L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), un bloc regroupant plusieurs pays de l’Afrique de l’Est, a lancé jeudi 23 janvier 2025, un projet ambitieux visant à protéger les populations vulnérables des impacts conjoints des crises climatiques, des conflits et des déplacements massifs. Cette initiative, soutenue par des partenaires de premier plan tels que le Programme alimentaire mondial (PAM), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Fédération internationale de la Croix-Rouge et le Conseil danois pour les réfugiés, s’inscrit dans un cadre stratégique axé sur la résilience et la prévention des crises.
Le lancement du projet a eu lieu à Nairobi, capitale du Kenya, et il devrait être déployé au cours des deux prochaines années dans plusieurs pays de la région. L’objectif principal est de renforcer les mécanismes d’alerte précoce et la préparation aux catastrophes, tout en facilitant la collaboration entre les gouvernements, les organisations locales et internationales pour mettre en œuvre des actions proactives face aux risques climatiques et aux conflits.
Une réponse coordonnée à l’urgence climatique et aux conflits en Afrique de l’Est
Lors de l’événement, Rukia Yacoub, directrice régionale adjointe du PAM pour l’Afrique de l’Est, a souligné l’urgence de cette initiative, précisant que « ces chocs climatiques, associés à des conflits et à d’autres risques, ont révélé la nécessité d’agir de manière proactive et coordonnée ». Elle a également mis l’accent sur l’importance de bâtir des partenariats solides entre les gouvernements, les communautés locales et les acteurs internationaux afin d’atteindre des résultats tangibles et durables.
Ahmed Amdihun, responsable du projet régional pour la Gestion des risques de catastrophe au Centre de prévision et d’application du climat de l’IGAD, a quant à lui déclaré que ce lancement marquait une étape clé dans les efforts régionaux pour faire face à la crise climatique. Selon lui, l’initiative vise à instaurer une culture de prévention et de préparation qui deviendrait la norme dans la région.
Contexte et enjeux : une région confrontée à des défis multiples
La Corne de l’Afrique, où l’IGAD est principalement actif, connaît une série de catastrophes naturelles et de conflits qui impactent gravement la vie des populations. Ces dernières années, des inondations massives ont frappé des pays comme le Soudan du Sud, le Kenya, la Somalie, l’Éthiopie, l’Ouganda et le Burundi, entraînant le déplacement de millions de personnes et une augmentation significative des maladies liées à l’eau.
De plus, la sécheresse prolongée entre 2020 et 2022 a exacerbé les vulnérabilités de la région, laissant 23,4 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë et provoquant le déplacement de 2,7 millions de personnes, dont un grand nombre d’enfants. Ces événements ont également mis en lumière l’insuffisance des mécanismes d’alerte et de préparation aux catastrophes, ainsi que le manque de coordination entre les pays de la région pour répondre efficacement aux crises.
Vers une meilleure résilience : l’importance des actions préventives et des partenariats
Le projet lancé par l’IGAD met l’accent sur l’innovation, l’optimisation des ressources et une collaboration accrue pour créer des mécanismes durables et efficaces d’alerte et de réponse aux crises. Les partenaires espèrent que cette approche proactive permettra non seulement de réduire les impacts des catastrophes naturelles, mais aussi de renforcer la résilience des communautés face à l’évolution rapide des conditions climatiques et géopolitiques.
L’IGAD prévoit de concentrer ses efforts sur l’amélioration des systèmes de gestion des risques, notamment à travers l’utilisation des technologies pour renforcer les capacités locales de prévision et d’intervention. Une attention particulière sera également accordée à la promotion des échanges de connaissances et des pratiques adaptées aux réalités locales pour mieux faire face aux défis climatiques de plus en plus fréquents et graves.
Un soutien humanitaire indispensable face à une crise persistante
À la fin de l’année 2024, l’IGAD estime que plus de 50 millions de personnes en Afrique de l’Est se trouveront en situation d’insécurité alimentaire. La région, déjà fragilisée par les conflits, doit désormais faire face à une crise climatique sans précédent, nécessitant des actions urgentes pour éviter une détérioration supplémentaire des conditions de vie.
Les partenaires du projet, dont la Croix-Rouge et le PAM, se sont engagés à fournir une aide humanitaire de plus en plus ciblée et à faciliter l’accès aux ressources essentielles pour les populations vulnérables. Mais pour être véritablement efficaces, ces efforts doivent être soutenus par une collaboration continue et renforcée à l’échelle régionale et internationale.
Moctar FICOU / VivAfrik