Comment le Tchad peut exploiter son potentiel d’élevage pour stimuler l’exportation de viande et de produits dérivés

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Le Tchad, au cœur de l’Afrique centrale, possède un fort potentiel dans le secteur de l’élevage, particulièrement dans la chaîne de valeur bétail-viande. Le pays est déjà un acteur clé de l’exportation de bétail, mais il pourrait maximiser ses gains en transformant davantage de produits dérivés, répondant ainsi à une demande croissante en viande et produits carnés dans la région.

Selon un rapport de la Banque mondiale publié en juin 2024, intitulé « Chad’s Livestock : Securing Cross-Border Value-Chain Post-COVID-19 », le Tchad est bien placé pour jouer un rôle majeur dans la satisfaction des besoins du marché de la viande en Afrique centrale et de l’Ouest. Avec un cheptel estimé à plus de 120 millions de têtes, le pays se classe parmi les cinq premiers producteurs de bétail en Afrique, aux côtés de pays comme l’Éthiopie et la Tanzanie.

Un secteur d’élevage à haut potentiel

Actuellement, le Tchad exporte principalement du bétail sur pied vers ses voisins de la sous-région, mais des réformes dans le secteur pourraient permettre au pays de valoriser davantage ses ressources. Le rapport de la Banque mondiale suggère que le Tchad pourrait générer plus de valeur ajoutée en développant la transformation des produits carnés pour répondre à la demande régionale croissante en viande transformée. Les données de TradeMap indiquent que, tandis que les importations de bétail au sein de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) étaient inférieures à 50 millions de dollars en 2019, les importations de viande et abats comestibles dépassaient les 350 millions de dollars.

Cette différence représente une opportunité pour le Tchad de se positionner comme un acteur majeur dans l’exportation de viande transformée. Pour ce faire, le pays devra investir dans des infrastructures modernes telles que des abattoirs modernes et des systèmes de chaîne de froid afin de garantir la qualité et la sécurité des produits à l’export.

Une position géostratégique idéale pour l’exportation

La situation géographique du Tchad est également un atout stratégique. Le pays fait le lien entre l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale et le Sahel, et plusieurs routes commerciales passent par son territoire. Des pays comme le Nigeria, le Gabon, le Congo, l’Angola, la RDC et le Cameroun représentent d’importants marchés à haut potentiel pour la viande et les produits carnés, constituant ainsi des pôles de croissance pour le commerce régional de la viande.

La Banque mondiale souligne que, grâce à sa position géographique et à des liens déjà solides avec ces pays, le Tchad pourrait promouvoir l’exportation de viande par fret terrestre, à condition de lever les barrières tarifaires et non tarifaires au commerce et de maîtriser la logistique. Le rapport précise que, bien que le commerce des produits animaux augmente progressivement, les échanges intrarégionaux pourraient être intensifiés grâce à la mise en œuvre de politiques favorables au développement des produits animaux transformés.

Un marché en forte croissance, mais dépendant des importations

Pour l’instant, la CEEAC reste largement dépendante des importations de viande et abats provenant de pays comme les États-Unis, le Brésil, la Belgique, les Pays-Bas et la France, qui ont dominé les exportations de viande dans la région entre 2015 et 2019. En 2019, ces cinq pays ont exporté environ 221 millions de dollars de viande et abats comestibles vers la région. Le rapport de la Banque mondiale souligne qu’il existe un potentiel énorme pour les pays de la CEEAC, comme le Tchad, de répondre à une partie de cette demande croissante en transformant davantage leurs produits.

Un avenir prometteur pour l’élevage au Tchad

Le Tchad a une opportunité unique de tirer profit de son fort potentiel d’élevage pour se diversifier dans l’exportation de viande transformée et produits dérivés. En investissant dans les infrastructures de transformation et en renforçant les politiques commerciales, le pays pourrait non seulement satisfaire une demande régionale croissante, mais aussi se positionner comme un leader dans la chaîne de valeur bétail-viande en Afrique centrale et de l’Ouest. Avec les bonnes réformes et des investissements dans la logistique, le Tchad pourrait transformer son secteur de l’élevage en un moteur clé de son développement économique.

Moctar FICOU / VivAfrik

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