Atelier stratégique pour la fermeture de l’usine de recyclage de batteries et la création d’une INJP au Sénégal

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Un atelier important s’est tenu à Pout au Sénégal le 5 décembre 2024, réunissant des acteurs clés de la société civile, des journalistes, des autorités locales et des leaders communautaires. Cet atelier, organisé par le Cadre de concertation et développement des Niayes (CCDN), le Centre de recherche et d’actions sur les droits économiques, sociaux et culturels (CRADESC) et la fondation Ford, vise à faire un point sur les démarches entreprises pour la fermeture d’une usine de recyclage de batteries et à discuter de nouvelles stratégies pour mettre fin à la pollution au plomb dans à Niakhate, Keur Moussa et environ.

Cet événement fait suite à une rencontre clé avec le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique (METE), qui a exprimé son soutien à la délocalisation de l’usine après avoir entendu les revendications des agriculteurs, des éleveurs et des communautés locales. Le ministre a ainsi confirmé son engagement à soutenir la fermeture de l’usine et la mise en place de solutions pour protéger la santé publique et l’environnement.

Un enjeu sanitaire majeur : la pollution au plomb au Sénégal

La question de la contamination au plomb à Thiaroye-sur-Mer n’est pas nouvelle. En 2007 et 2008, une série de décès parmi des enfants du quartier de Ngagne Diaw, causés par des maladies du système nerveux central, a mis en lumière les dangers de l’exposition au plomb. Les enquêtes ont révélé que cette exposition était due au recyclage de batteries au plomb dans une décharge locale, ce qui a entraîné une contamination importante du sol et des habitations.

Les familles des enfants décédés ont été testées et ont montré des taux élevés de plomb dans le sang, confirmant ainsi la toxicité des activités de recyclage dans cette zone résidentielle. Cet événement tragique a conduit à la mobilisation des communautés, soutenues par le CCDN et le CRADESC, qui ont dénoncé la violation des normes environnementales et exigé la fermeture de l’usine.

L’atelier du 5 décembre 2024 : un tournant dans la lutte contre la pollution au plomb

L’objectif principal de l’atelier du 5 décembre 2024 est de revenir sur la rencontre entre le collectif des agriculteurs, les communautés locales et le ministre de l’Environnement. Cet échange a permis de connaître la position officielle de l’autorité tutelle sur la fermeture de l’usine. Selon le ministre, des mesures de délocalisation de l’usine sont envisageables, mais des actions concrètes doivent être prises pour accélérer le processus.

Lors de cet atelier, de nouvelles stratégies de lutte contre la pollution au plomb ont été élaboré en se concentrant sur la sensibilisation accrue des populations locales et en mobilisant des acteurs clés comme les journalistes. C’est ainsi que la mise en place d’une Initiative nationale des journalistes contre le plomb (INJP) est devenue un élément central de la stratégie. Cette initiative aura pour mission de sensibiliser le grand public et d’influencer les décisions politiques à travers des campagnes médiatiques.

Les conséquences de l’exposition au plomb sont notamment les maladies et avortements : le cas de Ndiakhate

L’exposition au plomb, notamment en raison des activités industrielles telles que celles d’une usine de recyclage de batteries, représente un grave danger pour la santé humaine. Dans le cas de l’usine de Ndiakhate, cette pollution par le plomb a eu des répercussions dramatiques pour les habitants de la zone des Niayes, notamment en raison de la contamination du sol et de l’eau. Le plomb, étant un métal lourd toxique, est capable de provoquer une série de maladies graves et d’effets dévastateurs sur le développement humain, particulièrement chez les enfants et les femmes enceintes.

Effets de l’exposition au plomb sur la santé

Maladies neurologiques : le plomb est particulièrement dangereux pour le système nerveux, et ses effets sont plus marqués chez les enfants. Les enfants exposés à des niveaux élevés de plomb peuvent souffrir de dommages cérébraux permanents. Ces dommages peuvent se manifester par des retards cognitifs, des troubles de l’attention, une réduction du QI, ainsi que des problèmes de comportement tels que l’hyperactivité. L’exposition prolongée au plomb peut également entraîner des troubles neurologiques graves, pouvant aller jusqu’à des crises d’épilepsie ou des troubles mentaux.

Maladies cardiovasculaires et rénales : l’exposition au plomb a également des effets délétères sur le système cardiovasculaire, augmentant le risque d’hypertension, de maladies cardiaques et d’AVC. De plus, le plomb peut endommager les reins, entraînant des défaillances rénales chroniques, une autre conséquence particulièrement préoccupante pour les adultes vivant dans des zones polluées.

