Le retour des populations déplacées s’organise peu à peu dans des conditions précaires en République démocratique du Congo. La situation se normalise dans certaines parties du territoire de Djugu, épicentre de la crise, mais des cas isolés de meurtres, de saccages et d’enlèvements sont encore signalés chaque semaine en Ituri, six mois après le début de la crise qui a éclaté en décembre 2018 même si l’heure n’est plus aux massacres.
Un retour que l’on peut qualifier de timide puisque, selon une estimation, 37000 personnes avaient quitté mi-mai leur lieu de déplacement. Un chiffre à prendre avec précaution, tant la situation est volatile. Sur les grands axes on circule à nouveau. Les marchés ont repris, mais un rapport consulté par nos confrères de RFI déplore la présence, dans certaines zones, « d’hommes en armes présumés Lendu » et toujours non identifiés, qui « continuent de circuler et de commettre des exactions » isolées : enlèvements, meurtres, et restrictions d’accès aux champs.
Des sources stipulent qu’entre 1 200 et 5 000 nouveaux déplacés ont même été enregistrés à Bunia au mois de mai. Certains fuient par peur les villages qu’ils avaient regagné lorsque par exemple l’armée qui les sécurisait décide de se déplacer ; d’autres fuient de nouvelles violences comme le 23 mai dernier par exemple à Mbaba où, selon une source onusienne, 11 maisons ont été brûlées, 1 homme tué, et 4 personnes blessées dont 1 enfant.
De leur côté, ceux qui quittent leurs camps de déplacés ou les familles d’accueil, qui manquent de moyens, ne rentrent pas nécessairement chez eux. Certains s’entassent dans des camps informels, découverts au fur et à mesure. L’organisation MSF en a ainsi recensé 7 au niveau de Inga-Barrière à la sortie de Bunia, dont deux découverts encore la semaine dernière. Ils abritent des centaines de familles à qui l’ONG apporte les premiers soins.
Quant aux réfugiés partis en Ouganda, de source humanitaire, 4 000 seraient rentrés. Mais de nouvelles arrivées sont aussi signalées. Des chiffres, là encore, à prendre avec précaution. Pour le gouverneur de la province de l’Ituri la « situation évolue positivement » malgré la méfiance qui continue de régner entre communautés. Une campagne de sensibilisation doit débuter en fin de semaine avec l’appui de la Monusco dont trois bases temporaires sont toujours déployées dans la zone. Elles sont désormais installées à Blukwa, Katoto depuis le 15 mai passé et Libi depuis le 17 mai dernier.
Moctar FICOU / VivAfrik