En Afrique, le cacao, l’un des produits agricoles les plus prisés au monde, est principalement cultivé dans les sous-régions de l’Ouest et du Centre. Bien que ces deux régions ne jouent pas toutes deux le même rôle dans l’industrie mondiale du cacao, elles partagent une menace croissante : les effets du changement climatique. En particulier, des périodes de chaleur intense et des phénomènes météorologiques extrêmes perturbent la durabilité de cette culture dans plusieurs pays producteurs du continent.
Au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et au Cameroun, des études récentes menées par le centre de recherche indépendant Climate Central indiquent que la durabilité de la culture cacaoyère est de plus en plus compromise en raison des températures de plus en plus élevées. Ces changements climatiques ont des répercussions sur l’environnement et la production de cacao, menant à des rendements de plus en plus faibles.
Impact du changement climatique sur la ceinture cacaoyère : températures élevées et stress hydrique
Le 12 février 2025, le centre Climate Central a publié un rapport alarmant intitulé « Climate change is heating up West Africa’s cocoa belt » (Le changement climatique réchauffe la ceinture cacaoyère de l’Afrique de l’Ouest), en se basant sur des données collectées entre 2015 et 2024 dans 44 zones de production de cacao. Selon le rapport, le changement climatique a entraîné une période prolongée de six semaines, avec des températures dépassant les 32°C dans 70 % des zones de production de cacao des pays concernés. Ces températures dépassent déjà la tolérance maximale des cacaoyers, située entre 30°C et 32°C.
Cette chaleur excessive génère du stress hydrique, perturbe le développement des fleurs et réduit les rendements. Les températures élevées, combinées à un stress hydrique, nuisent à la floraison des cacaoyers, une étape essentielle pour la production de cacao. Le rapport met particulièrement en lumière l’impact de la saison principale, qui s’étend d’octobre à mars et représente entre 60 et 80 % de la production annuelle de cacao des pays concernés.
Une période cruciale en danger : hausse de la température et effets sur les récoltes
La campagne principale, qui est particulièrement vulnérable, a enregistré une augmentation de la durée des jours de chaleur extrême dans 87 % des zones étudiées. En Côte d’Ivoire et au Ghana, il y a maintenant au moins trois semaines de chaleur supplémentaire par an, tandis qu’au Cameroun, l’augmentation est d’un peu plus de deux semaines. Le Nigeria, quant à lui, a enregistré une augmentation d’une semaine seulement, mais cette tendance est néanmoins préoccupante.
Autres conséquences du changement climatique : pluies irrégulières et maladies des cacaoyers
Outre l’élévation des températures, le rapport de Climate Central met également en évidence les changements dans les régimes de précipitations. Des pluies irrégulières perturbent la floraison des cacaoyers, et de fortes pluies entraînent un excès d’humidité, favorisant l’apparition de maladies telles que la pourriture brune des cabosses. En juillet 2024, certaines zones de la Côte d’Ivoire ont reçu 40 % de pluie en plus par rapport à la normale, inondant les champs et endommageant les cacaoyers. En revanche, en décembre 2024, certaines régions n’ont enregistré aucune pluie, perturbant encore davantage la production.
Une crise profonde : une chute de production historique en 2024
L’année 2024 a été particulièrement difficile pour la production de cacao. En raison de la chaleur extrême liée au phénomène climatique El Niño, couplée aux maladies des cacaoyers et à l’exploitation minière illégale dans certaines zones de la ceinture cacaoyère, la production a chuté de manière significative. Cela a conduit à un déficit mondial de fèves de cacao, le plus important en 60 ans. Cette pénurie a provoqué une flambée des prix, atteignant un prix record de 12 500 dollars la tonne le 18 décembre 2024 à New York.
Inquiétudes pour la campagne 2024/2025 : risques de moins de pluies et récolte intermédiaire faible
Pour la campagne 2024/2025, les inquiétudes demeurent. Le manque de pluie dans plusieurs zones de production en Côte d’Ivoire pourrait entraîner une récolte intermédiaire plus faible entre avril et septembre 2025. Les producteurs de cacao restent donc dans l’incertitude, d’autant plus que la tendance au changement climatique pourrait se poursuivre.
L’avenir de la cacao culture en Afrique sous menace
Les données sur l’impact du changement climatique sur la culture du cacao en Afrique soulignent une réalité inquiétante : la ceinture cacaoyère, essentielle à l’approvisionnement mondial, est en grave danger. Les augmentations de température et les perturbations des précipitations mettent en péril les rendements et la durabilité de la culture. Les pays producteurs de cacao doivent s’adapter et envisager des solutions innovantes pour protéger ce secteur vital pour leurs économies et pour le marché mondial.
Moctar FICOU / VivAfrik