Trois ans après le lancement du Partenariat pour une transition énergétique juste (JETP) lors de la COP26, les progrès en Afrique du Sud restent limités. Bien que l’aide financière des pays riches ait augmenté, le pays rencontre encore des obstacles majeurs à une transition rapide.
En 2021, lors de la COP26, l’Afrique du Sud est devenue la première nation à signer un JETP, ou Partenariat pour une transition énergétique juste, avec un soutien financier de 8,5 milliards de dollars (8 milliards d’euros) de la part de pays occidentaux. Depuis, la somme engagée a atteint près de 13 milliards de dollars grâce à des contributions supplémentaires, selon la Commission présidentielle pour le climat. Cependant, les défis demeurent importants.
Des besoins financiers massifs et une gestion complexe des fonds
Un plan d’investissement estimant les besoins financiers pour la transition énergétique à plus de 90 milliards d’euros d’ici 2027 a été élaboré. Pourtant, les fonds actuels du JETP sont loin de couvrir l’ensemble des besoins et sont principalement constitués de prêts plutôt que de subventions. Le système de distribution des fonds reste compliqué pour l’Afrique du Sud, avec des mécanismes de financement propres à chaque pays contributeur, rendant l’accès à une somme globale difficile.
« Chaque pays apporte son soutien de façon indépendante », déplore Joanne Yawitch, responsable des financements de projets au sein de la présidence sud-africaine. « Les contributions britanniques sont distribuées d’une certaine manière, les américaines via un autre mécanisme, avec des objectifs distincts… On se retrouve avec un ensemble complexe d’investissements où chaque pays utilise ses méthodes traditionnelles de financement ».
Des décisions critiquées et un manque de consultation publique
La société civile sud-africaine exprime des inquiétudes concernant le manque de transparence dans l’allocation des subventions et le choix des priorités : la décarbonation de l’électricité, les véhicules électriques et l’hydrogène vert. Leanne Govindsamy, du Centre pour les droits environnementaux (CER), critique le fait que ces priorités aient été décidées sans consultation citoyenne, et que les fonds soient davantage alloués au secteur de l’hydrogène vert qu’à la formation de nouvelles compétences.
« On peut se demander si les pays donateurs arrivent avec des idées prédéfinies sans prendre en compte ce qui fonctionnerait le mieux pour l’Afrique du Sud », observe Govindsamy.
Une transition lente vers l’abandon du charbon
La dépendance de l’Afrique du Sud au charbon rend difficile une transition rapide. Malgré de nouvelles consultations et un plan d’action élargi, Pretoria a décidé de prolonger la durée de vie de certaines centrales au charbon de six ans. Le pays, qui génère près de 80 % de son électricité à partir du charbon, doit concilier sécurité énergétique et réduction de son empreinte carbone, tout en tenant compte des nombreux emplois dépendant de cette filière, notamment dans la région du Mpumalanga.
Selon Seutame Maimele, chercheur à l’institut TIPS (Trade and Industrial Policy Strategies), « la sécurité énergétique est cruciale, d’autant que 150 000 à 200 000 emplois dépendent de l’industrie charbonnière ».
Une transition équitable toujours en question
Alors que la COP29 se déroule, l’Agence française de développement (AFD) a annoncé le déblocage de 400 millions d’euros, sous forme de prêt, pour soutenir la transition. Cependant, l’échec du projet de reconversion de la centrale de Komati, qui devait bénéficier aux populations locales mais n’a eu que peu d’impact positif, suscite des doutes quant à l’efficacité des initiatives soutenues par les donateurs internationaux.
En dépit de ces défis, l’Afrique du Sud, le plus grand émetteur de gaz à effet de serre du continent, doit transformer son mix énergétique pour rester compétitive sur le marché européen, où des taxes carbone aux frontières pourraient bientôt s’appliquer.
Moctar FICOU / VivAfrik