Les rues de Goma, dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), portent encore les stigmates des violents affrontements entre l’armée congolaise et ses alliés, et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Cette instabilité a entraîné une vague de pillages massifs ciblant les stocks d’aide alimentaire et de médicaments, mettant à mal les capacités des organisations humanitaires et aggravant la crise humanitaire déjà critique dans la région.
Des entrepôts d’ONG dévastés et pillés
Dans plusieurs quartiers de Goma, des réserves alimentaires et médicales ont été complètement pillées. L’entrepôt de l’ONG Handicap International, autrefois un centre névralgique de l’aide humanitaire, a été réduit à une coquille vide. Les portes ont été arrachées, les stocks de médicaments entièrement détruits et des détritus calcinés jonchent le sol. Des jeunes s’affairent encore à récupérer les derniers restes de métal sur la structure éventrée.
Selon un témoin, la misère est la principale motivation de ces actes : « c’est la faim qui pousse les gens à faire ça… Certains ont mis la main sur des sacs de farine ou d’autres provisions qu’ils ont rapidement ramenés chez eux pour se nourrir ».
Les organisations humanitaires, déjà en difficulté pour répondre aux besoins croissants de la population, redoutent que ces pillages ne viennent encore alourdir la crise.
« Tout a été vandalisé »
Eraston Ombeni, un responsable de Handicap International, décrit l’étendue des dégâts : « Quand nous sommes arrivés, nous avons vu que tout a été vandalisé. Beaucoup de choses ont été prises, des documents brûlés… Nous avions stocké une quantité importante de vivres et d’Intramed destinés aux soins médicaux, soit plus de 45 tonnes de matériel. Tout cela va impacter la fréquence et l’efficacité des interventions humanitaires ».
Les pillages ne se sont pas limités aux entrepôts des ONG. En début de semaine, alors que les combats faisaient toujours rage, plusieurs commerces ont été attaqués et un entrepôt du Programme alimentaire mondial (PAM) a également été vidé de son contenu.
Cette situation inquiète les humanitaires qui craignent que la population déjà vulnérable ne sombre encore davantage dans la précarité, alors que les affrontements persistent dans la région.
Moctar FICOU / VivAfrik