Après avoir décrété l’état de famine dans deux régions du Sud de la Somalie, l’ONU a été forcée de retirer le personnel de ses agences, en dépit de la crise humanitaire terrible. La faute à l’instabilité politique liée à la guerre civile qui dure depuis maintenant vingt ans entre un État impuissant et les milices islamistes.
Patrick Ferras : Depuis bientôt vingt ans, la population somalienne est régulièrement touchée par des catastrophes naturelles ou des conflits. En ce qui concerne la sécheresse et ses conséquences en termes de famine, cela faisait déjà plusieurs mois que les Nations Unies tiraient la sonnette d’alarme, à cause du manque de fonds nécessaires pour lutter contre cette catastrophe humanitaire, regrette atlantico.fr. Les données de l’ONU parlent d’environ 12 millions de personnes touchées en Somalie, en Ethiopie, à Djibouti et au Kenya. La sécheresse provoque de nombreux déplacements de population. Une réunion d’urgence internationale s’est tenue lundi 25 juillet à Rome pour faire un point sur la crise qui s’aggrave dans la Corne de l’Afrique et tenter de mobiliser l’aide à l’échelle mondiale.
L’instabilité politique somalienne est-elle responsable de cette situation ?
Oui, la sécheresse est aggravée par les difficultés liées à l’instabilité politique, voire l’inexistence de cet État. Sans stabilité politique, sans paix à l’intérieur de ses frontières, la Somalie ne peut faire face à ce type d’événements, ni tenter de l’anticiper. On estime aujourd’hui que 25 % des Somaliens (sur une population de 7 à 8 millions de personnes, Ndlr) sont déplacés (à l’intérieur du territoire national) ou réfugiés (hors du territoire national).
La communauté internationale intervient-elle dans le pays ?
Lutter contre une sécheresse importante nécessite en effet des moyens de la communauté internationale, mais les interventions sont compliquées quand l’État ne contrôle pas son territoire. C’est en ça que la situation en Somalie est particulièrement catastrophique. Toutefois, la communauté internationale a quand même quelques succès à son crédit : l’ONU a permis la signature de l’accord de Kampala en juin de cette année. L’Union africaine, pour sa part, a mis en place une opération de paix en 2007 pour aider les institutions fédérales à assurer leurs fonctions. Quant à l’Union européenne, elle participe à la lutte contre la piraterie maritime avec l’opération Atalante et à la formation de la future armée somalienne en Ouganda. Enfin, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), les agences humanitaires et les ONG travaillent dans des conditions particulièrement difficiles. Mais une fois la sécheresse passée, l’aide internationale organisée, livrée, que restera-t-il ? Les Somaliens sont encore bien loin d’une solution pour la Somalie.
Moctar FICOU / VivAfrik


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