Le recyclage du plastique est souvent présenté comme une solution miracle aux problèmes environnementaux, mais selon Fabienne Lagarde, chercheuse à l’Institut des molécules et matériaux du Mans, il s’agit d’un des plus grands enfumages de l’industrie. Elle revient d’un sommet mondial sur la pollution plastique, qui s’est récemment tenu en Corée du Sud, où elle a partagé son expertise sur les conséquences environnementales du plastique.
Fabienne Lagarde étudie depuis dix ans comment le plastique se dégrade et se diffuse dans l’environnement. « Aujourd’hui, les grandes problématiques environnementales, telles que le changement climatique, la perte de biodiversité ou la pollution par les plastiques, ne peuvent être abordées que de manière globale », souligne-t-elle. Le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) avait fixé l’objectif, en 2022, de négocier un traité contraignant visant à réduire la pollution plastique d’ici à 2024. En Corée du Sud, des délégations de 175 pays se sont réunies pour la cinquième – et théoriquement dernière – session de négociations.
Des négociations difficiles face à des intérêts divergents
L’objectif de ce traité est ambitieux : parvenir à un accord mondial pour éradiquer la pollution plastique. Cependant, comme le rappelle Fabienne Lagarde, « le but est d’adopter un texte par consensus, ce qui rend les négociations extrêmement complexes ». D’un côté, plusieurs pays producteurs de pétrole, qui détiennent les principales entreprises plastiques, tentent de freiner les discussions. Étant donné que 99 % du plastique est fabriqué à partir de pétrole, ces pays voient dans l’augmentation de la production de plastique un débouché stratégique pour compenser la perte de revenus liée à l’énergie fossile. Ces nations privilégient une approche qui se concentre uniquement sur la gestion des déchets, minimisant ainsi l’importance de réduire la production.
Les scientifiques et les pays ambitieux en opposition
Face à cette obstruction, un groupe de pays engagés et en accord avec la communauté scientifique plaide pour une réduction drastique de la production de plastique. Ces pays soulignent que les plastiques, ainsi que les substances chimiques associées, polluent à toutes les étapes de leur cycle de vie, de la production à la fin de vie. Selon Fabienne Lagarde, « Les plastiques polluent l’environnement dès leur fabrication, et il est illusoire de croire que nous pourrons un jour traiter tous les déchets produits ». Elle met en garde contre l’accélération de la production, qui pourrait doubler, voire tripler d’ici 2050, augmentant ainsi de manière exponentielle la pollution mondiale.
Un défi mondial pour l’avenir
La chercheuse conclut en soulignant l’importance d’agir rapidement pour freiner la production de plastique avant qu’il ne soit trop tard. « La pollution plastique est l’un des enjeux environnementaux les plus urgents et les plus difficiles à résoudre. Nous avons besoin d’une action concertée à l’échelle mondiale, avant que la situation ne devienne irréversible », avertit-elle.
Moctar FICOU / VivAfrik