À dix mois de la COP30 au Brésil : Quel est l’état actuel de la forêt amazonienne face à la déforestation et aux incendies ?

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Dans dix mois, la ville brésilienne de Belém, située en plein cœur de la forêt amazonienne, accueillera la COP30, une conférence mondiale sur le climat. Cet événement majeur se tiendra en novembre 2025 et mettra en lumière l’un des plus grands enjeux environnementaux de notre époque : la protection de l’Amazonie. Cette forêt tropicale est cruciale pour la régulation du climat mondial, abritant près de 10% des espèces animales et végétales terrestres. Cependant, elle fait face à des menaces sans précédent, notamment la déforestation et les incendies criminels. Alors que le Brésil se prépare à cette rencontre, quel est l’état réel de la forêt amazonienne ?

Des progrès dans la lutte contre la déforestation : des résultats encourageants mais insuffisants

Depuis son retour au pouvoir en janvier 2023, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a placé la protection de l’Amazonie au cœur de ses priorités. L’une des grandes réussites de son gouvernement est la réduction significative de la déforestation illégale. En 2024, la déforestation en Amazonie brésilienne a atteint son plus bas niveau depuis une décennie, ce qui est un signe positif. Toutefois, cette avancée est partiellement ternie par un phénomène parallèle : la multiplication des incendies qui ravagent la forêt.

Les incendies en Amazonie : un fléau aggravé par la sécheresse et les activités criminelles

En 2024, plus de 140 000 incendies ont été enregistrés en Amazonie, soit une augmentation de 42% par rapport à 2023. Cette hausse spectaculaire des incendies est liée à une combinaison de facteurs, notamment une sécheresse historique qui touche la région depuis 2023. Mais ce phénomène naturel n’explique pas tout. Selon Carlos Nobre, membre brésilien du GIEC et lauréat du Prix Nobel de la Paix, moins de 2% des incendies de 2024 ont été provoqués par la foudre, ce qui signifie que 98% des incendies étaient d’origine humaine.

Parmi les principales causes, les pratiques agricoles telles que les brûlis utilisés pour défricher des terrains destinés à l’élevage sont responsables de 55% des surfaces brûlées. Mais une nouvelle menace a émergé : l’implication du crime organisé. Carlos Nobre évoque une hypothèse alarmante : des groupes criminels, impliqués dans des activités comme l’exploitation illégale de l’or, le trafic de terres et l’extraction de ressources naturelles, seraient responsables de certains départs de feu. L’objectif de ces criminels : déstabiliser les politiques de lutte contre la déforestation et profiter des territoires brûlés pour accroître leurs activités illégales.

La destruction des forêts publiques et les conséquences écologiques des incendies

L’incendie de vastes zones de forêt publique représente également un défi majeur. En 2024, une grande majorité des départs de feu ont eu lieu dans les 15 millions d’hectares de forêt publique qui n’étaient pas protégés, comme les zones de conservation ou les territoires autochtones. Ane Alencar, directrice scientifique de l’Institut de recherche environnementale de l’Amazonie (IPAM), explique que ces terres sont souvent envahies par des individus qui y mettent le feu pour revendiquer ces espaces et les transformer en pâturages, dans une logique de spéculation foncière.

Les incendies ne se contentent pas de détruire des arbres ; ils fragilisent toute l’écosystème. Le feu, qui n’est pas une menace naturelle pour la forêt amazonienne, endommage les arbres en détruisant leur écorce fine, les tuant et les faisant tomber. Cette dégradation ouvre la canopée, permettant au soleil d’assécher le sol, ce qui facilite la propagation des incendies futurs. Chaque feu rend ainsi la forêt encore plus vulnérable, créant un cercle vicieux de destruction.

L’espoir d’une reprise grâce aux pluies : la prochaine saison des pluies pourrait atténuer la crise

Les scientifiques brésiliens comptent sur le retour des pluies, particulièrement grâce au phénomène climatique La Niña, qui est censé apporter des précipitations supérieures à la moyenne. Cependant, cette année, le phénomène devrait être plus faible que d’habitude, ce qui pourrait prolonger la sécheresse et aggraver la situation. Les autorités et les scientifiques restent donc vigilants et espèrent que des actions de prévention efficaces permettront de limiter les incendies et de restaurer les zones dégradées.

L’Amazonie à un tournant avant la COP30

À moins d’un an de la COP30, la situation de la forêt amazonienne reste préoccupante. Bien que des progrès aient été réalisés dans la lutte contre la déforestation, la multiplication des incendies criminels et les menaces posées par le crime organisé rappellent que la bataille pour la préservation de l’Amazonie est loin d’être gagnée. Les mois à venir seront cruciaux pour évaluer l’efficacité des politiques mises en place par le gouvernement brésilien et la communauté internationale face à ce défi environnemental majeur. La COP30 pourrait être une occasion de prendre des mesures décisives pour garantir l’avenir de la forêt amazonienne et du climat mondial.

Moctar FICOU / VivAfrik

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