Le gouvernement tchadien avait appelé, le 9 octobre 2024, à la mobilisation générale face aux inondations provoquées par des pluies diluviennes, aggravées par la montée des eaux du fleuve Chari. Ces inondations, liées au changement climatique, ont fait, depuis juillet 2024, au moins 576 morts et affecté plus de 1,9 million de personnes, selon le dernier bilan du Bureau des Nations pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) au Tchad. Pour autant, les autorités locales n’ont toujours pas déclaré l’état d’urgence.
Au Tchad, les eaux des fleuves Logone et Chari continuent de monter, menaçant plusieurs quartiers de la capitale bien qu’à un rythme moins soutenu que la semaine passée.
Alors que les inondations provoquées par des pluies diluviennes ont déjà causé la mort de près de 600 personnes depuis 3 mois et affecté près de 2 millions de Tchadiens, les habitants de Ndjamena s’inquiètent pour les infrastructures protégeant la ville.
« Tout est fait pour ne pas déclarer l’état d’urgence »
Dans celle-ci, les relevés quotidiens du niveau des crues s’échangent sous le manteau, tandis que les hydrologues déclinent systématiquement les demandes d’interview. « Un sujet devenu trop sensible, trop politique », dit-on à RFI qui a relayé l’information. « Tout est fait pour ne pas déclarer l’état d’urgence », confirme un proche de l’exécutif, selon qui les autorités voudraient à tout prix éviter le report des élections législatives, communales et provinciales prévues le 29 décembre 2024. Report réclamé par une partie de l’opposition.
Après les crues dévastatrices de 2022, le gouvernement du Tchad a fait refaire la digue autour de Walia, ce qui semble jusqu’ici tenir ses promesses en protégeant une bonne partie des quartiers submergés deux ans plus tôt. Mais l’ouvrage n’est achevé qu’à 80% et les travaux ont connu plusieurs mois d’arrêt car seulement 40% de son prix a été versé à l’entreprise chargée de sa réalisation, selon une source gouvernementale qui s’est confié à nos confrères de RFI.
Ces accusations de détournements n’ont toutefois été étayées d’aucune preuve jusqu’ici, a précisé RFI dans livraison de ce lundi 14 octobre 2024. Pas plus que celles qui pointent la responsabilité de l’opposition dans les actes de malveillance signalés sur l’ouvrage.
Si le gouvernement se refuse à annoncer officiellement la mobilisation de l’armée, le génie militaire n’en est pas moins à pied d’œuvre pour déployer des motopompes – des machines chargées de pomper de grandes quantités d’eau – bâtir de nouveaux camps de sinistrés, et tenter d’endiguer l’érosion des berges aux sorties de la ville.
Moctar FICOU / VivAfrik