Le cyclone Chido, qui a dévasté Mayotte le 14 décembre 2024, a laissé derrière lui des destructions massives et des pertes humaines importantes. Dans son sillage, des centaines de personnes ont quitté l’île française pour se réfugier sur l’île d’Anjouan, dans l’archipel des Comores. Cette affluence a mis en alerte les autorités sanitaires locales, qui craignent une explosion de maladies infectieuses, notamment en raison de l’instabilité des conditions sanitaires.
Une situation sanitaire préoccupante
Depuis le 25 décembre 2024, quatre navettes ont transporté un total de 681 personnes en provenance de Mayotte vers Anjouan, une île de l’archipel des Comores. Les autorités sanitaires de l’île d’Anjouan, déjà fragilisées par les conditions de vie difficiles, se préparent à gérer une possible crise sanitaire. Le Dr Anssoufouddine Mohamed, directeur régional de la santé à Anjouan, souligne les risques considérables qui pèsent sur la santé publique, notamment avec la stagnation des eaux de pluie, la promiscuité des populations, l’accès limité à l’eau potable et les déplacements massifs de personnes. Selon lui, ces facteurs créent des conditions propices à l’émergence de foyers épidémiques. « La situation à Mayotte est une situation à haut risque d’épidémies, notamment le choléra, le paludisme, et peut-être même la rougeole », avertit-il.
Des mesures de prévention intensifiées
Face à ce danger imminent, les autorités sanitaires des Comores ont déployé un dispositif renforcé de prévention. Tout arrivant en provenance de Mayotte et sans preuve de vaccination est immédiatement vacciné contre le choléra. En parallèle, une base de données a été mise en place pour suivre la répartition géographique des réfugiés et faciliter une gestion efficace des risques sanitaires. Le Dr Outiati Ahmed Selemane, responsable de la surveillance sanitaire à Anjouan, insiste sur l’importance de la prévention. « La prévention, c’est notre arme. Nous avons des agents de santé communautaire dans chaque localité, et chaque district dispose d’une équipe d’intervention rapide qui travaille en étroite collaboration avec ces agents en cas d’alerte », a expliqué l’épidémiologiste.
Une vigilance accrue pour les deux prochaines semaines
Les experts de la santé estiment que les deux prochaines semaines seront cruciales pour limiter la propagation de toute épidémie. L’arrivée massive de personnes vulnérables, combinée aux conditions sanitaires déplorables après le passage du cyclone, pourrait aggraver la situation si les mesures de prévention ne sont pas efficacement mises en œuvre. « Le travail ne fait que commencer. Chaque jour compte », a averti le Dr Mohamed, insistant sur l’importance de maintenir une vigilance constante et d’adapter les réponses sanitaires à l’évolution de la situation.
Le rôle des autorités et des populations locales
La réussite de cette campagne de prévention dépendra en grande partie de la collaboration entre les autorités locales, les équipes médicales et les populations des îles concernées. Des actions de sensibilisation sont menées sur le terrain pour encourager la population à adopter des comportements préventifs, notamment en matière d’hygiène et de gestion des eaux usées. Les autorités appellent également à une solidarité régionale accrue pour faire face à cette crise sanitaire naissante, en attendant d’éventuels renforts internationaux.
Le cyclone Chido, bien qu’il ait ravagé des milliers de vies à Mayotte, pourrait également laisser un héritage de solidarité régionale et d’amélioration des infrastructures sanitaires si les mesures de prévention et de gestion des crises sont efficacement déployées.
Moctar FICOU / VivAfrik