Altérations du développement fœtal : chez les femmes enceintes, l’exposition au plomb peut entraîner des effets graves sur le fœtus, perturbant son développement. Le plomb peut traverser la barrière placentaire et affecter le cerveau en développement du fœtus, augmentant ainsi le risque de malformations congénitales, de troubles du développement et d’autres complications graves.

L’Impact du plomb sur la fertilité et les grossesses : risques d’avortement

Avortements spontanés : l’exposition au plomb pendant la grossesse est particulièrement préoccupante, car elle est liée à un risque accru de fausse couche ou d’avortement spontané. Des études ont montré que les femmes enceintes vivant dans des environnements pollués par le plomb ont des chances significativement plus élevées de subir une perte de grossesse. Le plomb perturbe le fonctionnement normal du système hormonal, ce qui peut provoquer des anomalies dans l’équilibre nécessaire à une grossesse saine. La toxicité du plomb affecte la fonction des ovaires, réduisant la capacité à maintenir une grossesse.

Naissances prématurées et complications : outre les fausses couches, l’exposition au plomb peut entraîner des naissances prématurées, des poids de naissance anormalement faibles, ainsi que des complications pendant la grossesse. Ces effets sont dus à l’incapacité du placenta à protéger complètement le fœtus des toxines présentes dans le sang de la mère.

Les enfants nés prématurément ou avec un faible poids de naissance sont plus susceptibles de souffrir de problèmes de santé tout au long de leur vie, notamment des troubles respiratoires, des infections et des retards dans le développement.

Troubles du comportement et maladies mentales : chez les enfants exposés au plomb, non seulement les effets neurologiques sont graves, mais les troubles du comportement, tels que l’agitation, l’anxiété et la dépression, sont également courants. Ces enfants présentent des risques accrus de troubles psychologiques tout au long de leur vie, ce qui peut entraîner des difficultés à l’école et une plus grande vulnérabilité à des comportements à risque dans leur vie adulte.

Les conséquences socio-économiques de la pollution au plomb

Outre les effets sanitaires évidents, l’exposition au plomb dans des communautés comme celles de Ndiakhate engendre également des conséquences socio-économiques profondes. Les familles touchées par les maladies liées au plomb sont souvent confrontées à des dépenses médicales énormes, à la perte de productivité des membres de la famille malade et à une réduction générale de la qualité de vie.

Les enfants qui souffrent de retards cognitifs ou de troubles neurologiques graves peuvent avoir de grandes difficultés à réussir à l’école, ce qui compromet leurs chances d’obtenir un emploi stable à l’âge adulte. Cela entraîne un cercle vicieux de pauvreté et d’inégalités sociales, car ces enfants n’ont pas les moyens de s’épanouir pleinement dans la société.

Les coûts médicaux pour les familles sont également un fardeau important. Les soins de santé pour traiter les maladies liées au plomb, qu’il s’agisse de troubles neurologiques ou d’autres complications graves, peuvent être extrêmement coûteux, surtout dans des régions où l’accès aux soins de qualité est limité.

Actions et mesures pour limiter l’exposition au plomb à Ndiakhate

Face à cette situation tragique, il est crucial que des mesures de protection soient mises en place pour limiter l’exposition au plomb. Parmi les actions essentielles, on peut citer la fermeture de l’usine de recyclage de plomb de Ndiakhate pour empêcher toute pollution future et protéger les résidents ; mener des campagnes de sensibilisation pour informer la population sur les dangers du plomb et les stratégies à adopter pour réduire les risques d’exposition ; envisager des mesures de dépistage et de traitement pour les personnes exposées au plomb, notamment pour les femmes enceintes et les jeunes enfants ; accorder un soutien aux victimes par des compensations et des soins médicaux spécialisés pour les malades et les enfants affectés par cette contamination.

Un combat pour la vie et la santé

L’exposition au plomb à cause de l’usine de recyclage de Ndiakhate constitue une menace grave pour la santé des populations locales, avec des conséquences dévastatrices telles que des maladies neurologiques, des avortements spontanés, et des troubles graves du développement chez les enfants. Ce problème environnemental et sanitaire ne peut être ignoré plus longtemps. Il est impératif que des actions décisives soient prises pour fermer l’usine, protéger la santé publique et rétablir la qualité de vie des résidents de Ndiakhate. Les efforts pour éduquer la population, mettre en place des traitements et renforcer la législation environnementale sont essentiels pour prévenir de futures catastrophes sanitaires.

Moctar FICOU / VivAfrik

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