Coupe abusive du bois à Filingué : Une menace croissante pour l’écosystème et le climat au Niger

0

La coupe abusive du bois est la principale cause de la déforestation à Filingué, une ville située dans l’ouest du Niger. Autrefois, la forêt de Goumbin Marayya représentait une richesse naturelle inestimable pour les communautés locales, mais aujourd’hui, elle disparaît à une vitesse alarmante. Plus de 3 000 arbres sont abattus chaque année dans la région, menaçant ainsi la biodiversité et aggravant les impacts du changement climatique. Cette situation découle d’une forte demande en bois pour la cuisson et le chauffage, exacerbée par l’inaccessibilité et le coût élevé du gaz domestique.

Un contexte de forte demande en bois au Niger

La demande en bois a considérablement augmenté ces dernières années, avec des estimations de consommation atteignant 4 millions de tonnes en 2020. Cette demande engendre une perte annuelle de près de 120 000 hectares de forêts, un chiffre équivalent à cinq fois la superficie de Niamey, la capitale du pays. À Filingué, cette situation est exacerbée par l’absence de régulation efficace et la coupe clandestine, souvent effectuée sans autorisation des autorités compétentes.

Le témoignage d’un coupeur clandestin de bois illustre la situation. « La forêt de Goumbin Marayya est en train de disparaître, car beaucoup d’entre nous coupent des arbres sans autorisation. Nous savons comment échapper aux agents de l’environnement grâce à des alertes et à notre connaissance des zones forestières. Cette activité est la seule source de revenus pour beaucoup de familles de la région », explique-t-il.

Une coupe de bois anarchique et illégale

Dans la ville de Filingué, des véhicules et des charrettes circulent quotidiennement, transportant du bois coupé illégalement. Moussa Inoussa, un acteur de la société civile, décrit cette situation en ces termes. « À la sortie nord de Filingué, vous pouvez voir des charrettes chargées de bois, souvent pendant la tombée de la nuit, lorsque les agents des eaux et forêts sont moins vigilants ». Ces pratiques sont devenues une source de revenus pour de nombreux habitants, en particulier dans des quartiers comme Caren Dole, où la coupe de bois est devenue une activité lucrative de longue date.

Les obstacles à la lutte contre la coupe abusive

Le Lieutenant Idrissa, responsable de la Direction départementale de l’environnement de Filingué, souligne que la lutte contre la coupe illégale est compliquée par un faible nombre d’agents et un manque de moyens logistiques. « Les autorités sont souvent confrontées à des pressions, notamment de la part de leaders communautaires, qui interviennent pour demander des faveurs pour les coupeurs illégaux. De plus, le manque de ressources humaines et matérielles rend la surveillance difficile », déclare-t-il.

Les conséquences environnementales de la coupe abusive

La coupe illégale et anarchique du bois à Filingué a des conséquences dévastatrices pour l’environnement. Selon l’agronome Racho Boubacar, cette pratique accélère la désertification et affecte le cycle de l’eau, entraînant la dégradation des sols et la perte de biodiversité. « La déforestation et la destruction des sols sont particulièrement visibles autour de Filingué, où les champs autrefois fertiles sont désormais envahis par le sable rouge, rendant les terres impropres à l’agriculture », explique-t-il.

Le Lieutenant Ismaël, quant à lui, ajoute que la coupe abusive contribue également à l’érosion hydrique et éolienne, accentuant la dégradation des terres cultivables et réduisant les rendements agricoles. « Dans les années à venir, si cette tendance continue, Filingué risque de se retrouver sans espaces verts, avec des champs dégradés et une pollution accrue », prévient-il.

Des initiatives pour sensibiliser la population et restaurer les forêts

Face à cette situation alarmante, plusieurs organisations locales, comme le Mouvement des Jeunes Volontaires de Tounfalis, mènent des actions de sensibilisation pour encourager la protection des arbres et lutter contre la prolifération des déchets plastiques. Zouèra Ibrahim, vice-présidente de l’organisation, explique. « Nous organisons des campagnes de plantation d’arbres pendant la saison des fêtes d’indépendance, et nous sensibilisons la population sur l’importance de protéger et d’entretenir les arbres ».

Solutions proposées pour endiguer la déforestation

L’agronome Racho Boubacar propose plusieurs solutions pour minimiser la coupe abusive du bois, notamment la régénération naturelle assistée et la plantation d’arbres. « L’État doit renforcer les actions de sensibilisation et accompagner les communautés dans la gestion durable des ressources forestières. Il est essentiel que la population comprenne que la coupe des arbres doit être compensée par la plantation d’autres arbres », ajoute-t-il.

Pour Moussa Inoussa, un suivi rigoureux par l’État et les partenaires est nécessaire pour garantir la pérennité des actions de reforestation. « Il faut renforcer les efforts de suivi, car sans cela, les plantations existantes ne produiront aucun résultat tangible. L’État doit assurer une surveillance continue et s’assurer que les efforts de reforestation aient un véritable impact », conclut-il.

Une urgence pour la protection des forêts de Filingué

La coupe abusive du bois à Filingué représente un danger imminent pour l’environnement, l’écosystème local et la vie des générations futures. Il est impératif que des actions concrètes soient mises en place pour réguler cette pratique, encourager la plantation d’arbres et soutenir les initiatives locales de préservation des forêts. La collaboration entre les autorités, la société civile et les communautés locales sera essentielle pour assurer la durabilité des ressources naturelles du Niger et préserver l’équilibre écologique de la région.

Moctar FICOU / VivAfrik

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.