Dépollution Baie de Hann (Sénégal) : Macky Sall redonne l’espoir aux populations

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Par Mamadou Guissé

Ce vendredi 14 Septembre 2018 a été signée une convention de financement entre l’Etat du Sénégal et le Royaume des Pays Bas d’un montant de 20 millions d’Euros (13 Milliards de Francs). Cette somme viendra boucler le financement de l’ambitieux projet de la dépollution de la Baie de Hann au grand plaisir des populations.

Auparavant l’Union Européenne et l’Agence Française de Développement s’étaient engagées pour ce projet à hauteur de 19 milliards de nos francs. Cette conclusion heureuse est le fruit d’une volonté politique manifeste du Président Macky Sall rendre de façon effective aux populations de Hann leur baie après tant d’années. En effet, tous les régimes de Senghor à Wade en passant par Diouf avaient pris conscience du problème et exprimé leur souhait de voir la baie dépolluée.

La célébration de la Journée Mondiale du Nettoiement, le Samedi 15 Septembre 2018 a été une occasion pour le Directeur Général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas) Monsieur Lansana Gagny Sakho de procéder au pré-lancement du projet de dépollution de la baie de Hann.

Tous les acteurs se sont mobilisés ce jour avec une présence remarquée de la jeunesse de Hann Bel Air par l’intermédiaire des ASC, des Associations de développement et des jeunes porteurs de voix.

Cette baie, on ne le dira jamais assez, fut il y’a 30 ans, l’une des plus belles baies du monde. Elle, qui abritait l’une des zones les plus poissonneuses du Sénégal, se trouve de nos jours dans une situation de désolation totale. Cet état de fait a des conséquences économiques, écologiques, sanitaires et environnementales graves sur les populations locales.

C’est un concours de circonstances qui a eu raison de cette merveille de la nature.

–          La création dans les années70 par La loi 74-06 du 22 avril 1974 de la zone franche de Dakar autour du port de Dakar s’est répercutée par industrialisation très rapide, et l’installation de plusieurs usines attirées par les avantages fiscaux. Ces usines toujours plus nombreuses produisent des tonnes de déchets liquides déversés directement dans la baie.

–         L’arrivée massive de milliers de travailleurs poussés par la sècheresse et les opportunités qu’offre la ville a fait grossir les villages traditionnels environnants tels que Yarakh. La naissance de bidonvilles sans planification préalable et sans système d’assainissement adéquat a eu pour conséquence un sérieux problème de salubrité.

–          La proximité des habitations a rendu difficile voire impossible l’accès pour les camions d’où un déficit de collecte d’ordures ménagères. Les habitants au lieu de marcher 500 mètres pour déposer leurs ordures aux points de collecte, les déversent directement sur la plage ou dans les canaux à ciel ouvert jadis réservés à l’évacuation des eaux de pluie.

La dégradation de la Baie de Hann a eu des conséquences économiques catastrophiques car les communautés impactées de Hann à Mbao vivent essentiellement de l’activité de la pêche devenue inexistante. Toute une génération de jeunes gens s’en est retrouvée victime. Désœuvrés et sans option des milliers d’entre eux n’ont comme alternative que la mer au risque de leurs précieuses vies.

D’après Lansana Gagny Sakho, Directeur Général l’Onas, le démarrage effectif des travaux se fera d’ici la fin 2019. Le projet qui devra durer 3 à 5 ans ouvre une fenêtre d’espoir sur un avenir meilleur pour près d’un demi millions d’âmes.

Le clean up de cette zone permettra à terme :

–          Une restauration de la qualité de l’eau propice à la recréation d’un écosystème riche et stable.

–          Une renaissance de la pêche qui est l’activité principale des populations locales.

–          Un recul des maladies à caractère dermique, diarrhéiques et respiratoires qui affectent aujourd’hui les riverains surtout les enfants qui se baigne dans les eaux polluées.

–          Une nette amélioration de l’environnement local avec comme impact positif le retour du tourisme et l’augmentation de la valeur immobilière des propriétés.

Pour un succès dans l’exécution de ce projet, il est primordial remplir deux conditions. Gagner l’adhésion totale des populations locales, ainsi que, la participation active des industries environnantes. Notons que ces deux parties représentent les principales causes de la situation actuelle.

Le projet de l’Assainissement et de la Restructuration Urbaine de Hann qui est déjà en cours d’exécution offre l’opportunité de résoudre le crucial problème de l’assainissement et du déversement sauvage des ordures ménagères par les populations sur la baie.

Pour une implication utile et l’appropriation du projet par les populations riveraines, il est recommandé la mise en place d’un cadre de concertation mixte qui regroupera l’Onas, les entreprises réalisatrices, les autorités communales, les leaders d’opinion locaux, les représentants des populations (Jeunes, chefs religieux, chefs coutumiers)

Une autre mesure d’accompagnement qui s’articule autour du concept Pollueur-Payeur, une première en Afrique Sub-saharienne, viendra à son tour résoudre l’autre grand problème qu’est l’évacuation par les usines et industries locales de produits toxiques, très polluants et non traités directement dans la baie.

Enfin, sur le plan des infrastructures, la construction d’une station d’épuration et de canaux de collecte sur 13 km, rendront toute dépollution durable.

Toutes ces mesures complémentaires, si effectivement appliquées permettront l’atteinte de l’objectif visé de rendre à la baie de Hann son lustre d’antan. Une baie dépolluée sera une aubaine pour les populations et viendra supporter un des secteurs clés de l’économie sénégalaise en l’occurrence la pêche.  L’espoir est alors permis.

M. Mamadou Guissé

Ingénieur Hydraulique,

Spécialiste Mobilisation des Ressources en Eau et Gestion des Ressources Environnementales

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