout en augmentant simultanément la part des énergies renouvelables dans son système énergétique, avec des quotas spécifiques à atteindre d’ici 2030. Ce scénario suggère la nécessité pour les entreprises et les institutions sénégalaises de mettre en place des stratégies de plus en plus efficaces et ciblées pour l’exploitation efficiente des ressources renouvelables. Par conséquent, une participation continue à Ecomondo, avec sa capacité à regrouper les compétences, les innovations et les stratégies pour les transactions énergétiques, ne peut être que souhaitable et fructueuse pour l’avenir vert du Sénégal.

Interview réalisée par VivAfrik

Nous vous invitons à lire la première intervew avec Mauro Delle Fratte

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