RDC : À Uvira, l’invasion des déchets plastiques mène à la pollution du lac Tanganyika

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À Uvira, une ville située dans le sud-est de la République Démocratique du Congo (RDC), à proximité de la capitale burundaise Bujumbura, la gestion des déchets plastiques est un véritable défi. Les déchets plastiques sont omniprésents : ils envahissent les caniveaux, jonchent les avenues principales et souillent les rives du lac Tanganyika, l’un des plus grands lacs d’Afrique. L’absence d’infrastructures adéquates de gestion des déchets, comme des poubelles publiques ou un système de ramassage, contribue à cette pollution. Résultat : bouteilles de jus, emballages en plastique, chaussures bon marché et autres objets jetables finissent dans la rue et, inévitablement, dans le lac.

Des déchets plastiques partout, sans solution de recyclage

Makashira, un jeune homme de 18 ans, vit dans le centre-ville d’Uvira, à proximité des rives du lac. Chaque jour, pour rentrer chez lui, il doit enjamber des flaques d’eau remplies de déchets plastiques. Il confie, dépité : « On nous a enseigné pourquoi les déchets sont mauvais. On nous a dit que ça engendre de la pollution, que cela amène des moustiques, mais tout ce qu’on nous enseigne à l’école, on ne le met pas en pratique. C’est ça le problème. » Comme beaucoup d’autres habitants, Makashira explique que sans poubelles publiques ni décharges appropriées, les habitants n’ont d’autre choix que de jeter leurs déchets, souvent directement dans le lac.

Le manque d’infrastructures de gestion des déchets est évident : il n’y a ni collecte des ordures, ni entreprises de recyclage pour traiter les déchets plastiques. La ville, située au bord du lac Tanganyika, souffre de cette gestion défaillante, et cela contribue à une pollution croissante de son environnement naturel.

Le maire d’Uvira prend des initiatives pour lutter contre la pollution plastique

Face à cette situation alarmante, le maire d’Uvira, Kiza Muhato, a annoncé des mesures concrètes pour améliorer la gestion des déchets dans la ville. Lors d’une récente déclaration, il a annoncé la création d’une cellule d’assainissement et d’hygiène d’ici à 2025, dédiée à la collecte des déchets plastiques. « Nous voulons mettre en place cette cellule pour récolter tous ces déchets plastiques dans l’année 2025. Dans quelques mois, il y aura aussi une étude sur la gestion des déchets dans toute la province du Sud-Kivu », a-t-il expliqué. Cette initiative représente un premier pas vers une gestion plus durable des déchets dans la région.

Le plastique : un fléau quotidien et son impact sur l’environnement et la santé

À Uvira, le plastique est utilisé quotidiennement dans des produits aussi divers que l’eau en bouteille, les boissons sucrées, les chaises, les tables, et même les bassines. Cette ubiquité du plastique soulève des préoccupations concernant ses conséquences à long terme sur l’environnement et la santé humaine.

Muhoza Bitaka Jean-Marie, directeur du Centre de Recherche en Hydrobiologie d’Uvira et spécialiste en éducation environnementale, estime que la solution à ce problème réside dans une réduction de la consommation de plastique. Il souligne que la production d’eau en bouteille plastique est relativement récente, et que sa consommation excessive pourrait être évitée si une conscience écologique était développée au sein de la population. Selon lui, en réduisant l’utilisation du plastique, la gestion des déchets plastiques deviendrait moins problématique.

Les conséquences pour l’écosystème du lac Tanganyika

Les conséquences de l’accumulation des déchets plastiques dans le lac Tanganyika sont particulièrement préoccupantes. Selon Masilya Mulungula, professeur à l’Université de Bukavu, qui a mené une étude sur le lac, les eaux du lac sont fortement polluées par les microplastiques. Le macroplastique, quant à lui, se dépose au fond du lac, perturbant les zones de reproduction des poissons, ce qui représente une menace pour la pêche, une activité essentielle pour l’économie locale.

La pollution plastique compromet donc non seulement la qualité de l’eau, mais aussi les moyens de subsistance de nombreuses familles qui dépendent directement des ressources du lac. Le lac Tanganyika étant l’une des plus grandes sources d’eau douce en Afrique, sa pollution par les déchets plastiques constitue un danger à long terme pour la biodiversité locale, la santé publique et les économies dépendantes des ressources naturelles.

Un appel à l’action pour sauver le lac Tanganyika

La situation à Uvira illustre l’urgence d’agir face à la pollution plastique croissante dans les villes côtières du lac Tanganyika. Si les initiatives telles que celle du maire d’Uvira offrent un espoir, un engagement coordonné à l’échelle locale, nationale et internationale est nécessaire pour préserver l’écosystème fragile du lac et améliorer la gestion des déchets dans la région. Une sensibilisation accrue à l’impact du plastique et des politiques de gestion des déchets plus efficaces sont cruciales pour assurer un avenir durable pour les communautés vivant autour du lac Tanganyika.

Moctar FICOU / VivAfrik

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