Un rapport récent du Groupe de la Banque mondiale dévoile des impacts économiques et sociaux profonds liés au changement climatique pour le Sénégal, un pays en pleine transition dans le cadre de son plan de développement Vision 2050. Ce premier rapport national sur le climat et le développement (CCDR) pour le Sénégal, publié le 5 novembre 2024 à Dakar, met en évidence les effets potentiels des actions climatiques pour préserver les avancées du développement et soutenir les ambitions de croissance du pays vers un statut de revenu intermédiaire dans la prochaine décennie.
Des pertes économiques massives si aucune action n’est prise
Sans intervention significative, le rapport alerte sur des pertes économiques annuelles pouvant atteindre 3 % à 4 % du PIB dès 2030, et jusqu’à 9,4 % en 2050. Ce scénario pourrait effacer des années de croissance du revenu par habitant, sapant les progrès en matière de capital humain. Le changement climatique pourrait en outre plonger plus de deux millions de Sénégalais dans la pauvreté d’ici 2050, créant une crise de pauvreté de grande ampleur.
Renforcer la résilience pour une croissance durable
Le rapport met l’accent sur la nécessité pour le Sénégal de renforcer sa résilience climatique et de favoriser une économie à faibles émissions de carbone. Bien que le pays soit devenu l’une des économies les plus dynamiques de l’Afrique subsaharienne au cours de la dernière décennie, son développement inclusif reste limité, avec une réduction lente de la pauvreté et des inégalités persistantes. Sa large façade maritime et sa dépendance aux ressources naturelles exposent le Sénégal à des risques climatiques croissants, d’autant que la transformation structurelle de son économie demeure incomplète.
Les coûts de l’inaction et les avantages potentiels de l’action climatique
Le CCDR propose plusieurs mesures concrètes pour accélérer la transition énergétique et le développement durable. Bien que les financements nécessaires pour l’action climatique soient considérables, ils demeurent modestes par rapport à l’économie globale du Sénégal et pourraient générer des bénéfices importants à long terme. Le rapport indique que la transition vers les énergies renouvelables et le gaz domestique permettra non seulement de soutenir les objectifs de croissance mais aussi d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Les énergies renouvelables : une opportunité pour le Sénégal
Avec un potentiel important en énergies renouvelables, notamment solaire, le Sénégal est bien positionné pour répondre à la demande croissante en énergie tout en contribuant à la décarbonation régionale. Le rapport encourage également une transition temporaire vers le gaz domestique pour remplacer les centrales au charbon et au fioul lourd, en attendant un déploiement plus massif des énergies renouvelables.
Favoriser l’adaptation et la résilience grâce à des investissements stratégiques
Les priorités d’adaptation identifiées incluent des investissements dans le développement durable, rendus encore plus cruciaux par les effets du changement climatique. Le rapport recommande d’investir dans des villes durables pour stimuler la croissance économique tout en améliorant la résilience et en limitant l’empreinte climatique du pays. Le financement de l’action climatique au Sénégal nécessitera une mobilisation conjointe des secteurs public et privé pour aligner les investissements sur des objectifs compatibles avec le climat.
Le rôle facilitateur du gouvernement sénégalais
Le rapport propose au gouvernement de jouer un rôle clé en renforçant le secteur financier national et en explorant des mécanismes innovants de financement, tels que des obligations et prêts indexés sur la durabilité, pour mobiliser des ressources additionnelles.
À propos des rapports CCDR
Les CCDR sont des diagnostics essentiels réalisés par la Banque mondiale pour aider les pays à prioriser les actions les plus efficaces dans la lutte contre le changement climatique, tout en poursuivant les objectifs de développement durable. Ces rapports publics visent à informer et à encourager l’engagement des gouvernements, du secteur privé et de la société civile dans la transition vers une économie résiliente et bas carbone.
Moctar FICOU / VivAfrik