La guerre au Soudan, qui dure depuis plus de vingt mois, a plongé le pays dans une crise humanitaire de proportions dramatiques. Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), plus de 30 millions de personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, nécessitent une aide urgente, ce qui représente environ 60 % de la population soudanaise. Face à cette situation catastrophique, l’Organisation des Nations Unies appelle à une mobilisation internationale « sans précédent » pour répondre à cette crise humanitaire « ahurissante ».
Appel à la solidarité internationale : 4,2 milliards de dollars nécessaires
L’ONU a lancé un appel à l’aide financière de 4,2 milliards de dollars, dans le but de cibler 20,9 millions de personnes vulnérables à travers le pays. Avec une population totale estimée à 30,4 millions de personnes nécessitant de l’aide, l’ampleur de la demande est colossale. L’Organisation des Nations Unies pour les Affaires humanitaires (OCHA) a souligné que la situation au Soudan reste extrêmement critique, notamment en raison des multiples entraves à l’aide humanitaire.
Edem Wosornu, responsable du bureau des Affaires humanitaires de l’ONU, a dénoncé les blocages bureaucratiques et les violences qui rendent l’aide difficilement accessible. Selon elle, la faim et la famine s’aggravent chaque jour, exacerbées par la guerre, qui continue sans aucune considération pour les souffrances des civils.
Un appel urgent pour mettre fin aux hostilités
Le Soudan, déjà ravagé par une guerre civile entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) depuis avril 2023, voit les besoins humanitaires exploser. À ce jour, des dizaines de milliers de personnes ont perdu la vie, et plus de 8 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, marquant le début de ce qui est désormais la plus grande crise de déplacement interne au monde.
La situation s’aggrave avec plus de 3,3 millions de réfugiés qui ont fui le pays, ce qui représente plus d’un quart de la population d’avant-guerre, estimée à 50 millions. De plus, la famine a été déclarée dans cinq régions du pays et devrait s’étendre à cinq autres d’ici mai 2025 si des mesures immédiates ne sont pas prises.
Les dangers d’un échec à agir immédiatement
Beth Bechdol, directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a averti devant le Conseil de sécurité de l’ONU qu’un échec à agir rapidement mettrait en péril des millions de vies. Elle a également souligné les répercussions que cette crise pourrait avoir sur la stabilité de toute la région. Selon l’ONU, les conditions de vie se détériorent rapidement, avec un besoin urgent de nourriture, d’eau, d’abris, de médicaments et d’aide agricole.
Les acteurs humanitaires sur le terrain accusent l’armée et les FSR d’utiliser la famine comme une arme de guerre, bloquant l’accès aux zones les plus touchées. Bien que le gouvernement soudanais ait nié l’existence de la famine, les chiffres et les témoignages sur place témoignent d’une situation désastreuse.
Un conflit souvent ignoré par la communauté internationale
Le conflit soudanais, bien qu’ayant des conséquences dévastatrices pour la population, reste largement ignoré sur la scène internationale. Souvent qualifié de « guerre oubliée », il est éclipsé par d’autres crises dans le monde, notamment au Moyen-Orient et en Ukraine. Pourtant, l’ampleur des souffrances humaines et la gravité de la situation au Soudan méritent une attention accrue et un soutien massif de la communauté internationale.
L’ONU insiste sur le fait que seule une action collective et à grande échelle pourra empêcher une nouvelle détérioration de la situation et sauver des millions de vies humaines.
Moctar FICOU / VivAfrik
