COP29 : Les pays en développement rejettent la proposition de 250 milliards de dollars par an pour financer la lutte contre le changement climatique

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Lors de la COP29 sur le changement climatique, un projet d’accord crucial a été présenté, proposant un objectif financier de 250 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à faire face à l’urgence climatique. Bien que ce chiffre soit une avancée par rapport aux discussions précédentes, il a immédiatement été rejeté par les délégués des pays en développement qui estiment qu’il est largement insuffisant pour répondre à leurs besoins croissants.

Les pays en développement demandent un financement annuel de 1 300 milliards de dollars, dont la moitié sous forme d’argent public, afin de financer leur transition énergétique et de s’adapter aux effets du changement climatique. En revanche, les pays développés, notamment l’Union européenne, l’Australie, les États-Unis, le Royaume-Uni, le Japon, la Norvège, le Canada, la Nouvelle-Zélande et la Suisse, ont proposé un montant de 250 milliards de dollars par an jusqu’en 2035. Ce montant inclut à la fois des financements publics et privés.

La proposition jugée « totalement inacceptable » par les pays en développement

La proposition des pays riches a été reçue de manière extrêmement négative par les représentants des pays en développement. Lidy Nacpil, militante philippine, a dénoncé ce montant comme étant « insultant », soulignant que l’inflation ferait que les 250 milliards de dollars proposés en 2025 auraient une valeur bien inférieure aux 100 milliards de dollars promis lors de la COP15 en 2009. « En 2009, il était clairement convenu que le financement venait des pays développés pour les pays en développement, et cette fois, ils évoquent des sources d’argent diverses, ce qui est encore pire. Les gouvernements doivent rejeter cette proposition et revenir avec quelque chose de plus réaliste », a-t-elle ajouté.

Sena Alouka, négociateur du Togo, a également critiqué sévèrement la proposition. « C’est une blague ? Vous êtes sérieux ? Nous estimons que cette offre est inacceptable et manque de considération », a-t-il déclaré, exprimant la crainte d’une « érosion de la confiance » au sein des négociations de la COP29. Il a évoqué la possibilité de quitter la conférence sans accord, un scénario qu’il espère éviter mais qu’il juge possible si la situation n’évolue pas.

D’autres points de négociation restent flous

Le groupe africain a également exprimé sa désapprobation de la proposition actuelle. Selon Ali Mohamed, négociateur kényan pour ce groupe, « la proposition faite par les pays développés est totalement inacceptable et inadaptée pour mettre en œuvre l’accord de Paris ». En plus de la question du financement, d’autres points de négociation, notamment la part de financement des pays émergents comme la Chine et le Brésil, font également débat. Le texte de la proposition invite simplement à reconnaître leur participation non obligatoire, y compris à travers la coopération Sud-Sud, sans remettre en cause leur statut de pays « en développement » au sein de l’ONU.

Sur le front de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de la transition énergétique, la proposition réaffirme les accords précédents, sans toutefois renforcer significativement l’ambition des engagements en cours, laissant un sentiment de stagnation parmi les délégués des pays en développement.

Un échec des négociations reste possible

Les négociations sur ce projet de financement se prolongent, et l’Assemblée plénière prévue pour ce soir a été annulée. Les discussions à huis clos entre délégués continuent, avec la possibilité de débats qui s’étendront tard dans la nuit. Bien que l’on puisse encore espérer un compromis, la proposition de 250 milliards de dollars par an reste une première ébauche, et certains diplomates estiment que ce montant pourrait encore augmenter, bien que le temps restant pour réajuster cette offre soit limité.

Dans le cas où un accord ne serait pas trouvé, les pays en développement ont d’ores et déjà prévenu qu’ils préféraient ne pas signer d’accord plutôt que d’accepter un mauvais compromis. Un échec des négociations n’est donc pas à exclure, mais une issue positive demeure possible.

Moctar FICOU / VivAfrik

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